Tsonga, heureux quand même

Ne croyez pas que Jo-Wilfried Tsonga boude son plaisir d'être qualifié pour la Masters Cup. Mais vous ne lui ferez pas dire que Paris-Bercy passe après Londres. A choisir, celui-ci préfèrerait cent fois gagner un second titre devant son public plutôt que d'aller jouer en Masters Cup dans dix jours. C'est pudiquement qu'il avoue du bout des lèvres qu'il est très content de faire partie des huit meilleurs joueurs du monde de la saison. Mais c'est surtout un sentiment de fierté que le 8e joueur mondial ressent depuis sa demi-finale jouée à Wimbledon.

"Je savais que j'étais qualifié pour le Masters avant d'entrer sur le court face à Seppi. Forcément, ça fait plaisir. Forcément, ça m'a permis d'être évidemment plus détendu. L'objectif premier, c'est toujours ici. J'ai d'autres objectifs sur ce tournoi. Premièrement, j'ai envie de bien faire parce que c'est en France. J'ai aussi envie de bien faire parce que je pourrais terminer l'année à une meilleure place mondiale au classement technique si je joue bien. Je suis très content d’être aux Masters, mais ça reste que dans deux semaines, et avant ça, il y a des choses à faire." Ce n'est pas lui qui vous dira qu'il est le premier Français depuis Henri Leconte à jouer un deuxième Masters dans sa carrière (1986 et 88). Guy Forget (en 1991) et Sébastien Grosjean (finaliste en 2001), N.4 mondiaux au top de leur carrière, n'accusent qu'une seule participation. Yannick Noah reste le joueur français plus assidu dans cette compétition particulière avec quatre participations devant Leconte (trois).

A 26 ans, Tsonga a mis à profit une saison jouée entièrement sans avoir eu de gros soucis physiques à gérer. Avec une demi-finale à Wimbledon comme apogée cette année, le Manceau vit une seconde partie de saison très belle avec en plus un quart de finale joué à l'US Open et deux titres gagnés à Metz et Vienne. Loin, très loin de ce qu'il a vécu en 2010, où sa saison a été interrompue trois mois après Wimbledon et stoppée pour de bon fin octobre avant la finale de Coupe Davis. Loin également de celle de 2008, où il a observé une coupure de mai à août en raison d'une opération au genou droit. C'est pourtant cette année là qu'il a connu sa première qualification en Masters Cup grâce à une finale majeure jouée à l'Open d'Australie et une victoire à Paris-Bercy qui lui a permis de valider son ticket pour de bon.

"Je vais être plus fier de ma demi-finale en Grand Chelem que des demi-finales en Masters ou quoi que ce soit. Quelque part, je suis un peu individualiste dans ma carrière. (...) Si je suis fier en tout cas de rejoindre mes aînés,pour moi, ce n'est pas un réel objectif. Battre Djokovic, c'est mon prochain". En 2008, Novak Djokovic était déjà souvent sur sa route. En finale à Melbourne bien sûr, mais également à Paris-Bercy où le Français a eu besoin de trois sets pour éliminer le Serbe en huitième de finale (6-4, 1-6, 6-3). Puis également en Masters Cup où le Français a remporté face à lui son unique victoire à l'heure actuelle dans cette compétition. Cette année, c'est dans le costume du N.1 mondial qu'il retrouvera Djokovic en quarts de finale de Paris-Bercy. Dans des conditions indoor où le Serbe n'a jamais dominé le Français en quatre rencontres (entre 2008 et 2009). Voilà de quoi ne pas bouder son plaisir non plus.

. LES FRANÇAIS AU MASTERS :

4 participations : Yannick Noah (1983, 1984, janvier 86, décembre 86)
3 : Henri Leconte (janvier 1986, décembre 1986, 1988)
2 : Jo-Wilfried Tsonga (2008, 2011)
1 : Pierre Barthes (1971)
Guy Forget (1991)
Sébastien Grosjean (2001)
Richard Gasquet (2007)
Gilles Simon (2008)