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Le Top 50 du Masters : Sampras - Becker, chef-d'oeuvre à Hanovre

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 20/11/2020 à 19:54 GMT+1

ATP FINALS - Le Masters, plus grand tournoi de tennis au monde après les Grands Chelems, célèbre cette année son demi-siècle d'existence. Pour fêter ça, nous vous proposons de découvrir notre classement des 50 matches les plus marquants des 50 premières éditions. A la première place, l'inégalable duel final entre Pete Sampras et Boris Becker à Hanovre, en 1996.

Top Masters : 1. Pete Sampras - Boris Becker 1996.

Crédit: Eurosport

Par Maxime BATTISTELLA, Rémi BOURRIERES et Laurent VERGNE

1. Pete Sampras - Boris Becker

Edition : 1996
Finale
Vainqueur : Pete Sampras (Etats-Unis)
Adversaire : Boris Becker (Allemagne)
Score : 3-6, 7-6(5), 7-6(4), 6-7(11), 6-4
Le Becker - Lendl de 1988 aurait à n'en pas douter fait un "vainqueur" très présentable. Mais la finale de 1996, même si l'EXPO 2000 Tennis Dome de Hanovre est loin de posséder la puissance évocatrice du Madison Square Garden, est tout simplement un immense match de tennis. Un monument à nos yeux indépassable dans l'histoire du Masters et qui pourrait le rester ad vitam aeternam puisque le format au meilleur des cinq sets a été banni du tournoi de clôture de la saison. Ce Sampras - Becker, c'est probablement le plus grand match de tennis des années 90.
C'est la finale rêvée pour ce Masters. Pete Sampras, l'incontestable numéro un mondial, contre Boris Becker, l'idole des foules allemandes, revenu en grâce dans cette saison 1996 où il a conquis son 6e (et dernier) titre du Grand Chelem. Toute l'Allemagne y croit. A juste titre. Becker vient de battre Sampras par deux fois en moins d'un mois en indoor : lors d'une finale déjà épique à Stuttgart, en cinq sets, puis en phase de poules au Masters.
D'entrée, il donne le ton. Premier jeu, quatre aces. Parfait pour chauffer une salle qui ne demandait que ça. Il en claquera 30 sur la rencontre pour signer une performance d'ensemble exceptionnelle au service, avec notamment 90% de points gagnés derrière sa première balle. C'est encore Becker qui réussit le premier break de la partie, dès le quatrième jeu. Il ne le sait pas encore, mais ce sera aussi son dernier de la journée. En 55 jeux de service, cette finale ne connaitra que deux breaks et dix balles de break, réparties de façon parfaitement symétriques entre les deux champions.
Pour le reste, il faudra trois tie-breaks pour les départager dans les deuxième, troisième et quatrième sets. Pete Sampras va remporter les deux premiers. Il ne va lui manquer qu'un point pour rafler aussi le dernier. Dans le jeu décisif de la quatrième manche, l'Américain obtient deux balles de match, à 6-5 puis à 9-8. Becker va les sauver avant de s'imposer 13 points à 11 dans une ambiance complètement délirante. Le public de Hanovre, enthousiaste mais respectueux, aura vraiment été à la hauteur de ce monument. Même en évoluant "à l'extérieur", Sampras a apprécié :
Descendre les marches avant de rentrer sur le court et entendre le bruit de la foule, c'était fort. Ils n'étaient pas contre moi, ils étaient derrière Boris et c'était vraiment super de faire partie de ce moment. C'est ça, le tennis. Ce n'est pas une question d'argent. Ce sont les grands matches, les grandes ambiances, et ce match est un des plus grands auxquels j'ai pris part.
Jusqu'à 4-4 dans le dernier set, rien ne bouge. Puis Sampras, après plus de trois heures et cinquante minutes de patience, finit par trouver l'ouverture. D'un lumineux passing de revers long de ligne qui lui arrache un hurlement, il breake pour la seule fois de la finale. Au meilleur moment. Derrière, il conclut au terme d'une balle de match à la hauteur des débats : un échange de 24 coups où Becker finit par craquer en revers.
Pour l'Allemand, c'est dur. Il a rendu une copie exceptionnelle, a servi comme dans un rêve, a gagné douze points de plus que son adversaire, mais il est battu. Pourtant, on le voit sourire lors de la remise des trophées. "Des matches comme ça me donnent envie de rester dans le tennis, avoue-t-il. Franchement, à l'arrivée, ça n'a presque pas d'importance pour moi de savoir qui a gagné. J'ai pris tellement de plaisir et j'ai ressenti tellement d'émotions aujourd'hui..." Nous aussi.

