ATP Marseille - Wawrinka, le frémissement : "Je peux monter bien plus haut"

Maxime Battistella

Mis à jour 24/02/2023 à 17:43 GMT+1

ATP MARSEILLE – Qualifié pour son deuxième quart de finale en deux semaines sur le circuit, Stan Wawrinka retrouve doucement mais sûrement un niveau de jeu intéressant. A l'image d'un Andy Murray, le Suisse, qui fera son retour dans le Top 100 lundi, étonne par sa persévérance à ce stade avancé de sa carrière avec l'objectif de redevenir une menace pour les meilleurs.

Stan Wawrinka à Rotterdam en 2023

Crédit: Getty Images

Faire confiance au processus. C'est littéralement ("Trust the process" en anglais) son credo, et force est de constater qu'il porte peu à peu ses fruits. A presque 38 ans (il les aura le 28 mars), Stan Wawrinka sait qu'il n'a plus beaucoup de temps devant lui sur le circuit. Et pourtant, c'est sa capacité à ne pas se précipiter, à franchir les étapes les unes après les autres qui pourrait bien lui permettre de vivre les derniers grands frissons après lesquels il court. Comme à Rotterdam la semaine dernière, il est au rendez-vous des quarts de finale à Marseille, signe qu'il monte en puissance.
Il ne s'agit pas de dire que "Stanimal" est de retour. Tennistiquement, le Vaudois est encore loin d'avoir retrouvé sa plénitude. Mais son niveau moyen, lui, augmente. Membre du Top 50, Richard Gasquet a pu s'en apercevoir en l'affrontant aux Pays-Bas et dans la cité phocéenne avec deux défaites à la clé dans des batailles "vintage" de revers à une main qui ont régalé les puristes. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que Wawrinka s'est promené, loin s'en faut. Il s'est même retrouvé dos au mur mercredi soir 6-4, 4-2 et n'en menait pas large.
"J'ai très mal commencé, a-t-il admis après la partie. J'ai du mal à trouver mon rythme, mon jeu sur la surface qui est assez compliquée. J'ai essayé de me battre malgré tout. J'ai vu qu'il était vraiment entamé physiquement avec son long match d'hier (mardi contre Laurent Lokoli, NDLR), il a quand même joué plus de trois heures. Je sais ce que c'est : c'est difficile le lendemain et il s'est bien arraché. Richard reste un grand champion et un exemple pour énormément de monde. Ce n'est jamais évident de le jouer : il est tellement fort, tellement talentueux. J'étais un peu sur les 'pattes arrières' comme on dit, et un peu hésitant parce qu'avec lui, on ne sait jamais ce qui va arriver. J'ai eu un peu de réussite pour le rebreaker et j'ai senti qu'il avait pris un coup."

Un corps à nouveau fiable

La vraie satisfaction, et peut-être d'ailleurs la plus importante pour la suite pour Wawrinka, vient de la réaction de son corps à la répétition des efforts et à l'enchaînement des matches. Compte tenu de son absence de plus d'un an du circuit entre les printemps 2021 et 2022 à cause de deux opérations au pied gauche et de son âge, reconstruire des fondations solides était primordial. Battu d'entrée à l'Open d'Australie au bout des cinq sets par le Slovaque Alex Molcan (alors 53e mondial), le Suisse était encore un peu juste sur ce plan. Mais plus les semaines passent, plus il se rassure.
"Je me sens de mieux en mieux, surtout physiquement. J'ai l'impression d'être vraiment bien en fait, de ne pas puiser. Mentalement, c'est un peu plus compliqué parce que ça fait un an que je me pousse pour retrouver ce niveau, pour pouvoir enchaîner et je n'ai pas pris de pause. J'ai essayé de progresser tout le temps et je le vois au niveau de la concentration, parfois j'ai un peu de mal : j'ai des hauts et des bas comme aujourd'hui (mercredi). Mais dans l'ensemble, ce sont de belles victoires, je suis très content, satisfait de ce qui se passe et j'espère continuer."
Dans le sport de haut niveau, la tête et les jambes sont souvent liées. Moins un sportif se fait de soucis sur sa capacité à tenir un rude combat, plus il est armé pour faire face aux difficultés qui l'attendent. La saison dernière n'a pas été facile pour Wawrinka (8 victoires pour 14 défaites) mais il a fait le travail de fond pour espérer redevenir ce qu'il était. Il n'y est pas encore mais il est incontestablement sur le bon chemin : alors qu'il était 361e mondial début mai 2022, il va faire son retour parmi les 100 meilleurs joueurs du monde lundi prochain.
Le Top 100 ? Malgré ce que j'ai accompli, ça reste mythique
"Le Top 100, j'y pensais parce qu'on m'a dit que j'allais y revenir si je gagnais (contre Gasquet, NDLR). Et quand j'ai commencé le tennis, c'était mon rêve d'y entrer. Malgré tout ce que j'ai accompli dans ma carrière, ça reste un chiffre mythique et incroyable. Et malgré mon âge, il faut apprécier ce genre de choses parce que ça n'a pas été évident de revenir. Aujourd'hui, je joue bien, je sais que je ne vais pas m'arrêter là et que je peux vraiment monter bien plus haut. Mais il faut apprécier chaque étape", a-t-il estimé.
Invités par l'ATP dans une vidéo à faire des prédictions pour l'année à venir, Frances Tiafoe, Cameron Norrie et Casper Ruud ont immédiatement cité Stan Wawrinka comme le joueur susceptible de faire un come-back marquant. A Rotterdam, Stefanos Tsitsipas s'est d'ailleurs longtemps entretenu avec lui dans la foulée d'une séance d'entraînement, conscient qu'il avait des choses à apprendre du multiple vainqueur en Grand Chelem dans une ère ultra-dominée par le "Big 3".
Avec un classement qui lui permettra d'intégrer à nouveau directement les tableaux notamment dans les Majeurs, Wawrinka est entré dans un cercle vertueux qui le rend progressivement de plus en plus dangereux pour le reste du circuit. A l'image d'un Andy Murray aussi bluffant à Doha en ce moment, il s'est dit "né pour se battre" sur les réseaux sociaux cette semaine. Ces derniers mois, cette qualité lui a redonné un niveau plancher solide. De quoi recommencer à rêver de grands frissons ? Une chose est certaine : il ne faut jamais enterrer les vieux lions…
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