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Paris et les forfaits des stars : "Roland est plus fort que les joueurs, pas Bercy"

Maxime Battistella

Mis à jour 31/10/2022 à 11:00 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS - Dans son histoire plus ou moins récente, le Masters 1000 parisien a été victime de forfaits récurrents de ses principales têtes d'affiche. Si le calendrier explique en partie ce casse-tête pour l'organisation, gare aux idées reçues. Car le problème a pour origine un défaut de communication au début des années 2000 entre le tournoi et les meilleurs joueurs, arrangé depuis.

Nick Kyrgios à Tokyo en 2022

Crédit: Getty Images

Cédric Pioline a dû souffler un grand coup. Pour sa grande première en tant que seul directeur du Masters 1000 de Paris-Bercy, il pourra compter sur les présences des deux monstres encore en activité, Rafael Nadal et Novak Djokovic. De quoi donner du relief à un tableau qui menaçait d'en manquer cruellement. Aux incertitudes espagnole et serbe, s'ajoutaient les absences d'Alexander Zverev et Nick Kyrgios, blessés. Sans compter celle actée de Gaël Monfils.
L'organisation a donc évité le scénario-catastrophe de peu. Et ce d'autant plus que le Rolex Paris Masters fait bien entendu sa promotion sur ses principales têtes d'affiche. Il était assez facile de s'en rendre compte dans le métro parisien : les effigies de Nadal et Djokovic, mais aussi de Kyrgios qui devait participer pour la première fois, ou encore de Monfils ne manquaient pas pour attirer de potentiels spectateurs. S'ils avaient tous été absents, l'image du tournoi en aurait pâti.

Un problème de calendrier, vraiment ?

Ancien directeur de l'épreuve de 2007 à 2011, Jean-François Caujolle en est plus que conscient. "L'incertitude de la blessure est forcément un problème. L'événement met en valeur les joueurs les plus charismatiques. C'est toujours à double tranchant de mettre des joueurs sur ton affiche, donc il vaut mieux en mettre six qu'un seul ou deux ! Bon, après, quand il y en a quatre sur les six qui ne viennent pas, c'est un peu compliqué. Lors de ma première année, j'annonçais David Guetta pour le 'Sunday start', mais s'il n'y avait pas eu Nadal et Federer, j'aurais été bien ridicule", se rappelle-t-il.
Comme souvent depuis sa création, le Rolex Paris Masters paie sa place dans le calendrier en toute fin de saison. Mécaniquement, les organismes sont éreintés et les joueurs plus susceptibles de se blesser avec l'accumulation des matches. Tant et si bien que certaines voix se sont fréquemment élevées pour déplacer l'événement au mois de février lors de la première tournée en dur indoor de l'année. Mais selon Caujolle encore, c'est un faux problème, du moins en ce qui concerne les cadors.
"Ils n'ont pas de calendrier de fin ou de début d'année. Un Federer jouait quatre mini-saisons, pareil désormais pour Djokovic et Nadal. Ils ciblent leurs objectifs, souvent liés à la place de numéro 1 mondial, aux Grands Chelems ou au Masters. Le Rolex Paris Masters fait partie de cette préparation pour le Masters. Et si on déplace le tournoi en février, deux ou trois semaines après l'Open d'Australie, on est sûr de ne pas les avoir en raison de la fatigue, du décalage horaire à encaisser lors du voyage retour, de la réacclimatation et de la préparation."

Un suspense autour de Federer ces dernières années

Si les Stefanos Tsitsipas et autres Casper Ruud ont tendance à jouer les stakhanovistes, les meilleurs, pour la plupart, savent s'aménager des plages de repos. En s'attardant sur le palmarès du tournoi ces 11 dernières années, on constate d'ailleurs que le titre a été enlevé 7 fois par des membres de l'ancien "Big 4" : Djokovic à 5 reprises (2013, 2014, 2015, 2019 et 2021), Federer (2011) et Murray (2016).
Sur cette dernière décennie, le suspense d'avant-tournoi tenait principalement à la participation de Federer. Et Bercy n'y pouvait rien. L'âge avançant, le Suisse privilégiait Bâle, le tournoi de sa ville natale la semaine précédant le Rolex Paris Masters qu'il lui arrivait de zapper au dernier moment en vue du Masters. Si Rafael Nadal n'a, lui non plus, pas toujours joué dans la salle parisienne ces dernières années, il le devait à ses nombreux pépins physiques qui survenaient autant au printemps ou à l'été, qu'à l'automne.
Il faut être à l'écoute des joueurs
Alors pourquoi le tournoi a-t-il la réputation d'être plus exposé que les autres Masters 1000 ? Jean-François Caujolle a sa petite idée. "Dans les années 2005 et 2006, Bercy faisant partie des Masters Series, l'organisation considérait que c'était la responsabilité de l'ATP de s'assurer que les meilleurs participent. La FFT se comportait comme pour Roland-Garros qui a le prestige associé à un Grand Chelem. Sauf qu'à Bercy, si les joueurs ne viennent pas, c'est le tournoi qui est pénalisé. Roland-Garros est plus fort que les joueurs, pas Bercy", fait-il remarquer. Et les absences dans les éditions citées sont édifiantes :
  • En 2005, Andy Roddick (3e) était le seul Top 5 présent
  • En 2006, aucun des quatre premiers n'était au rendez-vous
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Roger Federer de retour à Bercy en 2007 après trois ans d'absence

Crédit: Getty Images

A son arrivée comme directeur du tournoi, Caujolle a eu donc un mot d'ordre. "Il faut être à l'écoute des joueurs : savoir quels hôtels ils veulent, quelles balles ils préfèrent, quelle surface leur plait. En 2007, on a changé la moquette qui était potentiellement traumatisante et dont les Federer, Nadal et Djokovic ne voulaient plus. Même Roddick, qui aimait les surfaces rapides, l'avait dit. A partir de là, les meilleurs sont venus, sauf blessure...", constate-t-il.
Certains objecteront qu'il y a quand même eu lors de la dernière décennie deux finales des plus surprenantes. Il y a dix ans, David Ferrer l'avait ainsi emporté face à Jerzy Janowicz, auteur d'un tournoi fou (qualifié, il avait notamment sorti Murray sur sa route). Et en 2017, Jack Sock avait été sacré face à Filip Krajinovic, profitant de l'absence du Big 4 (Nadal forfait avant son quart). Moins "bankable", ces épisodes ont peut-être déçu les consommateurs de spectacle. Mais avant d'être un produit, le tennis est un sport, parfois incertain. Et ce n'est pas plus mal.
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