2. Boris Becker - Ivan Lendl

Edition : 1988
Finale
Vainqueur : Boris Becker (Allemagne)
Adversaire : Ivan Lendl (Tchécoslovaquie)
Score : 5-7, 7-6(5), 3-6, 6-2, 7-6(5)
C'est le plus long match de l'histoire du Masters (4h42), pratiquement le plus beau, peut-être le plus dramatique. Et de cette finale superbe, constellée de points fantastiques, la légende du tennis, à la mémoire sélective, n'en a retenu qu'un : le tout dernier. Un monument absolu, achevé sur terrible coup du sort, un coup de poignard devrait-on dire, qui aura occulté tout le reste mais finalement magnifié l'ensemble.
Avant d'y revenir, remettons-nous dans le contexte. Ce match, c'est la quintessence du Masters. Nous sommes le 5 décembre 1988 - une période où le tennis est encore à son apogée, ou pas loin – à New York, au Madison Square Garden. Dans les gradins, 17 792 personnes. Et au milieu de la scène, ce mythique terrain bleu sans couloir de double ni piquets de simple. So Masters...
Quant à Lendl, c'est bien simple, il est Monsieur Masters à lui seul. Le Tchécoslovaque est en finale pour la 9e fois en 9 participations. Il en a gagné 5, un record à l'époque – avant que Federer ne passe par là – dont les trois dernières éditions. Bref, le retrouver encore en finale ne devrait rien à voir avec une surprise. Sauf que cette fois, c'est un petit miracle. La saison 1988 n'est pas la meilleure de Lendl, qui n'a gagné aucun Grand Chelem et s'est fait déloger de "sa" place de n°1 par Mats Wilander, qui l'a battu trois mois plus tôt en finale de l'US Open.
Depuis, l'homme aux bergers allemands n'a plus joué. Il a subi une petite opération à l'épaule et vise plutôt la saison 1989. D'ailleurs, il ne prend la décision de participer au Masters qu'au dernier moment, contre l'avis des médecins. Son début de tournoi est poussif, avec une défaite d'entrée face à Jakob Hlasek suivie d'une victoire au forceps contre un Andre Agassi tout minot.
Côté Becker, c'est un peu mieux, mais pas la panacée non plus. A 21 ans, le jeune Allemand a certes été très constant lors de cette année 1988 mais il n'a plus frappé les esprits dans un gros tournoi depuis son succès à Wimbledon en 1986. Lui aussi s'extrait des poules un peu "ric-rac".
Mais bon gré mal gré, les deux hommes montent en puissance. Jusqu'à retrouver la meilleure version d'eux-mêmes pour cette grande explication finale, jouée en nocturne et qui s'achèvera juste avant minuit. Le match est punchy, rythmé, électrique. Lendl manque peut-être le coche dans le 2e set, où, après avoir gagné le 1er, il a plusieurs occasions de break, avant de se faire coiffer sur le fil au tie-break, déjà. Mais le futur Américain ne se démonte pas. Il se détache encore 2 sets à 1, à l'issue d'un 3e set marqué par une bagarre en tribune. Becker s'en amuse en se lançant dans une partie de "shadow boxing" au milieu de l'arène, ce qui a pour effet de le décontracter. L'Allemand survole le 4e.
Quant au 5e set, il se joue sur un fil. A tous les sens du terme. Encore une fois, c'est Lendl qui tire le premier en réussissant un break que l'on croit crucial, à 5-5. Mais Becker revient encore, d'un passing de revers dans la lucarne. Tie-break, donc. A 5 points partout, alors que les deux joueurs sont à deux points du titre, Lendl rate manque alors – de peu – un passing de revers qui donne le mini-break et une balle de match à son adversaire.
Et c'est cette balle-là, précisément, qui va passer à postérité. A ce stade, les deux hommes en sont à 27 jeux partout, 163 points pour Becker, 162 pour Lendl. L'échange, empreint de tout le poids de l'histoire, est à couper le souffle. Diagonales de coups droits, slices de revers, changements de rythme, contre-pieds... Tout y passe. Aucune des deux légendes ne veut céder. Finalement, il faudra que le ciel s'en mêle pour mettre un terme à cet interminable rallye. Au 37e coup de raquette, un revers long de ligne de Becker touche la bande, s'élève et retombe pile derrière le filet. Le coup parfait. "Je n'arrivais même pas à voir de quel côté la balle avait atterri, racontera Becker au site de l'ATP. Alors, j'ai guetté la réaction de l'arbitre, puis de la foule. Et j'ai compris que les anges m'avaient souri..."
Dans les tribunes, c'est du délire. Un spectateur se distingue en se glissant sur le court pour venir ceindre Boris d'un drapeau allemand. Un autre, dans le box de Lendl, se fait tout petit. Il a 17 ans, et il est tout triste. Il s'appelle Pete Sampras. Ivan, Lendl, qui réside tout près d'ici, l'a invité chez lui quelques jours pour préparer ce Masters. Huit ans plus tard, ce même Sampras vengera Lendl lors d'une autre finale légendaire disputée cette fois en terrain allemand, à Hanovre. Et quelque chose nous dit que nous allons en reparler très vite...

