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ATP Queen's - Du cancer infantile aux quarts du Queen's : Ryan Peniston, la belle histoire

Maxime Battistella

Mis à jour 17/06/2022 à 13:19 GMT+2

ATP QUEEN'S - Malgré un plateau moins prestigieux que lors de ses éditions précédentes et l'absence d'Andy Murray, le Queen's s'enflamme cette année. Et pour cause, le public britannique s'est trouvé une nouvelle coqueluche en la personne de Ryan Peniston, invité par l'organisation et désormais en quart de finale. Un parcours d'autant plus inattendu qu'il constitue une belle revanche sur la vie.

Peniston rallie les quarts en sortant Cerundolo

A chaque semaine sa sensation dans cette saison sur gazon. Après l'épopée de Tim van Rijthoven, alors 205e joueur mondial, jusqu'au titre devant son public à 'S-Hertogenbosch, les spectateurs du Queen's se passionnent à leur tour pour un des leurs, inconnu devenu en quelques jours leur chouchou : Ryan Peniston. De la même génération que son collègue néerlandais - il a 26 ans contre 25 à Van Rijthoven -, le Britannique n'avait lui non plus pas gagné le moindre match sur le circuit avant de se révéler sur le gazon londonien en sortant d'entrée la tête de série 1 du tournoi, Casper Ruud (7-6, 7-6).
Invité par l'organisation - il n'est que 180e à l'ATP -, Peniston a toutes les caractéristiques du petit Poucet qui rallie à lui par ses exploits les suffrages de la foule. Mais s'il émeut tant outre-Manche, c'est parce qu'en gagnant face à un membre du Top 5, l'intéressé a pu raconter son histoire hors du commun. Celle d'une renaissance, d'une seconde chance que lui a donné la vie, comme le sport en est friand. Alors qu'il n'avait qu'un an, un rhabdomyosarcome, cancer dit "des tissus mous" qui se développe dans les cellules musculaires, lui a ainsi été diagnostiqué.
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Un gaucher vraiment inspiré : la sensation Peniston a fait chuter Ruud

Quand je mesure le chemin parcouru, ça me donne beaucoup de force
Une opération pour lui enlever cette tumeur maligne près de l'estomac puis une chimiothérapie lui ont permis de s'en sortir. Trop petit pour s'en souvenir, il a un temps occulté cette période sombre. Puis il a changé son fusil d'épaule pour l'explorer à nouveau, une manière pour lui de mieux se connaître.
"Ce n'est que dans les dix dernières années que je m'y suis davantage intéressé et que j'ai demandé à mes parents de me raconter. Je suis sûr que mes parents ne voulaient pas vraiment parler de cette période de leur vie, parce que ça a dû être si dur pour eux, et tous ceux qui m'entouraient. Mais ça me donne beaucoup de force quand je mesure le chemin parcouru. Je pense que si d'autres enfants ou familles, qui traversent de telles épreuves, peuvent avoir un soupçon d'espoir ou un aperçu de ce qui est possible, ce serait une victoire", a-t-il confié dans un entretien accordé au site de l'ATP.
Car si Peniston ne se souvient plus des jours passés à l'hôpital et du cauchemar vécu par les siens, ce cancer infantile a eu, inévitablement, des conséquences sur son développement dans son enfance puis son adolescence. Du haut de son mètre 83, on aurait du mal à soupçonner les épreuves traversées par le Britannique tant sur le plan physique que psychologique. Mais de ces faiblesses ponctuelles, il a appris à faire des forces.
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Ryan Peniston dans ses oeuvres sur le gazon du Queen's en 2022

Crédit: Imago

Un retard de croissance handicapant, mais un mental à toute épreuve

"La chimiothérapie a affecté ma croissance. J'étais vraiment petit jusqu'à mes 14-15 ans. Je mesurais presque 30 centimètres de moins que la plupart de mes amis. Mais ça m'a presque aidé dans le tennis parce que j'ai travaillé certains domaines sur lesquels d'autres n'investissaient pas. Par exemple mes déplacements, mon toucher de balle et la tactique sur le court. Les autres envoyaient de grands services à cet âge", a-t-il encore dévoilé.
Gaucher au revers à deux mains, Peniston avait durant ses années de formation une idole toute désignée : Rafael Nadal. Evidemment moins impressionnant athlétiquement que le Majorquin, il partage toutefois avec lui le goût du combat, la conviction qu'il faut s'accrocher coûte-que-coûte. Son cancer infantile a forgé sa personnalité de ce point de vue. Il fallait voir sa hargne, poing serré, après un ultime retour gagnant de coup droit pour se défaire de Francisco Cerundolo au 2e tour (6-0, 4-6, 6-4).
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Peniston rallie les quarts en sortant Cerundolo

Il va découvrir Wimbledon comme Van Rijthoven

Le Britannique est d'autant plus combatif que rien n'était acquis pour lui. D'ailleurs, à l'image d'un Arthur Rinderknech, il a assuré ses arrières en étudiant le commerce international dans une université américaine à Memphis, avant de passer professionnel en 2018. Il fait ainsi partie de cette génération de joueurs arrivés certes tardivement sur le circuit mais qui disposent d'une formation solide et de tels atouts sur le plan mental qu'ils peuvent percer à tout moment.
Et pour Peniston, ce moment est arrivé. Déjà assuré d'intégrer le Top 150, il peut rêver de pousser l'aventure encore plus loin au Queen's où il affronte Filip Krajinovic vendredi devant un public acquis à sa cause. Et comme son collègue Tim van Rijthoven, il découvrira le grand tableau de Wimbledon grâce à une invitation. "C'est indescriptible quand la foule se prend au jeu et vous soutient. C'est un sentiment surréaliste", a-t-il encore estimé. Le plus beau reste peut-être à venir.
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