Les Belges y croient toujours, mais Goffin ne suffira pas

Pour effectuer le (très) court voyage retour jusqu'à la maison avec un gros saladier dans les valises, les Belges avaient besoin de deux choses : un David Goffin impérial apportant deux points et un exploit de Steve Darcis ou du double. La mission reste possible, mais la fenêtre de tir est de plus en plus ténue. Après deux jours de finale, le leader liégeois a parfaitement assumé son rôle jusqu'ici, mais l'exploit n'est toujours pas là. Steve Darcis a bu la tasse face à Tsonga, et le double Bemelmans-De Loore a cédé en quatre sets contre Herbert et Gasquet. La Belgique est donc condamnée au sans faute dimanche.

David Goffin devra d'abord dominer Jo-Wilfried Tsonga dans le choc des patrons, puis Steve Darcis devra se surpasser pour battre, au choix, Lucas Pouille ou Richard Gasquet. S'ils auraient préféré se trouver dans une autre situation, les hommes de Johan Van Herck ne sont pour autant pas en mode panique. "Je ne suis pas du tout abattu, assure le capitaine des Rouges. C’est une situation que l’on connait. Ce sera difficile demain (dimanche) mais on a deux joueurs qui savent jouer le dimanche. On a deux belles cartes à jouer. Il faut prendre match par match."

Prenons match par match, donc. Il y a deux ans, à Gand, lors de la finale perdue contre la Grande-Bretagne, David Goffin était exactement dans la même situation et il avait cédé face à Andy Murray. Sa défaite avait scellé le sort de cette finale 2015. Mais ce n'est plus le même Goffin et Jo-Wilfried Tsonga, sans lui manquer de respect, n'est pas Murray. "Je pense que David a le jeu pour battre Jo, souligne Van Herck. Il est en confiance. Physiquement il est très bien." Le capitaine belge le savoure déjà, ce duel : "Ce sera un match à haut niveau, digne d’un dimanche de finale de Coupe Davis."

David Goffin sait aussi ce qui l'attend. "Ce sont des conditions que Jo aime bien, juge-t-il. Il peut bien prendre son coup droit, il a le temps de décaler. Je crains sa puissance, son service. Et son deuxième coup. Quand il a le temps de décaler et d’envoyer de grosse frappe au coup droit, c'est là qu'il est le plus dangereux." Il connait Tsonga, l'a déjà affronté six fois et a perdu à quatre reprises. Leur dernier duel, en février à Rotterdam, avait déjà pour cadre une finale. C'était aussi en indoor et même la balle était identique à celle utilisée à Villeneuve d'Ascq. Mais il avait aussi toujours perdu contre Pouille, et on a vu le résultat vendredi. C'est un autre Goffin, que Tsonga n'a encore jamais croisé.

Voilà pourquoi, de façon bien légitime, les Belges voient ce quatrième opus de la finale avec un certain optimisme. D'ailleurs, Johan Van Hercks a lâché un "Steve va jouer après David", comme si, dans sa tête, il se projetait déjà vers ce cinquième match décisif. Et là aussi, il y croit : "Steve connait cette situation, il sait la gérer même si, là, c'est une finale, c'est encore autre chose."

Après tout, Darcis est "monsieur match 5" en Coupe Davis. Dans ce contexte hors normes, même face à un adversaire intrinsèquement supérieur, il pense avoir un coup à jouer. "S'il y a un cinquième match et si je dois être sur le terrain, je serai prêt", avait-il prévenu dès vendredi soir après avoir buté sur Tsonga.

Quoi qu'il arrive, les Belges sont prêts à garder leur cap. Ils ne lâcheront pas un centimètre. Jusqu'au bout. Comme lors du double samedi, mais avec peut-être davantage d'atouts dans la manche pour dimanche. "Dans le double, lance Van Herck, on a montré encore une fois après un set difficile pourquoi on a ces résultats en Coupe Davis. On sait se mettre droit, se battre comme équipe." Il faudra encore ça dimanche, plus un Goffin en mode Masters. Mais cela pourrait ne pas suffire...