3. David Nalbandian - Roger Federer

Edition : 2005
Finale
Vainqueur : David Nalbandian (Argentine)
Adversaire : Roger Federer (Suisse)
Score : 6-7(4), 6-7(11), 6-2, 6-1, 7-6(3)
"Roger, ne t’inquiète pas, ce n’est pas ta dernière finale. Tu vas gagner beaucoup de tournois, donc laisse-moi garder celui-là." David Nalbandian est sur son petit nuage ce dimanche 20 novembre 2005 à Shanghaï. L’Argentin vient de réaliser quelque chose de si improbable qu’il faut se frotter les yeux pour le croire : il a battu l’invincible Federer, double tenant du titre, remontant au passage un handicap de deux sets lors de ce qui reste incontestablement comme la plus belle finale du Masters au XXIe siècle.
L’histoire est d’autant plus belle pour "Nalby" qu’il n’avait tout simplement rien à faire cette année-là dans le tournoi des Maîtres. Classé à la 11e place à la Race avant l’épreuve, il avait même déjà préparé ses bagages pour aller pêcher en Patagonie. Mais une avalanche de forfaits – Rafael Nadal, Lleyton Hewitt et surtout Andy Roddick à la dernière minute – a changé radicalement ses plans. Sans pression, Nalbandian se saisit avec gourmandise de l’occasion pour se frayer un chemin jusqu’en finale.
Mais l’aventure, aussi rafraîchissante soit-elle, doit s’arrêter là. Car de l’autre côté du filet, se présente un patron glouton qui n’a plus connu la défaite depuis une demi-finale de Roland-Garros contre Rafael Nadal (soit 35 victoires d’affilée). Pour se rendre compte de la complexité de l’équation à résoudre pour l’Argentin, voici quelques chiffres à méditer : Federer n’a plus perdu au Masters depuis 14 matches (demi-finale 2002), il a remporté ses 24 dernières finales sur le circuit et il joue pour égaler le record-bilan de John McEnroe sur l’année 1984 de 82 succès pour 3 défaites. Rien que ça.
Difficile en outre d’être rassuré par la démonstration du Suisse en demi-finale contre Gaston Gaudio, reparti du court à bicyclette (un 6-0, 6-0 que nous avons déjà évoqué). Beaucoup auraient d’ailleurs sans doute perdu le match avant de le disputer. Mais ce n’est pas dans la nature de Nalbandian de faire des complexes : d’ailleurs n’a-t-il pas été la bête noire de Federer, s'adjugeant leurs 5 premiers face-à-face avant que le Suisse ne rééquilibre les débats ? Autre motif d’espoir pour l’Argentin : il lui a pris un set en poule et, surtout, le Bâlois revient d’une pause de plusieurs semaines à cause d’une blessure à la cheville. Si le match dure, il sait qu’il peut en tirer profit.
Entre ces deux esthètes, les débats sont à la hauteur des attentes. Aux accélérations en coup droit de Federer, Nalbandian réplique par des délices de revers longs de ligne. Les balles fusent, le rythme est infernal. A-t-on déjà vu autant d’aisance technique déployée sur un court ? Pas sûr. Surtout lors des deux premiers sets. Le Suisse breake à chaque fois le premier, avant de se faire rejoindre. Mais il a ce petit truc en plus, cette suprême confiance, qui fait basculer en sa faveur les deux manches au tie-break. Lors du deuxième, finalement enlevé 13 points à 11 par le Maestro, les deux hommes font des prodiges : amorties, demi-volées spectaculaires et autres duels échevelés au filet, le public chinois n’en finit plus de crier son admiration.
Pas franchement dominateur, Federer a néanmoins une belle avance. Rien ne semble pouvoir arriver à celui qui n’a perdu qu’une fois jusqu’alors dans cette configuration en Coupe Davis face à Lleyton Hewitt deux ans plus tôt. Et pourtant, Nalbandian qui arbore désormais un polo rouge, continue son travail de sape. Ses changements de rythme en revers font énormément courir son adversaire. Jusqu’au point de non-retour. En panne sèche d’essence, Federer paie son manque de compétition. Après avoir abandonné le 3e set 6-2, il perd 10 jeux consécutifs pour se retrouver mené 4-0, 30/0 dans l’ultime acte.
Mais le champion suisse est orgueilleux. Il prend la balle de plus en plus tôt, abrège les échanges, et au talent, refait spectaculairement son retard. A tel point qu’il sert même pour le match à 6-5. C’est à ce moment-là que cette finale connaît son twist final. Nalbandian débreake, d’un revers long de ligne bien entendu, avant de dominer l’ultime tie-break. "J’ai surpris le monde, il ne perd quasiment jamais", s’enthousiasme-t-il. Ce succès mythique restera le point culminant d’une carrière qui aurait mérité au moins un sacre en Grand Chelem.

