"Il a voulu me prouver que j'avais tort" : Comment Herbert a convaincu Noah

Ce fut la surprise de l'année en Coupe Davis. Jeudi matin, une heure avant le tirage au sort à la Préfecture de Lille, personne en dehors du groupe n'imagine que Pierre-Hugues Herbert puisse figurer parmi les quatre protagonistes tricolores de cette finale contre la Belgique. Puis à 11h, la rumeur bruisse, avant de devenir information à midi : Yannick Noah laisse de côté Nicolas Mahut et Julien Benneteau pour intégrer Richard Gasquet, ce qui semblait possible, et Herbert, ce qui relevait de l'improbable.

Samedi soir, après le double, le capitaine a décortiqué la genèse de cette décision qui en a surpris beaucoup et irrité certains. Quand Pierre-Hugues Herbert est arrivé au stage de Marcq-en-Barœul plus tôt que prévu avec Nicolas Mahut après s'être coincé le dos au Masters de Londres, tout s'est compliqué pour l'Alsacien. "C'était un moment assez compliqué. Il était blessé, et il est passé de titulaire à remplaçant, raconte Noah. Vendredi dernier, à huit jours du double, à six de l'annonce du groupe, même le capitaine n'imagine alors sans doute pas intégrer P2H.

Mais ce que Noah et son staff ont vu les jours suivants a suffi à les convaincre. "Pierre-Hugues a eu une réaction fantastique, il a voulu me prouver que j'avais tort. Il a fait trois jours fantastiques à l'entraînement." En début de semaine, Herbert est donc revenu dans la course. Une idée va alors trotter dans la tête du capitaine. Car dans le même temps, Richard Gasquet revient lui aussi en trombe. "Pendant tout le stage, explique-t-il, l'information qu'on a eue, c'était 'Richard est monté en régime et il joue très bien'."

Or à partir du moment où le Biterrois était physiquement à 100% et en feu à l'entraînement, sa présence devenait quasiment automatique, dans l'optique du dimanche. "Si jamais il y avait un souci le premier jour en simple, explique le patron, à partir du moment où on a deux joueurs spécialistes de double, je ne voyais pas un de nos spécialistes de double tenir sur un match le dernier jour de Coupe Davis en simple, sur cinq sets notamment." Bingo pour Gasquet, donc. C'est là que l'association avec Herbert prend forme dans sa tête. "On a fait un essai rapide", dit Noah. Essai concluant.

Suffisamment en tout cas pour qu'il devienne vite une évidence. Pendant que tout le monde croit voir venir gros comme une maison la paire Mahut-Benneteau, c'est une autre qui se dessine. "On avait déjà une vision, reprend Noah. Même si Richard n'est pas spécialiste de double, il a une qualité de retour de service incroyable. Il avait une envie, il l’a prouvé. Je me disais qu’avec Pierre-Hugues il pouvait être techniquement complémentaire." Le mardi, à J-2 du tirage, la décision est prise. "Quand j'ai vu le début de match, avoue Noah, c'est comme ça que je le rêvais". La suite s'est avérée plus tumultueuse, mais pas au point de mettre au tapis le choix du capitaine.