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Rolex Paris Masters - Pour son acte II à Paris, Gaston a bien mûri : "Je sais que je suis à ma place"

Maxime Battistella

Mis à jour 04/11/2021 à 21:25 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS - Un peu plus d'un an après avoir créé la sensation à Roland-Garros, Hugo Gaston fait une nouvelle percée sous les projecteurs de Bercy et affrontera jeudi Carlos Alcaraz pour une place en quart de finale. Un parcours qui valide autant les progrès réalisés par le nouveau membre du Top 100, qu'il confirme sa capacité à se sublimer devant un public acquis à sa cause.

Hugo Gaston lors du Rolex Paris Masters en 2021

Crédit: Getty Images

L'automne dans la capitale lui va si bien. Avec son mètre 73 et ses 68 kilos, Hugo Gaston ne paie pas de mine, et pourtant… Le public parisien l'avait découvert l'an dernier au cours d'une édition de Roland-Garros exceptionnellement reportée à fin septembre-début d'octobre, pandémie de coronavirus oblige. Malgré sa modeste 239e place mondiale, il avait enflammé la Porte d'Auteuil au fil de ses exploits (notamment une victoire contre Stan Wawrinka au 3e tour) avant de céder les armes à la main en cinq sets face à Dominic Thiem en huitième de finale.
Une belle histoire, un David contre Goliath à la sauce tennistique, mais peut-être sans lendemain, se demandait-on alors. Mais cette semaine dans une Accor Arena comble, Gaston y a apporté la plus belle des réponses : non, il n'est pas un simple feu de paille. En sortant des qualifications - avec des balles de match sauvées dès le 1er tour face à Kevin Anderson - et en renversant ses adversaires un à un avec son troisième Top 20 épinglé en carrière, Pablo Carreno Busta, en prime (après Wawrinka donc et Cristian Garin à Gstaad en juillet dernier), le natif de Toulouse est désormais assuré de figurer dans le Top 100 (80e provisoire) et de s'adjuger un sésame direct pour l'Open d'Australie 2022.

Une place dans le Top 100 et à Melbourne assurée : la récompense de l'humilité et du travail

Sûrement, il franchit les étapes importantes de sa jeune carrière. Et s'il s'est effondré sur le dos après avoir sorti le 17e mondial espagnol, Gaston n'est plus aussi incrédule qu'il ne l'était lors de sa première aventure parisienne. "C'est d'autres conditions. Ce n'est pas la même surface. J'ai progressé au classement, donc je sais que je suis à ma place, je sais que je joue très bien. Après, c’est vrai que c’est une très belle performance de battre Carreno Busta. Mais comparer cela à Roland, je n'irais pas jusque-là quand même", a estimé l'intéressé après sa qualification en huitième de finale.
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Du tennis de filou et des nerfs : comment le diablotin Gaston a renversé Carreño Busta

Et pour cause, cette fois, la performance vient valider une année de travail et de persévérance. Car après l'ivresse de la Porte d'Auteuil, Gaston a dû retrouver l'anonymat du circuit secondaire pour faire son trou, avec méthode et rigueur. Cette saison, il a ainsi joué 18 Challengers, atteignant quatre finales sur terre battue à chaque fois perdues (Rome, Iasi, Tulln et Barcelone), dont 7 d'affilée depuis Flushing ces dernières semaines. Eliminé en qualifs de l'Open d'Australie, Wimbledon et l'US Open et dès le 1er tour à Roland-Garros où il était invité pour des raisons évidentes, il n'a pas brillé en Grand Chelem, mais s'est fait les dents sur les plus petits tournois et a multiplié les matches en compétition.

