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"Reco", "hospitality", départ : La journée-type du slalomeur Julien Lizeroux

François-Xavier Rallet

Mis à jour 05/01/2016 à 17:09 GMT+1

Avant le slalom de Santa Caterina mercredi (10h), Julien Lizeroux nous décrypte la journée-type d’un spécialiste des piquets en Coupe du monde. Du réveil au grand départ, en passant par la reconnaissance et la zone mixte déserte, le Plagnard nous dit tout.

Julien Lizeroux

Crédit: Zoom

Entre 6h30 et 7h30 : Le réveil puis un petit-dej’ de champion

"On se réveille assez tôt, entre 6h30 et 7h30 après s'être couché vers 22h30, 23h. J’ai tendance à me lever de plus en plus tard pour arriver directement à la reconnaissance de la piste. Le matin, on fait un gros petit-déjeuner : du pain, du jambon, du jus de fruits, des œufs à la coque, des laitages."

Entre 8h15 et 9h : La reconnaissance…

"Pour une course prévue à 10h, la ‘reco’ débute à 8h15. Comme j’ai besoin d’être chaud pour la course, et qu’il y a un trou de 45 minutes entre la fin de la reconnaissance et la course, j’aime bien m’échauffer après. Si je m’échauffe avant, je n’ai plus rien dans les chaussettes pour la course. A Val d’Isère, par exemple, on est au pied des pistes, on arrive avec nos skis, on fait comme on veut."

…et les coaches-flics

"La reconnaissance dure 45 minutes. Il n’y a pas de limite de temps mais on a le droit qu'à un seul passage. Moi, je mets le temps qu’on me donne. Et on a un quart d’heure pour débuter la reconnaissance quand on a le ‘go’. Ce qui me dérange, c'est que la FIS n’est pas très regardante alors j’ai demandé aux coaches de faire les flics. Je ne vois pas pourquoi certains feraient cinq minutes de plus que les autres. Quand la ‘reco’ est terminée, si des mecs n’ont pas passé la ligne, ça chauffe un peu."
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Julien Lizeroux en plein reconnaissance

Crédit: Zoom

9h : L’échauffement à la Lizeroux

"On va ensuite sur le tracé d’échauffement, quand c’est possible. Je fais une ou deux manches ‘à l'ancienne’. Les coaches n’aiment pas me voir faire ça. Mais je suis là pour m’échauffer, pas pour skier vite. J'efface les portes. Au lieu de les toucher, je les prends comme des piquets de géant. Sans forcer."

9h15 : L’"hospitality"

"Ensuite, direction l’endroit réservé aux coureurs pour se préparer. Si on a un petit dossard, on s’habille vite et on monte au départ. Sinon, on a le temps de regarder les premiers. Certains endroits sont folkloriques. A Levi, on est dans le hangar du télécabine. Mais tout est organisé pour nous. Généralement, il y a un grand écran, à manger, à boire. Tu peux faire sécher tes chaussures."

10h : Début de la première manche

"Là, on attaque la vraie journée de course. On monte au départ. Certains arrivent au tout dernier moment. D’autres prennent 30 minutes pour s’échauffer. Qu’il ait le dossard 1 ou 30, Manfred (Pranger) arrivait 20 minutes avant pour faire ses incantations (rires). Marcel (Hirscher) fait, lui, 50 pompes avant une course. Moi, je préfère garder mon énergie. Je m’échauffe les articulations, surtout mes genoux bien abîmés."

"Toujours la chaussure droite en premier…"

"Je chausse trois ou quatre coureurs avant moi. Le même rituel à chaque fois : toujours la chaussure droite en premier. Un peu comme Zidane… Non, je plaisante. Un petit verre d’eau avec le kiné. On se tape dans la main et c’est parti. J’ai aussi mon petit rituel avant de pousser le portillon : une légère flexion arrière, je me tape dans les mains, sur le casque, et je pousse un petit cri de guerre. Toujours la même chose. Je ne le fais même pas exprès. Mais je ne suis pas comme Nadal. Ce ne sont pas des tics, car je le fais avec le sourire. Et puis si je ne le fais pas, ça ne me dérange pas.
Je pousse le portillon. Sans salto, si possible. Le premier piquet est très particulier. On est toujours dans la phase de poussage. Ensuite, c’est le rythme des premières portes qui est important. C’est là qu’on découvre la qualité de la neige. Le seul juge, c’est le chrono. On est jugé uniquement sur le résultat. Pas sur la manière."

Vers 11h : La zone-mixte et les "blaireaux"

"Après notre passage, je passe au contrôle des chaussures et des skis. Ensuite, je m’habille, puis direction la zone mixte. En ski, dans la ZM, il n’y a que des blaireaux... Je rigole. Mais il n’y a pas de presse télé. Ou très peu. Sauf si t’as gagné. Et puis, t’as deux ou trois journalistes de presse écrite et une radio de temps en temps. Ça se fait vite. Entre les deux manches, je ne m’arrête pas car ça ne sert à rien. On n'a fait que 30% du job à ce moment-là."

Vers 11h30 : Retour à l’hospitality

"On mange. Moi, je fais toujours un peu de récup’. Les Suédois sont très gentils avec moi : ils me prêtent leur petit vélo pliable pendant 5 ou 10 minutes. Parfois, je dors un peu. Je m’étire. J’écoute de la musique."

Entre 12h et 12h30 : "Reco de la deuz’"

"Là, même rituel que le matin. Parfois, on n’a pas le temps de faire un échauffement, donc on arrive au départ, juste après la reconnaissance."
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Julien Lizeroux lors de la reconnaissance

Crédit: Zoom

13h : La seconde manche

"Quand on est en bas, contrôle à nouveau des chaussures et des skis. Pas systématique mais la plupart du temps. Si je prends la tête du slalom, je file dans la zone "kiss and cry". Si je ne suis pas en tête, je m’en vais dans la zone réservée aux coureurs. Je me rhabille, je me réchauffe, je vais voir la presse. Je débriefe aussi ma course avec les coaches. Je supporte les copains.

14h : Le podium

"S’il y a un Français sur le podium, je reste. Sinon, on rentre à l’hôtel. On part le matin entre 7h et 7h30. On est rarement de retour dans nos chambres avant 15h. Ça fait une journée de travail honnête. C’est surtout intense, ça demande de l’énergie. Deux manches de 55 secondes, c’est costaud. Le lactique, il monte au maximum."

15h : Route et retour à la maison

"Le slalom, c’est la dernière épreuve d’un WE. Donc, quand on est en Europe, on prend la bagnole et on rentre à la maison. Après avoir fait ta journée de 7h à 15h, quand t’es en Slovénie par exemple, tu fais 8h de route pour rentrer chez toi. Il n’y a qu’en Finlande et aux Etats-Unis qu’on rentre en avion."
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