4. Björn Borg - John McEnroe

Edition : 1980 (jouée en janvier 1981)
Match de poule
Vainqueur : Björn Borg (Suède)
Adversaire : John McEnroe (Etats-Unis)
Score : 6-4, 6-7(3), 7-6(2)
Borg-McEnroe 80. Rien qu'énoncée comme ça, l'affiche donne des frissons, ramenant évidemment à la légendaire finale de Wimbledon entre les deux hommes. Mais cette saison-là, deux des trois membres du Big Three de la fin des seventies se disputent deux autres matches fantastiques : une finale de l'US Open en cinq sets puis, quelques mois plus tard, toujours à New York, cette rencontre de poule au Masters qui va être marquée par un incident d'arbitrage resté dans les annales. Un incident qui ne viendra pas de celui que l'on croit...
C'est aussi ce qui va donner à la scène toute sa dimension mythique, au point de venir phagocyter dans la mémoire collective tout le reste du match, pourtant superbe. Une scène qui ne sera même pas décisive quant à l'issue de ce match. Mais elle est incroyable, rarissime, surréaliste. Car elle provient de l'homme le plus mutique du monde. C'est du moins ce qu'on croyait, jusque-là. Ce match, c'est aussi, historiquement, la dernière victoire de Borg sur son jeune rival, face auquel il a encore un mince ascendant. Le Suédois, toujours n°1 mondial, semble d'ailleurs se diriger vers un succès confortable alors qu'il mène 6-4, 6-5, service à suivre. L'Américain, même s'il a mené 4-2 au 2e set, n'est pas au mieux. La veille, lors de sa défaite en ouverture face à son compatriote Gene Mayer, il a souffert de nausées. Et il s'est froissé un muscle à la cuisse.
Mais il trouve les ressources pour débreaker et entraîner son adversaire vers un tie-break dont on ne soupçonne pas encore la tournure dramatique. L'incident éclate à 3 points partout. Borg frappe un passing de coup droit plein fer, et gagnant. Les images qu'il en reste ne sont pas évidemment de la plus haute définition, mais c'est vrai qu'il semble bien plonger avant la ligne, ce passing. En tout cas, le juge de ligne ne bronche pas. Mais l'arbitre, si. Il overrule son juge, ce qui ne se fait quasiment pas à l'époque. Courageux, surtout à un moment aussi critique.
Le sextuple vainqueur de Roland-Garros se dirige vers l'officiel, un Anglais nommé Mike Lugg, agent immobilier de son état. Debout à quelques centimètres de la chaise, il pointe sa raquette vers la zone critique et répète sa vision des choses. Lugg ne peut décemment pas se déjuger lui-même. Mais Björn n'en démord pas. Au bout d'une minute, il écope d'un warning. Puis d'un point de pénalité. 5-3 McEnroe.
Les 19 103 spectateurs du Madison Square Garden sont en furie. Finalement, le plus calme dans tout ça, c'est Borg lui-même. Sa protestation est presque silencieuse, ce qui lui donne toute sa force. Mais elle est obstinée. Il fait venir le superviseur, qui bien évidemment ne peut rien faire. Et les secondes continuent de s'égrener. Lugg prononce un deuxième point de pénalité. 6-3 McEnroe. Lequel, pendant ce temps, assiste à la scène de loin, avec incrédulité. "Je n'en croyais pas mes yeux, j'étais choqué de voir Borg faire ça, racontera-t-il. J'avais presque peur qu'il ne finisse par s'en aller."
Mais Borg n'en fera rien. Il reprend finalement le jeu, pour perdre le dernier point de ce tie-break, joué dans le Bronx le plus total. Quel genre d'animal à sang-froid faut-il être pour être capable de se relever après ça ? Eh bien Borg, lui, en est capable.
Il dira certes qu'il lui a fallu plusieurs jeux dans le 3e set pour effacer l'incident de sa mémoire. Mais il tient le score, avec son service, et retrouve ses esprits à temps pour enlever un nouveau tie break, après 2h43 d'un match qui s'achève bien après minuit. Et qu'il finit sans serrer la main de l'arbitre. C'est le deuxième Masters consécutif où il bat McEnroe 7-6 au 3e set. Comme l'année précédente, il ira au bout...

