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Surf aux Jeux Olympiques de Paris 2024 : Teahupoo, la vague qui fait peur

ParAFP

Mis à jour 12/12/2019 à 19:41 GMT+1

JEUX OLYMPIQUES PARIS 2024 - Le spot tahitien de Teahupoo devrait accueillir les épreuves de surf des JO parisiens dans cinq ans, selon le souhait du Comité d'organisation annoncé jeudi. Zoom sur une vague aussi fascinante qu'effrayante.

Kelly Slater chute à Teahupoo lors du Tahiti Pro, le 27 août 2019.

Crédit: Getty Images

Un monstre d'eau de plusieurs mètres de hauteur qui fascine et peut causer de sérieuses blessures à cause du récif sous-marin : la vague de Teahupoo à Tahiti, retenue par les JO de Paris en 2024, effraie nombre de surfeurs. Et sur le circuit pro, les femmes n'y ont pas accès.
"C'est une vague très dangereuse, on a le reef (récif) juste en face (ndlr: à une faible profondeur), souvent on finit par se blesser. En plus, les conditions peuvent être énormes, les risques sont plus importants, explique à l'AFP le surfeur pro tahitien Michel Bourez.
Considéré comme l'un des meilleurs surfeurs au monde, Bourez évolue sur le circuit professionnel Championships Tour (CT) de la WSL (World Surf League). Teahupoo est une vague qu'il connaît bien; il y évolue tous les ans en août, car Tahiti est la 7e des 11 étapes du Circuit mondial.
"Il faut avoir énormément d'expérience, ce n'est pas un endroit où tous les gens qui font du surf peuvent aller", prévient le Français, qui s'est lui même "bien blessé" sur cette vague. "Il y a quelques années, je m'étais tapé le dos, je m'étais cassé une vertèbre, je m'étais cassé la main aussi, et tapé la tête (sur le récif). J'ai été off pendant 3 mois. Ca arrive, on a l'habitude, ce sont les risques du métier", dit-il.

La vague a déjà tué

Comme lui, nombreux sont ceux qui se sont heurtés avec violence sur le récif qui a fait une victime : le Tahitien Brice Taerea est décédé en avril 2000 après que sa tête a heurté le fond corallien, juste avant l'épreuve du circuit.
Le spot de Teahupoo, situé au sud de l'île de Tahiti, a fait son entrée dans l'univers du surf mondial en 1997. Des vagues puissantes pouvant dépasser les 5 mètres de haut, des conditions parfois dantesques et un récif corallien à faible profondeur ont contribué à sa réputation.
"La vague est assez épaisse donc elle est puissante et elle peut te blesser facilement. Si tu tombes, tu peux te couper sur le récif, tu peux rester longtemps sous l'eau, c'est l'une de mes plus grandes frayeurs", raconte la Tahitienne Vahine Fierro. La surfeuse, âgée de 20 ans, vient tout juste de remporter la prestigieuse distinction du "meilleur tube de l'année" décerné par la WSL. Et ce tube (tunnel que forme la vague), Vahine Fierro l'a réussi sur la vague de Teahupoo.
"La vague est belle, elle est puissante et super impressionnante. Cette vague-là donne un feeling différent, tu ressens une énergie, ça s'appelle le mana (pouvoir surnaturel polynésien). C'est une vague assez dangereuse, pas beaucoup de filles la surfent", souligne-t-elle.

Retirée du circuit féminin en 2006

Teahupoo, qui figurait sur le circuit pro féminin au début des années 2000, a été retirée en 2006 par les organisateurs, qui la jugeaient trop dangereuse pour les femmes. Cela n'a pas été du goût des surfeuses, qui n'avaient pas été consultées. Depuis, en dehors de quelques courageuses comme l'Hawaiienne Carissa Moore, quadruple championne du monde, les femmes ne surfent pas Teahupoo.
"Ils ont retiré la vague du circuit (CT) parce que trop de femmes se blessaient mais avant les planches étaient moins adaptées à la vague, aujourd'hui le niveau est beaucoup plus élevé. La WSL pense à ramener cette compétition pour les femmes. On a les mêmes prize money (dotations) que les hommes mais il faudrait aussi avoir les mêmes événements", plaide Vahine Fierro, qui estime que "les femmes sont capables de surfer cette vague-là mais dans des conditions plus petites".
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Le jeune surfeur tahitien Kauli Vaast chute lors du Tahiti Pro 2019.

Crédit: Getty Images

Pour la Réunionnaise Johanne Defay, il est temps de s'y mettre. "C'est la prochaine étape sur notre circuit, je pense. Il faut qu'on franchise le pas sur une vague où l'on n'a pas vraiment le choix, on est obligé de faire des 'barrels' (tube)", plaide la surfeuse, qui évolue depuis 7 ans sur le circuit et qui n'a encore jamais affronté Teahupoo.
La Française (26 ans) suggère même la tenue d'un championnat du monde ISA (organisé par la Fédération internationale) sur cette vague pour que "les amateurs puissent aussi s'y confronter". "Le seul truc compliqué c'est que la moitié des participantes aux Jeux Olympiques ne sont pas professionnelles. Si t'es pas pro et que tu arrives sur un terrain de golf, on s'en fiche mais là... Il y a une notion de danger, d'un élément naturel qui peut être dangereux", prévient-elle.
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