Changements de rythme, endurance et surface lente : les clés de la réussite

Lors de l'une de ses rares apparitions sur le circuit, il a atteint la première finale ATP de sa carrière à Gstaad (battu par Casper Ruud), confirmant que son tennis tactique et en toucher faisait des ravages sur ocre. Mais de plus en plus sûr de lui, il a prouvé ces derniers jours qu'il pouvait s'épanouir aussi sur dur, malgré son manque de puissance. Avec son timing et ses changements de rythme, ainsi que grâce à sa vitesse de déplacement, le joueur de 21 ans, telle une petite mobylette, est parvenu à emmener ses rivaux sur son terrain : un jeu d'échecs où l'endurance physique et mentale prime.
"Il fait très peu de fautes, ne donne pas beaucoup de points, il varie beaucoup. Quand l'adversaire entre sur le terrain avec beaucoup d'énergie, il arrive à contrecarrer cette stratégie. Mais progressivement, physiquement ça baisse un petit peu, il commence à faire quelques fautes, Hugo commence à inverser la tendance, à être plus agressif et progressivement, le joueur en face se retrouve avec zéro solution", explique d'ailleurs son coach Marc Barbier. Et la stratégie est d'autant plus payante que les courts semblent plus lents qu'à l'accoutumée à Bercy cette année.
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Hugo Gaston lors de son match contre Pablo Carreño Busta au Rolex Paris Masters 2021

Crédit: Getty Images

Reste que ces éléments techniques et tactiques, bien que fort pertinents, n'expliquent pas tout. Être aussi à l'aise dans des environnements aussi impressionnants et majestueux que le court Philippe-Chatrier à Roland-Garros ou l'Accor Arena n'est pas donné à tout le monde, surtout à cet âge et quand on n'en a pas l'habitude. Mais Gaston semble fait pour ces grandes scènes, elles le subliment et lui ont permis d'oublier la douleur malgré déjà plus de neuf heures et demie passées à lutter lors de ses quatre victoires sur des joueurs mieux classés que lui.
Ça va au-delà du coup de raquette, c'est aussi le côté émotionnel qu'il arrive à totalement maîtriser
"Je suis étonné de sa capacité à répéter des efforts aussi intenses jour après jour, et au niveau psychologique c'est quand même fort ce qu'il fait. A chaque fois, ce sont des matches extrêmement tendus, contre des super joueurs et au final, c'est lui qui l'emporte, au troisième set, dans des bras de fer incroyables. Ça va au-delà du coup de raquette, c'est aussi le côté émotionnel qu'il arrive à totalement maîtriser", confirme Marc Barbier, lui aussi bluffé par son protégé.
L'une des clés de cette réussite sous le feu des projecteurs réside dans la capacité de Gaston à utiliser les éléments extérieurs. Si jouer devant des milliers de personnes est synonyme de pression pour certains, lui se sert de l'énergie des spectateurs pour produire son meilleur tennis. Et comme il joue aussi beaucoup à l'instinct et ménage très bien ses effets de surprise (notamment sur les amorties), le public en redemande. Une sorte de cercle vertueux s'auto-entretient alors.
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Gaston : "Le public m'a beaucoup aidé"

Gaston sait aussi jouer avec le public : l'âme de Bercy le sublime

"J'ai pas mal joué avec le public. Les spectateurs ont très bien répondu et c'est aussi grâce à eux que j'ai gagné. J'ai envie de leur faire vivre le match aussi. Ça m’aide aussi à bien jouer. Donc je vais continuer à m'en servir parce que c'est quelque chose que j'adore, et si ça peut rendre fier tout le monde, je suis très content", a d'ailleurs confirmé le principal intéressé. S'il devait digérer Roland et arrivait éreinté, le huis clos ne l'avait pas non plus aidé à réussir sa première Bercy l'an dernier déjà contre Carreno Busta.
Aura-t-il encore assez d'énergie pour s'offrir un Carlos Alcaraz en pleine bourre dans un duel de jeunes talents jeudi ? L'équation semble d'autant plus difficile à résoudre que l'Espagnol au physique déjà très fiable a dépensé moins d'énergie sur le court ces derniers jours. Mais Gaston, qui jouera le Masters Next Gen dans la foulée de Bercy, ne se présentera pas en victime expiatoire, ce n'est pas son genre.
"Il va falloir que je me repose pour être en forme pour mon prochain match. J’ai fait quelque chose de très bien, mais je ne compte pas m'arrêter ici", a-t-il indiqué. Une chose est sûre : si les jambes viennent à manquer, la tête, elle, ne fera pas défaut. Et c'est peut-être ce qui est le plus intéressant pour la suite.
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Hugo Gaston lors du Rolex Paris Masters en 2021

Crédit: Getty Images

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