5. Roger Federer - Stan Wawrinka

Edition : 2014
Demi-finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Stan Wawrinka (Suisse)
Score : 4-6, 7-5, 7-6(6)
"Cry baby, cry !" L'apostrophe est restée célèbre, du moins dans le monde feutré de la petite balle jaune. Ce samedi 15 novembre 2014, l’ambiance est électrique et la tension à son comble pour la demi-finale fratricide entre les deux Suisses Roger Federer et Stan Wawrinka. Et en plein money time, alors que le premier vient de sauver une balle de break à 5 partout dans le troisième set, le second sort de ses gonds.
En cause ? Les encouragements trop bruyants de… Mirka Federer pour son mari avant que celui-ci ne serve. Wawrinka pointe alors sa raquette vers elle, ce à quoi l’intéressée répond sèchement en lui reprochant donc de "pleurer" pour rien. "Qu’est-ce qu’elle a dit ?", s’exclame-t-il dans la foulée, excédé. L’arbitre français du match, Cédric Mourier, parvient à calmer temporairement les esprits, avant que le Vaudois ne lui précise au changement de côté le fond de se pensée. "Elle a fait pareil à Wimbledon. Chaque fois je suis de son côté, elle gueule juste avant que je serve. C’est insupportable." Il s’agit du troisième duel entre les deux joueurs en 2014, saison charnière dans la carrière de celui que l’on surnomme désormais "Stanimal".
Dans le sillage de son premier titre déclic en Grand Chelem à Melbourne, Wawrinka avait ainsi fait fi de son complexe d’infériorité en triomphant de Federer en finale de Monte-Carlo. Quelques mois plus tard, en juillet, en quart de finale sur le gazon du All England Club, son glorieux aîné avait pris sa revanche non sans avoir été sérieusement bousculé. Ces retrouvailles à Londres ont donc des allures de belle entre un Bâlois toujours au top et un Vaudois décomplexé. Les débats sont équilibrés et parfois brutaux.
La puissance et le poids de la balle de Wawrinka font mal tennistiquement et physiquement à Federer qui, en résistance, arrache un troisième set. Mais c’est bien son cadet qui fait la pluie et le beau temps (43 coups gagnants pour 48 fautes directes). Après un break d’entrée dans la dernière manche, ce dernier sert pour la finale à 5-4, obtient trois balles de match, mais doit faire sans sa première à chaque fois. Tendu, Wawrinka tente le service-volée sur seconde à trois reprises et se fait punir. Jamais aussi près d’atteindre la finale du Masters, il est sur un fil nerveusement quand il se fait débreaker.
S'ensuit donc ce fameux épisode et un tie-break irrespirable au cours duquel Federer se bloque le dos. Raide comme un piquet, celui-ci parvient pourtant à sauver une 4e balle de match avant de convertir sa première d’une montée au bluff en slice suivie d’une volée amortie. L’accolade au filet est chaleureuse, mais elle n’est que de façade. L’un sait que ses chances en finale sont compromises – il déclarera d’ailleurs forfait – tandis que l’autre rumine les occasions manquées de ce qui reste, à l’heure actuelle, le plus grand regret de sa carrière.
"Cette défaite aurait pu me hanter s’il n’y avait pas eu la finale de Coupe Davis derrière. Grâce à elle, je n’ai pas eu le temps de m’appesantir", a confié récemment Wawrinka. Après une explication animée dans les vestiaires à Londres, il fera ainsi la paix des braves avec Federer et sera le pilier de la victoire helvétique face à la France à Lille. Quelle histoire !

6. Ivan Lendl - Vitas Gerulaitis

Edition : 1981 (Jouée en janvier 1982)
Finale
Vainqueur : Ivan Lendl (Tchécoslovaquie)
Adversaire : Vitas Gerulaitis (Etats-Unis)
Score : 6-7, 2-6, 7-6, 6-2, 6-4
Un an après l'épisode malheureux du "Chicken" (voir ci-dessous) et sa première finale perdue contre Björn Borg, Ivan Lendl confirme son appétence pour le Madison Square Garden et le Masters, qui ne se démentira jamais au cours des années 80. Lors de cette édition 1981, il retourne en finale, sans la moindre polémique cette fois. Au contraire. Lendl impressionne. Numéro 2 mondial derrière John McEnroe, il balaie ce dernier dans une demi-finale très attendue mais à sens unique : 6-4, 6-2. Big Mac a pris une big claque.
En finale, le jeune Tchécoslovaque affronte Vitas Gerulaitis. Le dernier homme à l'avoir battu. C'était en huitièmes de finale de l'US Open, début septembre. Depuis, Lendl a aligné 35 victoires consécutives, dont une face à "Geru" en match de poules du Masters, après une rencontre acharnée (4-6, 7-5, 6-2) que l'Américain a d'abord dominée sans pouvoir la conclure.
Dans ce remake, Gerulaitis domine à nouveau les débats. Il les survole même, en multipliant les prouesses au filet. 7-6, 6-2, 2-0, et deux balles de double break à 15/40. Lendl avait perdu deux grandes finales déjà, mais c'était contre Borg, au Masters 1980 et à Roland-Garros au printemps 1981. Cette fois, on le guettait au tournant. Clairement, il déçoit.
Puis cette finale va tourner sur deux points, révélateurs du caractère de l'enfant d'Ostrava. Le "fuck you forehand", d'abord (dont nous avions parlé il y a peu dans le Grand Récit qui lui a été consacré). Peut-être le plus "beau" de la carrière de Lendl. A 2-0 contre lui dans le troisième set, Lendl balance un énorme parpaing de coup droit qui touche Gerulaitis en pleine tête. Boucle d'or avouera après coup avoir eu "un mal de crâne" pendant quelques jeux, avant de dire, non sans humour : "De toute façon, je ne risquais rien, je n'ai rien dans le crâne."
Ce point va relancer Lendl, qui rentre vraiment dans sa finale à compter de ce moment. Un peu plus tard, dans le tie-break, Gerulaitis obtient une balle de titre, à 6-5. Lendl ne passe pas sa première. Agressé constamment sur sa seconde balle depuis le début du match, il décide d'en mettre plus, quitte à tout risquer. "J'ai davantage appuyé ma deuxième balle pour l'empêcher de monter", expliquera-t-il. L'échange s'amorce, et c'est le Tchèque qui vient chercher son salut au filet. Deux points plus tard, il a gagné le set. Deux sets plus tard, il tient son premier titre.
Breaké d'entrée de quatrième manche, Gerulaitis craque ensuite sur une double faute qui offre le break décisif à son jeune adversaire à 2-2 dans le dernier acte. "Bravo à lui, il a été courageux sur tous les points importants", salue l'Américain. L'histoire retiendra donc que le premier grand titre de Lendl a été obtenu en remontant un handicap de deux sets en finale. Deux ans et demi plus tard, pour ouvrir son palmarès en Grand Chelem à Roland-Garros, une autre finale fera écho à cette soirée du Madison Square Garden, avec un autre Américain, plus illustre encore, dans le rôle de la victime.

