Le week-end de "dingue" de Mannarino qui peut l'aider à grandir encore

"C’était un week-end de dingue", se réjouit Adrian Mannarino. Un drôle de week-end en effet. Le genre à vous faire progresser à vitesse grand V. En quelques jours, le 25e joueur mondial aura presque tout vécu. Sa première sélection en Coupe Davis, une défaite qui fait mal et, au final, un succès en cinq sets pour donner le point décisif aux Bleus et les amener en quarts de finale. Difficile de faire mieux ! "Ce que j’ai trouvé fort, c’est le courage d'Adrian", salue son capitaine Yannick Noah. "Il a eu les tripes et à la fin cela se termine par une victoire pour le groupe."

Jeudi soir, Adrian Mannarino n'aurait jamais imaginé vivre un tel week-end. "Quand je suis arrivé ici, c'était inattendu", avoue-t-il ce dimanche soir. Après la blessure de Jo-Wilfried Tsonga (genou gauche) et l'impossibilité de venir de Gaël Monfils, il a été rappelé à la dernière minute. Ce n'était alors que pour être remplaçant. Mais le forfait de Lucas Pouille (torticolis) l'a propulsé en pleine lumière. Et le Valdoisien a répondu à l'appel. Bien sûr, il n'a pas été étincelant. Son échec cinglant en trois sets face à Thiemo de Bakker, tombé au 369e rang, a même semé le doute vendredi.

"Nerveux" et "excité", il avait alors eu du mal à gérer ses émotions pour son baptême du feu. "Une grosse déception", reconnaît-il encore. Mais deux jours plus tard, il a su reprendre le dessus. Si sa prestation n'a pas été grandiose non plus et qu'il a surtout su profiter de l'usure de Robin Haase, il est parvenu à aller chercher ce point pour mettre la France à l'abri en faisant abstraction du contexte. "L'histoire de Manna est sympa.Et le bonheur, c’est de le voir gagner", applaudit Yannick Noah, qui n'est pas mécontent d'avoir évité à Richard Gasquet un cinquième match décisif.

Avec ce succès arraché à l'issue d'un combat de 4h20, le bizut "Manna" a ainsi su rendre la confiance que le staff des Bleus lui a confiée. "On a toujours tendance à cogiter. Je me suis un peu tendu dans le 4e set mais j'ai réussi à rester très serein malgré la perte de mon service puis la perte du set. Yannick (Noah) avait un discours très positif et cela m'a aidé à rester dans le match et à avoir confiance en moi", confie Mannarino. Avec ce week-end, il a surtout engrangé un maximum d'expérience(s) pour poursuivre sa progression.

A 29 ans, Adrian Mannarino vit déjà une période faste dans sa carrière qui lui permet d'atteindre son meilleur classement ATP. Ces trois jours vécus à défendre les couleurs des tenants du titre en Coupe Davis peuvent être un nouveau déclic. "C'est des émotions que je n'ai pas l'habitude de vivre tout au long de l'année, explique le N.3 français, qui est actuellement 25e mondial. C'était un grand moment et c'était génial de partager cela avec le public, avec mes coéquipiers."

Agréablement surpris par le caractère de son joueur - "C'est un gars introverti, un peu timide mais ambitieux" -, Yannick Noah rappelle d'ailleurs en bon capitaine que cela n'a rien d'anodin. La Coupe Davis, c'est autre chose. "Il a réalisé un match de Coupe Davis, ce n'est pas juste un match, plaide le capitaine aux trois trophées (1991, 1996, 2017). Quand tu sers pour le match, c'est chaud. Et ça, il faut le vivre." Mannarino l'a vécu. Et l'a surpassé ce dimanche. Au final, il se souviendra longtemps de ce week-end à Albertville. A lui de bonifier cette expérience pour continuer à élever son niveau sur le circuit. De son côté, Noah sait qu'il possède un réservoir encore un peu plus profond. : "C'est une très belle étape. Il s'est passé plein de choses... C'est bien!", se félicite-t-il.