Noah prudent avant France / Pays-Bas : "Il ne faut pas que la légèreté devienne un relâchement"

La bande à Noah face à l'épreuve du temps. Un peu plus de deux mois après son succès face à la Belgique, l'équipe de France de Coupe Davis va entamer la défense de son titre face aux Pays-Bas à Albertville. Un adversaire a priori abordable mais qui pourrait s'avérer être une belle épine à s'enlever du pied. Tout départ diesel sera proscrit face aux Néerlandais, imprévisibles et loin d'être mauvais dans le contexte Coupe Davis.

C'est principalement le temps ou plutôt le manque de temps qui a été au centre des conversations chez les Bleus ces derniers temps. Ce retour furtif pour défendre un titre - si durement acquis après les déconvenues de 2010 et 2014 - apparaît comme quelque chose de trop précoce. La faute à un calendrier à la fois impitoyable et impartial.

Ces circonstances calendaires ont fait reconnaître à Lucas Pouille que le tennis avait beaucoup de mauvais côtés. Notamment au niveau de la répétition et l'enchaînement. "Nulle part ailleurs que dans le tennis, on doit défendre un titre après deux mois. C'est assez particulier. Mais l'envie est là", a reconnu le Nordiste, auteur du point décisif à Lille fin novembre et premier à se réengager pour 2018.

Continuer cette aventure débutée il y a deux ans à Baie-Mahault, en Guadeloupe, c'était aussi la volonté du groupe après Lille. "Fallait-il y retourner tous pour la regagner une seconde fois (d'affilée) ? Nous devions prendre une décision. Le fait que tout le monde réponde présent avec envie, cela poussait à y aller, à revivre ces moments tous ensemble", a expliqué Pouille. "Revoir ce film de notre parcours de l'année dernière à notre arrivée ici, cela nous a motivés à 200%. Et puis, porter le maillot bleu a toujours été un rêve de gamin. L'enlever aussi vite, cela aurait été dommage."

Ce premier tour de l'édition 2018 va surtout être marqué du sceau de la dernière pour Yannick Noah. Revenu aux commandes de l'équipe de France masculine en septembre 2015, le vainqueur de Roland-Garros 1983 va débuter sa dernière saison de capitanat avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : celle du spectre d'une élimination précoce qui laisserait un mauvais goût dans la bouche. Capitaine, un boulot usant. Même pour Noah, personnage emblématique et dans tous les cas à part.

Désireux de revenir à ses autres amours, la musique en particulier, l'ancien joueur a décidé de replonger une dernière fois. "On défend notre titre. C'est rapide. J'essaie de ne pas penser au dernier jour (...) Je pense surtout à l'échauffement du premier match", a assuré l'intéressé qui avait remotivé toute sa troupe de la finale.

Si Capitaine Noah a décidé de replonger, alors qu'il aurait pu s'offrir une sortie par la grande porte après la quête de son troisième trophée en tant que capitaine (1991, 1996, 2017), c'est pour tenter un défi encore plus grand : offrir à la France son premier doublé depuis 1932. Ce doublé, la France était passée à côté lors de sa dernière et seule opportunité en 2002 à Bercy, à cause de la Russie et d'un Mikhaïl Youzhny revenu d'outre-tombe dans un match qu'on vous ne présente plus.

En début de semaine, le boss avouait d'ailleurs vouloir faire le vide malgré ce court laps de temps entre Lille et Albertville. "On repart à zéro et c’est bien de jouer dans ces conditions. Le but c’est de gagner tour après tour. Ce qui compte c’est vivre cette aventure ensemble", avait-il souligné. "C'est bien d'avoir de la légèreté après la finale de Lille. Par contre, il ne faut pas que la légèreté devienne un relâchement. On s'attend à un match dur. On est favoris mais on a trois matches à gagner."

Les Bleus ont de la ressource, c'est leur force. Sans Tsonga, touché au genou, c'est Lucas Pouille et Richard Gasquet qui vont en découdre en simple face à Thiemo De Bakker et Robin Haase. En double, Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut vont se recomposer après la séparation contrainte et forcée de Lille. Ils feront face à des spécialistes comme eux : Jean-Julien Rojer (11e mondial en double) / Matwé Middelkoop (34e mondial). Bref, cette reprise a tout du piège.

Avant de se projeter dans la compétition, il faudra déjà battre ces imprévisibles Néerlandais et éviter la déception de 1997. L'équipe de Noah, alors tenante du titre, avait chuté dès le premier tour en Australie. L'usure du sacre de novembre, le temps qui passe, ces Pays-Bas qui avancent masqués, en voilà un paquet d'obstacles à éviter pour les Bleus. Conserver ce titre a tout du parcours du combattant. Mais à coeur vaillant, rien d'impossible.