7. John McEnroe - Arthur Ashe

Edition : 1978 (jouée en janvier 1979)
Finale
Vainqueur : John McEnroe (Etats-Unis)
Adversaire : Arthur Ashe (Etats-Unis)
Score : 6-7(5), 6-3, 7-5
Peut-être le plus spectaculaire braquage jamais opéré sur le Masters. Après s'être révélé un an plus tôt, Jon McEnroe explose pour de bon lors de cette saison 1978 qui le voit remporter ses quatre premiers titres ATP (avant le Masters), plus la Coupe Davis. A 19 ans, il est toutefois encore un champion mal dégrossi. Techniquement, il se cherche un peu au service, dont la fameuse gestuelle en forme d'arabesque n'est pas tout à fait celle que l'on a connu ensuite.
Au total de ses cinq matches du Masters, l'Américain commet d'ailleurs 27 doubles fautes. Dont trois consécutives sur autant de balles de 1er set, alors qu'il mène 5-4, 40-0 lors de cette superbe finale intergénérationnelle contre Arthur Ashe (35 ans). Un adversaire que McEnroe a largement dominé en poule, pourtant. Mais qui, pour ce match de gala, a ajusté sa tactique, et notamment sa position en retour de service.
Trois doubles fautes sur trois balles de set ? Voilà le genre de bévue qui peut se payer cash, surtout que "Little" Big Mac en rate une 4e d'un smash dans le filet. Avant de perdre cette première manche au tie-break. C'est dire la force de caractère peu commune qui habite ce drôle de zozo.
Un zozo qui va même faire encore plus fort ensuite. Dans le 3e set, il est en effet mené 4-1. Puis, à 5-4, 15-40, il est sommé de sauver deux balles de match sur son service. Sur la seconde, le plus expérimenté des deux Américains frappe un superbe retour de revers dans les pieds. C'est fini ? Non, car le 1er service de McEnroe est annoncé faute. "Je parie toute ma fortune qu'il était bon. Mais c'est déjà de l'histoire ancienne", réagira ensuite Ashe, comme toujours impeccable dans la défaite.
Finalement, McEnroe tient son service, breake dans la foulée et se fait une ultime frayeur au moment de servir pour le titre en gâchant à son tour deux premières balles de match. Mais sur la troisième, il conclut d'un service gagnant au bout de 2h35 de jeu, avec un mélange de culot et d'aplomb qui épatent le tout New York, ravi d'avoir été le théâtre grandiose de cette première des trois finales 100% US de l'histoire du Masters.
A 19 ans et 10 mois, John McEnroe devient le plus jeune vainqueur du tournoi, un record qui tient toujours aujourd'hui. Il est le premier à le remporter dès sa première participation (si l'on excepte bien sûr le vainqueur de la première édition, Stan Smith), un autre exploit seulement réussi depuis par Corretja (1998), Dimitrov (2017) et Tsitsipas l'an dernier. Cherry on the cake : cette année-là, McEnroe s'impose aussi en double avec son partenaire historique Peter Fleming aux côtés duquel il remportera sept fois consécutivement le titre ! Dont un autre doublé, en 1984. Doublé que personne n'a réussi depuis.

