Après-ski : Vonn règne, Svindal pleure et les Bleus gagnent... le sport blanc dans tous ses états

Impitoyable, Kitzbühel l'a été plus que jamais ce week-end. De toutes les descentes, la Streif est la plus crainte des skieurs. Cette étiquette ne risque pas de se décoller après la cuvée 2016, qui a tourné à l'hécatombe et rappelé combien le ski peut être un sport extrême. Le week-end autrichien a été rythmé par un bal dont on se priverait bien. Celui des cabrioles, des interruptions et des hélicoptères. Samedi, trois chutes violentes ont éclipsé la victoire de Peter Fill et plongé les spectateurs dans l'effroi. Au revêtement lustré et marqué par d'innombrables mouvements de terrain, s'étaient ajoutés une visibilité déplorable et un vent chahuteur, qui avaient d'abord retardé le départ. Autant se jeter dans la gueule du loup. Protégé par son airbag, Hannes Reichelt s'en est sorti avec des contusions à un genou. Ceux de Georg Streitberger et Aksel Lund Svindal n'ont malheureusement pas tenu.

Quelques dossards plus tard, les organisateurs décidaient d'arrêter les dégâts en stoppant la course. Peut-être un peu tard. Victimes d'une rupture des ligaments croisés, les deux hommes ont en fini avec une saison qui était jusque-là celle du Norvégien, leader du général. Cruel. C'est d'ailleurs bien dommage pour le suspense du gros globe, tant le mano a mano avec Marcel Hirscher était jusque-là passionnant. Mais le fond du problème est ailleurs. Dimanche, c'est cette fois un slalomeur, le champion olympique Giualino Razzoli, qui a été victime d'une rupture des ligaments croisés avec le dossard 1. Pas de quoi apaiser les tensions entre les skieurs et officiels, déjà palpables la semaine dernière à Wengen. La sécurité des skieurs est de nouveau au coeur des débats.

Trop c'est trop. 17e du slalom, le Plagnard s'est montré marqué et très remonté envers les organisateurs ce dimanche à Kitzbühel. "Voir Razzoli se blesser gravement m'a traumatisé, a-t-il déclaré, dans des propos relayés par L'Equipe.fr. :

Le leader du classement général de la Coupe du monde de biathlon n'a pas gagné ce week-end. Mais il a enfin réalisé un 20/20, ce sans-faute au tir derrière lequel il courait depuis le début de saison. Parti en 28e position à 1'10'' du leader Simon Schempp ce dimanche, le quadruple tenant du gros globe a réussi la remontée du jour pour se classer 4e à moins de 20 secondes de la gagne. Comme s'il sentait la chose venir, il s'était rasé la barbe la veille. Barbe qu'il avait promis de raser... une fois son premier 20 sur 20 signé. Allez, à un jour près, on ne va pas chipoter.

Le ski de fond français se porte décidément à merveille. Après les quatre podiums décrochés la semaine dernière en sprint à Planica, les Bleus ont remporté leur première victoire de la saison par l'intermédiaire de Maurice Manificat. En distance cette fois. Le natif de Sallanches a remporté samedi le 15km libre de Nove Mesto. Il s'agit du deuxième podium de sa saison, la cinquième victoire de sa carrière et la première sur cette distance. Pour ne rien gâcher, il s'est imposé, avec 10 secondes d'avance, devant le maître du moment, le Norvégien Martin Johnsrud Sundby. Super costaud. De quoi effacer un dernier Tour de ski décevant (13e).

Près d'un demi-siècle qu'on n'avait pas vu ça. En s'emparant des trois premières places ce vendredi lors du combiné de Kitzbühel, Alexis Pinturault, Victor Muffat-Jeandet et Thomas Mermillod-Blondin ont marqué l'histoire du ski français. Ils ont réalisé le premier triplé tricolore en coupe du monde depuis 45 ans et 10 mois. Il fallait remonter à mars 1970 pour voir un podium 100% français. A l'époque, Patrick Russel avait remporté le slalom de Voss, en Norvège, devant Jean-Noël Augert et Henri Brechu. Historique donc.

Alexis Pinturault nous a offert deux moments d'exception à Kitzbühel. Sa troisième victoire consécutive lors du combiné autrichien vendredi. Et son abandon assez cocasse lors de la première manche du slalom dimanche. Peu après le départ, le bâton droit du skieur de Courchevel est resté planté dans la neige. Décontenancé, il a ensuite été victime d'une sortie de piste quelques secondes plus tard. Pas de chance.

Pinturault n'a pas été le seul Français en délicatesse avec son bâton ce dimanche. Jean-Baptiste Grange (12e) peut en témoigner. Il a cassé le sien pendant la seconde manche.

En remportant la descente et le super-G de Cortina d'Ampezzo ce week-end, Lindsey Vonn a fait grimper son nombre de victoires en Coupe du monde à 75. L'Américaine de 31 ans n'est plus qu'à onze longueurs du record détenu par Ingemar Stenmark. La marge du Suédois se réduit inexorablement et la question ne semble plus être de savoir si oui ou non elle le dépassera un jour mais plutôt de savoir quand elle le fera. Dès cette saison ? C'est théoriquement possible. En excluant les slaloms, il lui reste encore 16 opportunités de succès (trois descentes, cinq super-G, trois combinés, trois géants et un slalom parallèle). Vu sa domination en vitesse, on aurait tort de croire le défi impossible pour cette Lindsey-là.

En slalom, Henrik Kristoffersen est intouchable ou presque depuis le début de l'hiver. En six courses, il en est à cinq victoires pour une deuxième place derrière Marcel Hirscher, qu'il a devancé ce dimanche à Kitzbühel pour la quatrième fois de la saison. Cinq victoires en une saison, c'est déjà colossal. C'est aussi bien que Marcel Hirscher lors de l'exercice 2011/2012. Et ce n'est plus qu'à deux longueurs du record co-détenu par Alberto Tomba, Ingemar Stenmark et Marc Girardelli. Il reste encore quatre slaloms à disputer cet hiver. Le Norvégien de 21 ans pourrait bien rejoindre, voire dépasser, ces trois monstres sacrés du ski alpin.

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A force de se faire battre par Henrik Kristoffersen, Marcel Hirscher a fini par craquer. Dans la bonne humeur.

Fin de disette pour les biathlètes françaises. Quatre ans après sa dernière victoire, le relais féminin tricolore a de nouveau levé les bras en Coupe du monde. Et au même endroit. En Italie, à Antholz-Anterselva. Marie Dorin-Habert, qui a conclu l'affaire avec un sans-faute au tir, et Anaïs Bescond faisaient déjà partie du quatuor le 21 janvier 2012 (avec les retraitées Sophie Boilley et Marie-Laure Brunet). Accompagnées cette fois de Justine Braisaz et Anaïs Chevalier, elles ont devancé les Russes et les Tchèques grâce à une belle performance au tir (aucun tour de pénalité, huit pioches). De bon augure en vue des Mondiaux d'Oslo en mars.