Masters 1000 Shanghai - Demi-finale : revenu de blessure, Sebastian Korda retrouve des couleurs et défie Hubert Hurkacz

Revoilà Sebastian Korda. Le fils de Petr avait endiablé le début de l'exercice 2023 avec deux magnifiques performances, à Adélaïde face à Novak Djokovic, contre qui il avait eu une balle de match lors d’une finale irrespirable, puis à l'Open d'Australie où il avait atteint son premier quart de finale en carrière en Grand Chelem. Il avait au passage battu Daniil Medvedev au 3e tour en trois manches, signant ainsi la plus grosse surprise du tournoi, mais aussi le réveil à venir du Russe, vexé par cet affront.

La suite de l’aventure semblait évidente pour l’Américain, qui avait toutes les armes et la confiance pour être l’invité surprise des hautes sphères du premier Majeur de la saison, celui qu'avait en plus remporté son père en 1998. S’il avait confirmé en huitième, après un match décousu en cinq manches contre Hubert Hurkacz, il avait ensuite pris une correction en quarts contre le métronome Karen Khachanov. Clairement diminué, Korda ne savait pas à ce moment-là qu’il allait rater la quasi intégralité de la première partie de la saison.

Après sa victoire en quarts contre Ben Shelton à Shanghai, le joueur de 23 ans est revenu sur la blessure au poignet droit qui l’a obligé à stopper le tennis pendant trois mois. De mi-janvier à avril, il n'a pas pu toucher une raquette.

"Ma blessure a en fait débuté l’année dernière, probablement à la même période de l’année. Je me battais contre des douleurs au poignet. A l'époque ça allait encore. Mais c’est progressivement allé en empirant lors d’un bloc d’entraînement effectué avant l’Open d’Australie", a révélé Korda. "A Adélaïde, ça allait. Quand j’ai commencé à jouer des matches en cinq sets, contre des gros serveurs, et que ça allait sur le coup droit, ça devenait difficile et ça a commencé à me faire très mal."

La suite, on la connaît. Il y a eu cette défaite contre Khachanov, puis une disparition totale. Korda a repris le chemin des courts fin avril à Madrid avec une défaite et un poignet qui faisait encore mal. Un retour très contrasté puisqu’il a enchaîné les contre-performances entre Madrid et l'US Open : 8 victoires (réparties en quatre tournois : Roland-Garros, Queen's, Toronto et Winston-Salem), pour 10 défaites dont 6 au 1er tour. Dans ce bilan peu reluisant, il faut aussi ajouter les deux éliminations au 1er tour à Wimbledon et Flushing Meadows.

Il a fallu presque reprendre les basiques du tennis pour l’Etatsunien, dont le poignet n’est plus le même, au point de lui causer des appréhensions mentales. “Cela a été un très long voyage jusqu’ici. J’ai manqué trois mois de compétition et j’ai dû tout réapprendre au niveau de mes coups, principalement ceux qui mettent plus à contribution mon poignet”, a-t-il souligné. "Au début, à chaque entraînement, à chaque fois que je frappais un coup droit, j'espérais ne plus ressentir de douleur et j'espérais ne plus jamais en avoir."

Korda a profité de sa pause en début d'année pour gagner sept kilos de masse musculaire. Il a aussi ajouté Jez Green à son ogranigramme. Celui qu'on surnomme "le gourou du fitness" a accompagné Andy Murray dans ses belles années et ses deux premiers sacres en Grand Chelem, mais aussi Alexander Zverev, Emma Raducanu et plus récemment Dominic Thiem. Le voilà désormais en charge de bâtir le nouveau Korda, celui qui veut gagner.

"J'étais frêle et grand", observait Korda plus tôt dans la saison. "Cette coupure m'a permis de travailler mon corps et cela va me servir pour la suite. On a fait avec Jez le plus long bloc de travail qu'on ait jamais fait, pendant 7-8 semaines. C'est une très belle incorporation dans mon équipe, il construit les physiques pour les Grands Chelems."

Malgré son nouveau physique, plus robuste et résistant, Korda n'en a pas encore totalement terminé avec son poignet récalcitrant. "J’ai encore de temps en temps quelques soucis. Je n’ai pas encore de réponses à tout avec mon coup droit, que ce soit à la volée ou en retour. C’est quelque chose qui va revenir avec le temps. Il faut juste que je joue plus, que je m’entraîne plus et j’espère que tout reviendra à la normale à nouveau."

Jouer plus et surtout gagner plus. Passée la déception de l’US Open, Korda est redevenu, en partie, celui qu’il était il y a quelques mois malgré ses problèmes. Demi-finaliste à Zuhai, finaliste à Astana mais battu par Adrian Mannarino, il vient d’enchaîner avec une troisième demi-finale consécutive, la première pour lui en Masters 1000. A Shanghai, clin d’oeil du destin, il a battu à nouveau Daniil Medvedev (7-6, 6-2) avec la manière, le coriace Francisco Cerundolo, puis l’imprévisible Ben Shelton au terme d’un magnifique duel en trois manches en quarts.

Il a rendez-vous samedi matin (10h30) avec Hubert Hurkacz. A croire que ce Masters 1000 de Shanghai est un rappel de son beau parcours aux antipodes en janvier. "Cela va être un match fun. Je vais devoir très bien retourner, à nouveau. Pour moi, c’est l’un des meilleurs serveurs sur le circuit, il est super difficile à lire sur ce coup, il se déplace bien vers le filet. Je vais devoir bien retourner, mais aussi bien servir. On verra comment ça va se passer."