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Masters 1000 Bercy - Gilles Simon, folle semaine et grosse émotion : "Je sors vidé"

Laurent Vergne

Mis à jour 03/11/2022 à 21:43 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS – Gilles Simon n'a pas manqué ses adieux. Après deux victoires probantes contre Andy Murray et Taylor Fritz, il a coincé jeudi contre Félix Auger-Aliassime. Mais le Niçois est content que tout s'arrête contre le jeune Canadien. Il est même heureux que cela s'arrête tout court, même s'il a savouré cette cérémonie d'adieux très réussie à Bercy. Retour sur une journée mémorable.

"Il est plus jeune, plus beau, plus fort, plus tout : Simon - Auger-Aliassime, respect mutuel

Gilles Simon était assis sur sa chaise, les yeux grands fermés, à la retraite depuis une poignée de secondes. Après les derniers sacrements, Félix Auger-Aliassime, son ultime bourreau, lui a rendu le premier hommage. Il ne lui a fallu que deux fois cinq lettres pour cela : "Merci Gilou !". Message au feutre rouge sur la caméra. Simple mais touchant, à l'image de la cérémonie qui a suivi et qui a ressemblé au désormais ex-joueur, membre de la bande des quatre qui a tenu le tennis français à bout de bras près pendant plus de quinze ans.
De ce troisième match de sa semaine parisienne, "celui de trop" selon l'aveu même de Simon, il n'y a pas grand-chose à dire, tant il n'avait plus les moyens physiques de rivaliser. Peu importe. L'essentiel était ailleurs. Le Niçois a réussi sa sortie à Bercy, que ce soit à travers ses deux victoires contre Andy Murray et Taylor Fritz, ou sa défaite de ce jeudi. Quitte à perdre, il est heureux que ce soit face à ce jeune Canadien qu'il apprécie tant. Et réciproquement.
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"Merci Gilou !" : L'hommage d'Auger-Aliassime à Simon"

"Gilles, c'est quelqu'un que j'apprécie grandement, a confié FAA au micro d'Eurosport. C'est le joueur avec lequel j'ai le plus de conversations. Je me souviens notamment qu'en 2020, on a passé deux semaines ensemble à Cologne dans une bulle... On ne pouvait pas sortir, on passait tous les dîners et tous les déjeuners à parler tennis. C'est le joueur avec lequel j'ai appris le plus de choses, sur le court mais aussi en dehors."

CNN et Las Machetas

Le meilleur moyen de lui témoigner ce respect de façon concrète, c'était de la battre sèchement, en bon compétiteur. Auger-Aliassime s'est isolé du contexte pendant le match, du premier à... l'avant-dernier point. Là, il l'avoue, il a pensé à tout ça : "Sur le court, on oublie un peu, on est focalisé sur le moment, nous dit-il. Mais c'est vrai que quand il y a eu la balle de match, j'ai pensé 'Si je gagne ce point, c'est le dernier point de Gilles, c'est vraiment la fin pour lui'. C'était un moment spécial avec beaucoup d'émotions. Je suis content qu'il ait eu cette belle cérémonie."
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"C'est le joueur avec lequel j'ai le plus appris" Auger-Aliassime remercie Simon

Lors de celle-ci, d'autres témoignages d'affection sont venus se greffer à celui du Québécois. Ceux de ses potes Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils, notamment. Ils étaient présents lundi soir lors du match contre Murray, mais absents ce jeudi. Qu'à cela ne tienne, leurs messages ont été diffusés sur l'écran géant de l'Accor Arena. Le Manceau a déclenché des rires en alignant un à un tous les surnoms dont "Gilou" a été affublé au fil des ans. "On te surnommait 'CNN', parce que tu la fermais jamais. 'Las machetas' aussi (la machette) pour tes phrases sanglantes", a lâché Jo. Gaël Monfils, lui, a évoqué l'extrême gentillesse et humanité de son ami.
L'autre moment fort a surgi quand Gilles Simon s'est adressé à ses proches, comme un écho aux paroles de Roger Federer à Londres voici quelques semaines. "Je sais à quel point tout ça a été difficile pour toi, a-t-il dit à son épouse Carine, cette contradiction entre ces moments où je sais que tu es tellement fière de moi quand j'arrive à faire ce que je peux faire sur le terrain et tous ces moments où tu n'en peux plus et où tu as envie que ça s'arrête... Toute cette phase de l'ombre que personne ne connaît mais que moi je connais, toute cette carrière professionnelle mise entre parenthèses, ce qui paraît normal mais on sait tous les deux que ça ne l'est pas... Je suis tellement heureux de te dire que c'est terminé maintenant !"
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"On te surnommait 'CNN', parce que tu la fermais jamais" : "Tsonga et les autres saluent Simon