8. Arthur Ashe - Ilie Nastase

Edition : 1975
Match de poule
Vainqueur : Arthur Ashe (Etats-Unis)
Adversaire : Ilie Nastase (Roumanie)
Score : 1-6, 7-5, 4-1, def.
L'abandon d'un joueur qui provoque la disqualification d'un autre. Pardonnez-nous cette légèreté linguistique mais on est là dans la fin de match la plus "WTF" de l'histoire du Masters, sinon du tennis. Et encore, là, c'est très résumé. La réalité est plus complexe. Et plus savoureuse aussi.
Nous sommes le 30 novembre 1975, à Stockholm. Le premier match de poule du Groupe 2 est un gros choc entre Ilie Nastase, triple vainqueur du tournoi, et Arthur Ashe, vainqueur à Wimbledon cette année-là, qui joue ni plus ni moins la place de n°1 mondial sur ce Masters. Après une première partie complètement à l'avantage de son adversaire, Ashe renverse la vapeur et s'envole vers la victoire dans le 3e set, quand il se détache 4-1, 15-40. Là, comme toujours quand il est malmené, Nastase commence à donner le change. Et c'est parti pour le show...
Dans un premier temps, le Roumain engage le point normalement. Mais Ashe ne joue pas, parce qu'une balle traîne sur le court. Let. Nastase proteste, traîne. Quatre fois, il fait mine de servir et quatre fois, il s'interrompt, tançant malicieusement son adversaire : "Are you ready, Mister Ashe ?" Il se fait interpeller par un spectateur qui le presse de jouer, répond à celui-ci de la fermer, puis se fait encore invectiver par l'arbitre, répond encore...
Et c'est à ce moment précis, après plus de 2 minutes de palabres, que l'impensable se produit. Arthur Ashe, le placide et révérencieux Arthur Ashe, pète un câble, pour la première et dernière fois de sa carrière, du moins dans de telles proportions. Il se dirige vers sa chaise, range ses affaires et s'en va en réclamant à la cantonade une disqualification de son adversaire - qui l'applaudit chaleureusement – pour dépassement de temps et, disons, excès de pantalonnades. Ashe connaît le règlement, et pour cause : il a lui-même contribué à l'édicter, en tant que Président du Conseil des joueurs.
Si l'Américain avait été quelques secondes plus patient, c'est précisément ce que l'arbitre allemand de la rencontre, Horst Klosterkemper, s'apprêtait à faire, après un bref échange avec le président de la Fédération internationale, Cecil Hardwick. Cette concomitance des événements crée un fait sans précédent : dans un premier temps, les deux joueurs sont déclarés... perdants tous les deux. Une sorte de match nul ubuesque qui fausse forcément la donne, même dans un round-robin. Ça ne tient pas la route.
Ashe conteste avec véhémence sa disqualification. Vu son statut et sa réputation, sa parole a du poids. Le soir même, un conciliabule est urgemment tenu en coulisses. Après quatre heures de discussions entre les deux joueurs et les instances, ces dernières annoncent finalement la réhabilitation de l'Américain. Nastase hurle au complot.
Mais s'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à "Nasty", c'est de savoir reconnaître ses torts. Le soir-même, il s'en va acheter un bouquet de roses et vient les apporter à Arthur. Ce dernier, qui est en train de dîner seul, l'accueille d'un grand éclat de rire. Les deux hommes sont comme chien et chat mais au fond, ils s'adorent. Et puis, pour Nastase, cette disqualification n'en est pas vraiment une puisqu'il est autorisé à poursuivre le tournoi. Ce qu'il fait brillamment jusqu'à une finale immaculée contre Borg. Un chef-d'œuvre. C'est son 4e Masters. Ashe, lui, ne remportera jamais le tournoi. Et ne sera jamais n°1 mondial.

9. Andy Murray - Milos Raonic

Edition : 2016
Demi-finale
Vainqueur : Andy Murray (Grande-Bretagne)
Adversaire : Milos Raonic (Canada)
Score : 5-7, 7-6(5), 7-6(9)
A quoi se joue le destin d’un champion ? A quelques centimètres parfois, à l’audace et au caractère souvent. Andy Murray le sait mieux que quiconque, lui qui reste le seul à avoir fait d’une pierre deux coups en remportant le dernier match de la saison 2016 : s’adjuger le Masters et assurer sa place de numéro 1 mondial en fin de saison. Mais s’il a su terminer le travail dans une finale sans suspense face à son rival le plus intime Novak Djokovic, l’Ecossais avait bien fait le plus dur la veille en demie contre Milos Raonic.
Qui aurait pu croire qu’il disputerait le match en deux sets gagnants le plus long de l’histoire du tournoi (depuis l’enregistrement des durées en 1991) contre le bombardier canadien ? Pas même lui. "Je ne m’attendais pas à jouer aussi longtemps contre un serveur comme Milos. Je suis fatigué", lâchera laconique le vainqueur après 3h38 d’efforts, de tension et d’un duel de très haute tenue. Cette saison-là, les deux joueurs ne se sont pas quittés : il s’agit ainsi de leur 6e affrontement qui aurait même dû être leur 7e si Raonic n’avait pas déclaré forfait deux semaines plus tôt à Bercy.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la balance penche largement du côté de Murray qui a toujours pris le dessus. En juillet, Londres avait déjà mis en scène les deux hommes pour ce qui reste à ce jour la seule finale de Grand Chelem jouée et donc perdue par Raonic sur le gazon de Wimbledon. Le Canadien le sait : il est en territoire ennemi dans la capitale anglaise. Tout le public britannique est derrière son héros qui se bat pour le trône dans un sprint final effréné. Mais le grand Milos ne s’en soucie guère. Sa mécanique parfaite au service et sa tactique offensive, sans être kamikaze, mettent à mal les velléités adverses.
Quand il breake dès le 3e jeu du deuxième set après avoir enlevé le premier, le coup semble parfait. Avant que le premier tournant du match ne se produise : Raonic paie d’un débreak blanc un léger relâchement et Murray enflamme un public jusqu’alors éteint. L’Ecossais met progressivement en place sa petite cuisine faite de chips, de changements de rythme, de passings en deux temps à l’échange. Et si les débats restent serrés, il parvient logiquement à enlever la manche au tie-break. Un peu moins à son aise, le Canadien résiste jusqu’à 4-4 dans l’ultime acte, avant de céder une nouvelle fois blanc son engagement.
Pourtant, Raonic n’est pas prêt à lâcher le morceau et se rue au filet pour débreaker. Impensable, le scénario se reproduit malgré tout : quatre breaks consécutifs obligent les deux hommes à disputer un nouveau jeu décisif. Murray, qui a déjà servi deux fois pour la finale, voit alors 3 balles de match lui filer sous le nez et se retrouve lui-même à devoir jouer sa peau à 9 points à 8 contre lui. Les 17 000 spectateurs retiennent leur souffle. Et c’est à ce moment que le champion se révèle : après un échange tendu, il se tire de ce mauvais pas d’une belle montée au filet.
Les centimètres, le caractère et l’audace, disions-nous au début de cette rétrospective. C’est assurément cette combinaison qui a permis à Murray de s’imposer 11 points à 9 dans cette fin de partie aussi folle qu’enthousiasmante. Cette 23e victoire d’affilée arrachée sur le fil – il avait raflé les titres à Pékin, Shanghaï, Vienne et Bercy avant ce Masters – le conforte dans son sentiment d’invincibilité. Ni la fatigue ni Djokovic ne pourront se mettre en travers de sa route. Et si cette quête étourdissante s’est avérée bien coûteuse par la suite, le jeu en valait sûrement la chandelle pour marquer de son empreinte son époque.

