Indian Wells : Félix Auger-Aliassime, l'heure de la révolte ? "C'est un tournoi spécial jusqu'ici"

Tous les habitués du grand cirque tennistique le savent : il n'y a rien de plus dangereux qu'un survivant dans un tournoi. Un joueur passé si près de la sortie en cours de compétition qu'il sent que rien ne peut lui arriver par la suite. Félix Auger-Aliassime a le profil-type dans cette édition 2023 d'Indian Wells : en huitième de finale contre Tommy Paul, il a été mené d'un set, puis 3-0 dans l'ultime manche avant de sauver trois balles de match sur son service à 5-6, 0/40. Et… trois autres dans le jeu décisif final qu'il a finalement arraché 8 points à 6.

Un vrai petit miracle, même si pour s'en sortir, le Canadien avait une méthode classique mais redoutablement efficace. "Je suis toujours resté positif, j'ai gardé espoir. Je n'arrêtais pas de penser : 'Ok, je ne suis pas si loin, je peux revenir.' En fin de compte, quand vous êtes à 0/40 sur votre service, vous vous dites : 'Ok si je gagne la première, que je sers bien, et que je le fais encore et encore, on se retrouve à égalité.' Il faut juste prendre un point après l'autre. C'est un cliché mais ça marche quand même, en voici la preuve. Je suis vraiment heureux de passer, c'est une sensation folle", a-t-il dévoilé en conférence de presse.

L'air de rien, il s'agit du sixième quart de finale consécutif de "F2A" en Masters 1000, ce qui confirme une constance certaine dans les résultats. Mais vu sa fin de saison 2022 flamboyante – trois titres consécutifs en indoor à l'automne et une première participation au Masters à Turin –, il a plutôt déçu dans ce début d'exercice 2023. Certes, il est tombé deux fois consécutivement en quart de finale à Rotterdam et en demie à Doha contre l'homme en forme du moment, Daniil Medvedev. Et il n'y a rien d'infamant à cela.

Mais il a aussi connu des revers plus surprenants et décevants face au Tchèque Jiri Lehecka en huitième de finale de l'Open d'Australie, ou contre l'Italien Lorenzo Sonego au 2e tour à Dubaï, deux joueurs alors en dehors du Top 50. "J'ai eu de bonnes victoires, mais aussi des défaites dures, des hauts et des bas. Mais c'est la vie d'un joueur de tennis", tentait-il d'ailleurs de relativiser avant le début du tournoi. Mais plus que ces contre-performances brutes, s'est dégagée l'impression que le Canadien cherchait encore son tennis.

Et c'est peut-être dans le désert californien où il n'avait jamais dépassé le 3e tour précédemment qu'il est en passe de le retrouver. Aidé en cela par l'adversité. Avant même de passer près du gouffre, il avait été en quelque sorte secoué par un petit incident lors de son 3e tour face à Francisco Cerundolo. Après seulement deux jeux, il s'était ouvert le menton sur un retour. On n'ira pas jusqu'à dire qu'Auger-Aliassime avait besoin de sang et de larmes pour retrouver la flamme, mais ce petit aléa l'a peut-être piqué au vif.

Ce côté guerrier l'a incontestablement aidé à ne rien lâcher dans cette fin de match épique contre Tommy Paul, l'un des joueurs en vue de ce début de saison (demi-finaliste à l'Open d'Australie et finaliste à Acapulco). Ajoutez à cela un parcours parallèle positif en double au côté de son compatriote Denis Shapovalov et vous obtenez le début d'une dynamique intéressante.

Reste désormais peut-être à conquérir la victoire marquante contre un cador qui le ferait revenir pleinement dans le jeu. Ce duel de la nouvelle génération face à Carlos Alcaraz semble donc arriver à point nommé. D'autant que "F2A" n'a encore jamais perdu en trois confrontations contre le prodige de Murcie qui espère, lui, reconquérir la place de numéro 1 mondial en allant chercher le titre en Californie. Plutôt impressionnant depuis sa reprise (titre à Buenos Aires, finale à Rio sur terre battue), "Carlitos" n'est sans doute pas encore au top de sa forme, comme sa nouvelle alerte physique au Brésil l'a montré.

Alcaraz n'a néanmoins toujours pas perdu le moindre set à Indian Wells et s'est montré rassurant sur sa capacité à récupérer. "Je ne me sentais pas favori quand j'ai repris la compétition en Argentine par exemple. Mais à partir du moment où j'ai enchaîné les matches et les tournois, j'ai retrouvé mon style, mon niveau et donc ma confiance. Et maintenant, je me sens capable de gagner des tournois", a-t-il d'ailleurs prévenu.

La confiance est donc vite revenue côté espagnol, mais on l'a vu, Auger-Aliassime a des raisons de se sentir invincible cette semaine. "C'est un tournoi spécial jusqu'ici", a estimé le Canadien. Il ne tient qu'à lui de lui donner une saveur plus exceptionnelle encore. Voilà qui promet.