Casper Ruud, le trou d'air

Qu'arrive-t-il à Casper Ruud ? Il y a tout juste un an, il atteignait la finale à Miami, démontrant qu'il était davantage qu'un pur terrien. Le coup d'envoi d'une campagne 2022 prolifique pour le Norvégien, avec en point d'orgue deux finales en Grand Chelem, à Roland-Garros puis à l'US Open et une autre au Masters en toute fin d'année. Il est même passé à un match de devenir numéro un mondial.

Mais depuis le début de nouvelle saison, il patauge sévèrement et son élimination dès les 16es de finale à Miami dimanche contre Botic Van de Zandschulp (3-6, 6-4, 6-4) vient s'ajouter à une série de déceptions qui s'allonge dangereusement désormais. S'il restera quoi qu'il arrive dans le Top 5 en quittant la Floride, Ruud se prépare à des lendemains difficiles au classement sans réaction rapide de sa part. Un clignotant au rouge ne trompe pas : à l'issue de ce premier trimestre, il ne figure même pas parmi les 80 premiers à la Race. Difficile d'espérer mieux avec seulement 5 victoires en 11 rencontres.

En réalité, le mal frappait déjà à la porte en fin de saison dernière, même si sa finale au Masters contre Novak Djokovic a pu agir comme un trompe-l'œil. Mais depuis l'US Open en septembre, c'est la seule fois où il est parvenu à remporter deux matches de suite. Autre inquiétude, l'identité de ses bourreaux. Monstre de régularité depuis un an et demi, Casper Ruud a une fâcheuse tendance à perdre face à des joueurs qui, il y a peu, ne lui auraient sans doute pas posé de problèmes. Le classement moyen des six adversaires face auxquels il a buté en 2023 ? 63e. La thèse de l'accident, évoquée à Melbourne après sa sortie de route dès le 2e tour contre Jenson Brooksby, ne tient plus. Sur une quinzaine, pourquoi pas. Sur un trimestre...

Alors, d'où vient le problème ? Tennistiquement, il ne croit pas avoir tout perdu en l'espace de quelques mois. Mais l'alerte australienne a été suffisamment notable pour qu'il tente d'ajuster son jeu. "Au mois de février, j'ai effectué quelques ajustements techniques au service, expliquait-il avant Miami. Je n'ai pas encore tout à fait trouvé la bonne formule, mais j'ai eu des bonnes sessions et j'espère que cela indique qu'en match, ça va venir. Puis quelques petites choses basiques côté revers, qui me semblaient nécessaires aussi."

Sa nouvelle sortie prématurée au Hard Rock Stadium semble indiquer qu'il n'a pas encore trouvé la bonne formule pour transposer ses sensations à l'entraînement (il assure avoir eu une très bonne semaine après Indian Wells en compagnie de Grigor Dimitrov et Daniel Evans). Physiquement, tout va bien également. Alors Ruud attend une forme de déclic : "Souvent, il suffit d'un match pour que tout se remette en place. J'espère que ça va venir vite, mais je dois au moins conserver une attitude positive."

Comme toujours, tout est dans la tête, docteur. "Il est plus facile de réussir une série de victoires quand on est en confiance", a-t-il concédé dimanche soir. Le passage du cercle vertueux au vicieux, c'est bien le danger qui guette le Norvégien ces prochaines semaines s'il ne se remet pas très vite à l'endroit. Contre Van de Zandschulp, ce fut criant, notamment lors du set décisif. Il a breaké le premier et obtenu un nombre d'occasions incalculable. "C'est une défaite un peu amère, d'autant que j'ai l'impression d'avoir produit du bon tennis", a regretté le Scandinave.

Casper Ruud n'est pas du genre à paniquer, pas plus qu'il ne faut compter sur lui pour s'enflammer quand tout va bien. Après le fiasco de sa tournée américaine, symbolique d'une année 2023 pour l'heure très décevante, il va pouvoir tourner la page et attaquer une phase de la saison a priori très favorable pour lui avec la terre battue. "Il y a beaucoup de gros tournois à venir. C'est ce qui est bien en tennis, on a toujours une nouvelle chance devant soi", relativise le numéro 4 mondial. Celle-ci n'est pas la moins importante pour lui.

L'an passé, il avait dû digérer sa finale à Miami et avait entamé le printemps terrien pianissimo avant d'aller chercher cette place de finaliste à Roland-Garros. Cette fois, il aura tout intérêt à démarrer plus turbo que diesel s'il ne veut pas s'enliser dans une forme de doute qu'il s'échine aujourd'hui à casser, quitter à flirter avec la méthode Coué.