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Benneteau - Mahut, le bonheur simple du double

Laurent Vergne

Mis à jour 15/09/2018 à 21:07 GMT+2

COUPE DAVIS – Nicolas Mahut et Julien Benneteau avaient été les grands malheureux de la finale 2017. Ecartés du double au dernier moment par Yannick Noah, les deux anciens en avaient eu gros sur la patate. Samedi, en apportant, ensemble, le point de la qualification contre l'Espagne, ils ont soldé ce compte-là. Sans esprit de revanche. Un bonheur simple pour ce double pas comme les autres.

Julien Benneteau et Nicolas Mahut

Crédit: Getty Images

Nicolas Mahut et Julien Benneteau étaient en mission. Il y a dix mois, les deux compères, très amis dans la vie à défaut d'être d'habituels partenaires de double, puisque Mahut fait habituellement équipe avec Pierre-Hugues Herbert, avaient vécu un moment douloureux à Lille. Lors de la finale contre la Belgique, l'un et l'autre avaient espéré prendre part au double, avant de finalement suivre la rencontre depuis les tribunes. On se souvient de leurs larmes. Ils avaient cette douleur à solder.
Revenir ici, presque une année plus tard, a ravivé quelques plaies. "Au début de la semaine, avoue Julien Benneteau, c'était bizarre de se retrouver de nouveau à Lille à l'hôtel, et quand on est arrivé dans la salle pour s'entraîner il y avait forcément des choses qui remontaient." Par superstition, ils ont changé de chambre. "Après, il n'y a jamais, jamais, eu de sentiment de revanche ou de quoi que ce soit", jure le futur capitaine de Fed Cup. Et sur ce plan comme sur tant d'autres, Mahut est au diapason. "Je n'avais pas de ressentiment, je n'étais pas dans un esprit revanchard", a résumé Nicolas Mahut.
A la place, il y avait un désir et une volonté. Le désir, prendre une part de ce plaisir dont leur mise à l'écart de dernière minute lors de la finale 2017 les avait privés. La volonté, aussi, surtout, d'apporter leur pierre à l'édifice et de plier cette demi-finale contre l'Espagne dès samedi. C'était là l'essentiel pour eux. Ils l'ont fait. Et pas qu'à moitié.
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Julien Benneteau Nicolas Mahut

Crédit: Imago

Bruguera : "Nicolas et Julien ont joué le meilleur double que j'ai vu de ma vie"

Vainqueurs en trois sets de la paire Lopez-Granollers, les papys bleus, 72 ans à eux deux, n'ont pas été loin de livrer le match parfait samedi au stade Pierre-Mauroy, notamment dans sa partie initiale. Les Espagnols n'ont pas vu le jour, concédant un 6-0 en 18 minutes presque trop beau pour être vrai. La suite a été plus complexe, à l'image d'une troisième (et dernière) manche arrachée au jeu décisif. Mais globalement, il n'y a pas eu photo.
Pour s'en convaincre, il suffit de donner la parole aux victimes. "On a été assommé par leur niveau de jeu. On ne s'attendait pas à un niveau aussi incroyable, a confié Feliciano Lopez en guise d'hommage. On a certes fait quelques erreurs, mais sincèrement le niveau auquel ils ont évolué a été spectaculaire de la première à la dernière balle, à tel point qu'on s'est senti impuissant ou ridicule, appelez ça comme vous voulez." Sergi Bruguera, le capitaine ibère, n'a pas dit autre chose, parlant "d'un niveau incroyable du début à la fin, que ce soit au service ou en retour." Le double vainqueur de Roland-Garros va même plus loin : "Nicolas et Julien ont joué le meilleur double que j'ai vu de ma vie."
"Aujourd'hui ça s'est passé magnifiquement, c'était un sentiment incroyable", confirme Julien Benneteau qui, en dehors d'un ou deux moments de tension en fin de match, a rendu une copie exceptionnelle. Quelle histoire, quand même... Lui qui a fait ses adieux en simple lors du dernier US Open, sait qu'il savoure ses derniers moments de jouer professionnel. On l'a senti totalement libéré samedi, comme l'a relevé Feliciano Lopez : "Le fait de jouer peut-être le dernier match de sa carrière a fait que Benneteau a joué avec une aisance, une facilité et une détermination hallucinantes. Il a joué un match exceptionnel."

Noah compte toujours sur Benneteau

Le dernier ? "Normalement, oui, c'est le dernier", a souri Julien Benneteau au micro de BeIn Sports. Le mot clé, ici, étant peut-être davantage "normalement" que "dernier". Car le Bressan n'a pas complètement fermé la porte à la finale qui s'annonce. "Je serai là pour la finale c'est sûr, a-t-il promis. Sur le banc. Maintenant est-ce que je serai sur le court, c'est une autre histoire... La finale, c'est encore loin."
Pierre-Hugues Herbert, blessé pour cette demi-finale, avait ouvert la porte à un tandem Mahut-Benneteau. P2H devrait naturellement retrouver sa place dans deux mois, mais ce Benneteau-là est mieux qu'une roue de secours et, a minima, il est probable que Yannick Noah lui demande de se maintenir en forme. Au cas où. "Je compte sur lui, a souligné le capitaine. Quand il évolue à ce niveau, il est extraordinaire. J'espère qu'il aura encore envie de jouer deux mois de plus."
Samedi, Julien Benneteau ne ressemblait pas à un retraité. Nicolas Mahut et lui avaient un enthousiasme de juniors plus que de vétérans blasés. Ils avaient l'air de deux joueurs de Coupe Davis, cette épreuve qui, une fois encore, peut-être une des dernières fois, a démontré sa formidable faculté à générer du frisson. Il est bien, il est même juste, que ces deux-là, si irréprochables même dans les moments pénibles à vivre pour eux, aient pu partager cette émotion-là.
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Julien Benneteau et Nicolas Mahut nagent dans le bonheur

Crédit: Imago

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