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C'était vraiment le "black Friday"...

Laurent Vergne

Mis à jour 23/11/2018 à 21:04 GMT+1

COUPE DAVIS – Scénario cauchemardesque pour l'équipe de France vendredi. Deux simples, deux défaites. Deux lourdes défaites, même. Jérémy Chardy et Jo-Wilfried Tsonga ont été surclassés par Borna Coric et Marin Cilic. Yannick Noah n'était pas loin d'être abattu après ces deux claques. Remobiliser les troupes ne sera pas simple...

Le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis Yannick Noah assiste péniblement à la défaite de Jérémy Chardy contre Borna Coric

Crédit: Getty Images

De notre envoyé spécial à Villeneuve d'Ascq, Laurent VERGNE
Ce n'est pas vraiment une surprise, mais ce n'est pas pour autant que la double gifle reçue vendredi ne fait pas mal. Les Bleus ont les joues rouges et la tête qui tourne. Jérémy Chardy et Jo-Wilfried Tsonga n'ont pas existé vendredi contre Borna Coric et Marin Cilic lors des deux premiers simples de cette finale. Battus tous les deux en trois sets et un peu plus de deux heures, le Palois et le Manceau n'ont pas pu se hisser à la hauteur de l'évènement, ni de leurs adversaires. Il n'y a pas grand-chose à leur reprocher. Ils ont été à leur niveau, et les Croates au leur. Comme ses joueurs, Yannick Noah accuse le coup.
Après ce qu'il faut bien appeler une débâcle, en ce "black Friday" si bien nommé pour les Bleus, le capitaine est apparu complètement dépité. Il a eu beau lâcher un "ce n'est pas fini, il n'y a que 2-0", il a eu bien du mal à cacher qu'au fond, il ne semble plus vraiment y croire. Car au-delà du score, la manière laisse peu de place à l'imagination. "Quand ça se joue à un ou deux points, que tu es proche de gagner, tu peux avoir une grosse frustration. Mais là, on était très loin derrière", constate-t-il.
On avait envie de donner un peu plus, ne serait-ce qu'au niveau du spectacle
Il n'y a pas eu photo. Noah le sait et ne se cache pas. "Sur la qualité de service, la qualité de retour, le choix des zones, ça fait quand même beaucoup de domaines où ils ont été très supérieurs, admet l'ancien vainqueur de Roland-Garros. On n'a jamais été en mesure d'apercevoir la ligne d'arrivée aujourd'hui, ce qui est une autre forme de déception." Sur les deux matches, pas vraiment de regrets donc, pour le capitaine. Pas quant au dénouement, en tout cas. Mais sur le scénario, oui, un peu : "Tu espères toujours, sur une ou deux balles, faire un break, une opportunité d'avoir le public prêt à exploser. On avait envie de donner un peu plus, ne serait-ce qu'au niveau du spectacle."
On le sent sonné, comme rarement. Lui d'habitude toujours prompt à motiver, à booster son groupe, risque d'avoir du mal à trouver les mots pour faire jaillir l'espoir d'une source aussi tarie. "On cherche toujours quelque chose pour se raccrocher tant qu'on n'est pas complètement morts", souffle-t-il. Mais revenir de deux victoires à zéro est rare en Coupe Davis, rarissime en finale, et la mission apparait insoluble devant la différence de niveau entre les deux équipes.
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Jérémy Chardy dépité face à Borna Coric en finale de la Coupe Davis

Crédit: Getty Images

Pour gagner ces deux matches, il aurait fallu faire deux grosses performances
En cherchant bien, on gratte jusqu'en 1996 et cette demi-finale à Nantes contre l'Italie, où les Bleus, sans victoire le vendredi soir, avaient fini par s'imposer. L'idée lui est soufflée par un confrère, sans grande conviction, et Noah a d'ailleurs du mal à se convaincre de la justesse de la comparaison. "A Nantes, c'était différent, rappelle-t-il. On était menés deux zéro contre toute attente, alors que là, on a envie de dire que la logique a été respectée. Pour gagner ces deux matches aujourd'hui, (vendredi, NDLR), il aurait fallu faire deux grosses performances."
Les espoirs de la préparation, avec ce qu'elle suggère de force collective, presque d'euphorie, ont vite tourné à la pure illusion face à la réalité du terrain. Demander à Tsonga, qui a joué cinq matches en huit mois et n'en a gagné qu'un, de battre Cilic, c'était trop. Demander à Chardy, sans références ces derniers mois, de dompter un joueur en phase aussi ascendante que Coric, c'était presque une folie. Le capitaine tricolore a voulu y croire, sur la foi de ses intuitions passées. "On comptait sur certaines failles chez les Croates par rapport à certaines choses qu'on avait vu en demi-finale, mais de tout ce qu'on avait espéré ou anticipé, rien ne s'est passé comme on le désirait", constate-t-il, un peu amer.

Survivre

Yannick Noah a perdu ses deux paris, car le combo Chardy-Tsonga n'était rien d'autre. Pourquoi pas Gilles Simon, le Français le plus en forme et avec un bilan favorable face aux Croates, lui avait-on demandé avant cette finale ? Forcément, la question est revenue sur le tapis vendredi soir. "Je comprends que certains aient envie de réécrire l'histoire, mais ça ne se passe pas comme ça", a répliqué le capitaine. A sa décharge, rien ne dit que Simon, Monfils ou un autre, vu la qualité de l'adversaire, auraient changé quoi que ce soit.
Reste que, maintenant, seul un miracle peut encore sauver cette équipe. Si loin du but, le mieux est encore d'avancer pas à pas, histoire de voir où cela peut les mener. Samedi, ce sera le double, sans doute la meilleure chance pour les Français de prendre un point dans cette finale. "J'ai beaucoup de sentiments qui me traversent l'esprit, mais j'essaie de les laisser de côté pour mettre toute mon énergie derrière PH et Nico (Herbert et Mahut), assure Noah. Ce sera difficile samedi, mais ils ont l'expérience en double", veut-il se rassurer. Pour l'instant, il n'est plus question de gagner. Juste de survivre.
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