Combien de dodos tu pars, papa ?
Puis, à ses deux fils, Valentin l'aîné et Timothée le cadet, pour qui avoir un papa champion de tennis a constitué à la fois une chance et un sacrifice. "Tu adorais venir en tournoi, tu trouvais ça fabuleux, a-t-il ajouté à l'adresse du plus jeune des deux. On a fait les cinq premières années ensemble, et puis après il y a une grande passion dans ta vie qui a commencé... l'école. Et il a fallu y aller tous les jours, c'était moins drôle et à partir de ce moment-là tu as commencé à me demander 'combien de dodos tu pars, papa ?'. Et tu t'es rendu compte que je partais plus de dodos que je restais. Et à partir de là, il y a eu une deuxième question : 'c'est quand que tu arrêtes ?' Et je sais que ces dernières années ont été très difficiles."
Bien plus fort mentalement que Federer à la Laver Cup (alerte : c'est juste une plaisanterie), Gilles Simon n'a pas versé de larmes et on se demande bien comment il a fait pour ne pas craquer. En tribunes, beaucoup d'yeux ont rougi. Lui-même s'en étonne mais il a l'explication : il était bien trop épuisé pour ça. "Cela aurait été très différent si cela avait été le premier tour, juge-t-il. Tout aurait pu se passer très différemment et je pense que, heureusement pour moi, la fatigue me permet de rester plus tranquille. J'étais plus serein que ce que je pensais. Je suis vraiment très fatigué, je pense que cela aide à rester calme et relâché, parce que je sens toujours des émotions qui arrivent mais je suis trop fatigué pour les confronter. Peut-être que cela va arriver plus tard."
Toute la semaine a été "très longue", avoue Simon. Il peut bien le dire maintenant, il avait peur de rater sa sortie : "Je savais qu'il allait y avoir un grand public, je ne savais pas comment j'allais jouer, si j'allais être au niveau contre Andy (Murray). Je voulais juste profiter de la foule une dernière fois parce qu'à ce point, à ce niveau, c'est la seule chose qui compte. Je n'avais pas prévu de gagner le tournoi et je n'avais pas besoin de points pour participer au prochain tournoi. C'était juste aller sur le court, essayer de jouer un match décent avec un bon niveau pour profiter de la foule une dernière fois. Je ne savais pas si j'allais être capable de le faire."
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Face à Auger-Aliassime, un Simon combatif jusqu'au bout

Le poulet riz blanc avant le match ne va pas me manquer
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas passé à côté de son dernier rendez-vous. Il peut partir l'esprit tranquille. Heureux de passer à la suite. La vie sur le circuit "devenait dure", dit-il et les émotions vécues à Bercy ne font que le conforter dans son désir de tourner la page pour de bon. "Cette semaine a été très difficile et en deux matches, je sors complètement vidé. Cela me rappelle pourquoi je m'arrête. Il y a une partie de moi qui est soulagée que ces trucs-là s'arrêtent."
Mais il ne faut pas s'y tromper. Gilles Simon ne crache pas dans sa propre gamelle, celle qui a alimenté son existence depuis presque toujours. Aujourd'hui, il s'estime "triplement chanceux". Chanceux d'avoir été joueur de tennis, de l'avoir été longtemps et d'avoir pu choisir sa sortie. Mais oui, la vie de joueur professionnel exige certaines choses qu'il est content de ranger au placard. "Ce n'est pas comme si tout était du bonheur de 8 heures du matin au coucher. Certaines choses qui vont s'arrêter ne vont pas me manquer. Le poulet riz blanc avant le match ne va pas me manquer, les aéroports ne vont pas me manquer... J'ai une liste comme ça."
Maintenant, la suite l'attend. Dans le tennis ? Pas trop loin, probablement. Il a envie de transmettre. Comment ? Avec qui ? A la base ? Au plus haut niveau ? Tout ça reste flou. "Ce n'est toujours pas clair encore ce que je veux faire, mais l'envie de transmettre, je sais qu'elle sera là à un moment, admet-il. Elle est déjà là, mais je n'ai pas encore la forme, je ne sais pas encore comment je ferai, ni quand, parce qu'il y a un truc plus important pour moi que transmettre pour l'instant : c'est ma famille. Je vais essayer de profiter un maximum, rester chez moi. J'ai le temps aussi de transmettre. Je pense que ça va se décider dans l'année ou les deux ans qui viennent." D'ici là, repos. Mérité.
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Gilles Simon

Crédit: Getty Images

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