Sauver France-Espagne

Un seul Français au 3e tour, une élimination en huitièmes de finale de l'événement le plus important du tennis français de l'année. C'était, peu, très peu. Alors un quart de finale de Coupe Davis, ça ne se boude pas. C'est l'occasion de voir si l'union fait toujours la force dans le clan tricolore, ressoudé depuis les errements des années passées et un bon premier tour. Quoi? Le seul Français qui a passé le 2e tour à Roland-Garros (Tsonga) n'est pas là ? C'est pas grave, en Coupe Davis, c'est le groupe qui compte (c'est ce que les supporters de l'équipe de France se répètent façon méthode coué)...

Les Espagnols ont mis un certain temps à s'y mettre mais ils sont aujourd'hui devenus la référence en la matière. Comme les Français, ils accordent une place centrale à l'épreuve. Pour la génération précédente, celle de Carlos Moya, comme pour celle de Rafael Nadal, la Coupe Davis a servi d'initiation à la pression du haut niveau ou de révélateur. Moya le Majorquin a donné le relais à Nadal et ses coéquipiers font corps autour de lui. Pour les Bleus, qui n'ont aucune victoire en Grand Chelem à se mettre sous la raquette depuis 1983, chaque victoire en Coupe Davis est un triomphe national. Battre l'Espagne, qui reste sur cinq succès de suite face aux Français, serait un exploit. Pas besoin de motiver les troupes.

On ne peut pas dire que les Bleus soient gâtés de ce côté-là. Plusieurs forfaits se sont succédés. Et perdre Tsonga à une semaine d'une échéance importante est toujours un coup dur. Guy Forget est allé puiser dans toutes les ressources tricolores pour former une équipe capable de tenir tête aux tenants du titre. La forme de Gaël Monfils revient au beau fixe. Michael Llodra sort d'une saison sur gazon intéressante, avec un titre à Eastbourne. Gilles Simon pourrait être la bonne nouvelle de ce week-end. Longtemps hors des courts cette saison pour un problème au genou, il revient peu à peu dans le coup. Sans victoire dans cette compétition (2 défaites face à la République tchèque en 2009), le Niçois pourrait retrouver des ailes en débloquant son compteur.

Avec le forfait de Tsonga, qui prendra le leadership ? Il semblerait que Monfils soit le premier fer de lance de l'équipe de France. Le Parisien est le mieux classé (17e mondial), mais n'a que deux matches au compteur en Coupe Davis (une défaite en 2009 face à De Bakker aux Pays-Bas et une victoire en 2010 face à Kohlschreiber contre l'Allemagne). Le "showman" Monfils aime la surface (dur indoor) et s'appuiera sur le public clermontois pour mettre le feu à la rencontre. Michael Llodra, deuxième joueur de simple, peut lui aussi s'affirmer. Le 35e mondial, qui jouera le double aux côtés de Julien Benneteau, est une référence : il a joué 21 matches dans cette compétition et garde un bon ratio (13 victoires pour 8 défaites - 12/5 en double).

D'accord, Rafael Nadal ne sera pas là. Mais les Espagnols qui seront en France le week-end prochain ne seront pas à prendre à la légère. Les joueurs alignés sont tous présents dans le Top 30 mondial : Fernando Verdasco, 10e mondial, David Ferrer (12e), Nicolas Almagro (20e) et Feliciano Lopez (25e), héros de la finale 2009 remportée en Argentine... sur dur indoor. Ils n'ont d'ailleurs pas eu besoin du N.1 mondial pour décrocher leur dernier saladier d'argent. De plus, les Ibériques, vainqueurs de leur neuf derniers matches en Coupe Davis depuis 2008, aiment les Bleus : il faut remonter à 1923 pour retrouver une victoire tricolore face à l'Espagne.

Clermont, ville tout fraiche championne de France de rugby, sait recevoir. Après avoir fêté le gain du Bouclier de Brennus pour la première fois de leur histoire, les Clermontois sauront donner de la voix pour encourager les Bleus. C'est la deuxième fois que les Auvergnats accueilleront l'équipe de France de Coupe Davis. La première était un France-Roumanie en février 2007 avec un bon souvenir : une victoire tricolore 4-1 et une qualification pour les quarts à la clé.

Si les Bleus jouent souvent les quarts de finale en Coupe Davis, il faut remonter à 2004 pour les retrouver en demi-finales. Les Etats-Unis (2008) et la Russie (2007, 2006 et 2005) sont les derniers bourreaux des Tricolores aux portes du dernier carré. En 2009, la République tchèque avait éliminé la France dès le 1er tour. En 2004, c'était déjà l'Espagne en face, avec une défaite tricolore à la clé (1-4). Au prochain tour, le prochain adversaire serait l'Argentine ou la Russie du 17 au 19 septembre 2010. Une autre belle affiche en perspective : la France aura alors le privilège de recevoir de nouveau, quel que soit son adversaire.