10. Jimmy Connors - Ivan Lendl

Edition : 1980 (Jouée en 1981)
Finale
Vainqueur : Jimmy Connors (Etats-Unis)
Adversaiere : Ivan Lendl (Tchécoslovaquie)
Score : 7-6(1), 6-1
C'est un simple match de poule. En deux sets. Une victoire 7-6, 6-1 de Jimmy Connors sur Ivan Lendl. Enoncé comme cela, il y a de quoi se dire "mais qu'est-ce que ce match fait ici, en ouverture du Top 10 ?" Soyons clairs, ce n'est pas la qualité de la rencontre en elle-même qui justifie sa présence ici. Mais davantage son contexte et plus encore les mots qui lui ont succédé avec des implications durables sur la carrière d'un des deux protagonistes.
Nous sommes donc en janvier 1981. Réunis dans le groupe 2 en compagnie de Guillermo Vilas et Harold Solomon, Lendl et Connors dominent les débats. Ils ont remporté leurs deux premiers matches et sont donc déjà qualifiés pour les demi-finales lorsqu'ils s'affrontent pour ce qui s'apparente à la finale de ce groupe.
C'est le dénouement, surprenant, de l'autre poule, qui va semer la zizanie et ouvrir la porte à des calculs de la part de Lendl. Gene Mayer a en effet fini en tête du groupe 1, devant Björn Borg. Le vainqueur du match Connors-Lendl affrontera donc Borg en demie, le perdant Mayer. Tout ça ressemble de près à un "qui gagne perd", car personne n'a envie de retrouver le numéro un mondial suédois.
Le premier set se déroule normalement. Lendl et Connors arrivent au tie-break, que l'Américain empoche après avoir dû sauver des balles de set sur son service à 4-5 et 5-6. A partir de là, le match change de ton et la seconde manche vire à la mascarade. Lendl, soudain apathique, ne parait plus compétitif. Il rend très vite les armes. 6-1.
Connors termine donc en tête du groupe et hérite de Borg. A Lendl l'invité surprise Gene Mayer. Jimbo apparait écoeuré. Il secoue la tête, serre la main de sa complaisante victime sans même la regarder. Puis il lâche lors de l'interview télévisée ce mot qui collera durablement à la peau de Lendl : "Chicken". Une pouille mouillée. Le Tchécoslovaque aurait eu peur d'affronter Borg et aurait préféré un pitoyable calcul d'apothicaire.
Lendl se défend comme il peut en conférence de presse, avançant un changement tactique en début de deuxième manche qui n'aurait pas porté ses fruits selon lui. Connors, lui, a la tête des mauvais jours. "Pensez-vous que Lendl a balancé le deuxième set ?" "Je ne vous répondrai pas", commence par dire Connors, alors qu'il opinait comme pour dire 'oui' pendant la question du journaliste. Mais il ne faut pas le pousser bien longtemps :
Je ne peux pas comprendre cette attitude. Un jeune joueur, comme ça, en pleine ascension, qui joue son premier Masters, et qui agit de cette façon ? Je ne pense pas que les fans apprécient une attitude pareille. Oui, c'est une pouille mouillée.
Ce terme, "chicken", il le martèle plusieurs fois. La réputation de Lendl est faite. A court terme, son calcul paie. En demi-finale, il balaie Gene Mayer, quand Jimmy Connors bute sur Borg. Mais sur la durée, il paiera cher cette soirée du Garden et cette étiquette de "chicken".
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