Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Di Pasquale : "Avec les Petits Crocos, j'avais envie d'être dans la transmission"

Laurent Vergne

Mis à jour 21/12/2018 à 23:50 GMT+1

Arnaud Di Pasquale est le parrain du projet mené conjointement par Lacoste et Tecnifibre, les "Petits Crocos". Un programme d'accompagnement de jeunes joueurs venus de pays différents et qui aspirent tous à devenir professionnels. Plus que sur l'aspect technique, l'ancien DTN veut être un grand frère, à qui l'on peut demander conseil.

Arnaud Di Pasquale et les "Petits Crocos"

Crédit: From Official Website

Le mariage a à peine un an. Et ce couple-là a déjà engendré six enfants. Bientôt vingt, espère-t-il. Fin 2017, Lacoste rachetait la marque Tecnifibre. Quelques mois après, les deux entités ont lancé leur premier projet commun, baptisé "Les Petits Crocos". Des gamins âgés de 11 à 16 ans, issus de différents pays et de divers horizons. Tous des espoirs du tennis mondial.
Ils sont six à ce jour. Parmi eux, le jeune Français Tiago Pirès, classé 4/6 à 12 ans et qui s'apprête à chasser les points ITF dès l'an prochain. Mais aussi un Croate, Antonio Voljavec, un Slovène, Luka Talan Lopatic, un Espagnol, Roger Pascual Ferra et deux Britanniques, Viktor Frydrych et Benjamin Gusic-Wan.
"Notre objectif, explique Nicolas Préault, le PDG de Tecnifibre, c'est d'identifier les meilleurs talents, de trouver le Novak Djokovic de demain. On veut les accompagner. Sur la durée." A terme, il devrait donc y avoir une vingtaine de "Petits Crocos". Pour les chaperonner, un parrain a été nommé. Il s'appelle Arnaud Di Pasquale et entend utiliser son passé de joueur mais aussi de Directeur technique national pour aider cette prometteuse bande de jeunes à s'épanouir. Ravi d'embrasser ce nouveau rôle, il nous en explique les contours.
Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet "Les Petits Crocos" ?
Arnaud DI PASQUALE : Très simplement. Après le mariage avec Tecnifibre, Lacoste cherchait des synergies entre les deux marques. Ils souhaitaient m'intégrer dans des projets et ils m'ont parlé de ce programme, les Petits Crocos. Avec ma double casquette d'ancien joueur et d'ancien DTN, je pensais pouvoir leur apporter quelque chose. Je trouvais la dimension internationale du projet intéressante, aussi. Avec les Petits Crocos, j'avais envie d'être dans la transmission. Ça s'est fait assez naturellement.
Quand avez-vous rencontré les jeunes du programme pour la première fois ?
A.D.P. : Lors du Masters à Londres. En 2019, il y a trois rendez-vous prévus. Les Petits As, à Tarbes, où je les verrai jouer. Puis à Roland-Garros et un dernier en fin d'année, à Chamonix, pour faire un peu le bilan et parler de tout sauf de tennis. On va apprendre à se connaitre.
Etaient-ils intimidés ?
A.D.P. : Oui, il y avait beaucoup d'intimidation. Le contexte, à Londres, était intimidant, aussi. Ils étaient hyper impressionnés, et tant mieux d'ailleurs. C'était très formel comme première rencontre, c'est pour ça qu'il faut les revoir dans leur élément, en tournoi.
N'est-ce pas difficile de travailler avec autant d'enfants ?
A.D.P. : C'est pour ça qu'on veut limiter le programme à une vingtaine au maximum. Le but, ce n'est pas de prendre à tour de bras, mais d'effectuer un travail personnalisé sur du moyen et long terme. Les besoins des uns ne seront pas forcément ceux des autres. Ils ont des approches différentes, des cultures différentes, il faut faire du sur-mesure. Il y a 1000 trajectoires possibles pour un jeune, et le but, ce n'est surtout pas de les mettre dans un moule.
Comment définiriez-vous votre rôle ? Un grand frère ?
A.D.P. : Oui, c'est l'idée. C'est comme ça que je l'envisage. On veut pouvoir les rassurer, leur dire "vous allez être confrontés à des difficultés, mais si vous avez besoin je suis là, on est là." Ils ont mon numéro, s'ils ont besoin, ils m'appellent. Mais c'est vrai aussi pour leur entourage. Leurs coachs, pour la plupart, n'ont pas encore beaucoup navigué. Je suis convaincu qu'ils ont besoin de conseils. Les parents, aussi. Il n'est pas impossible que je réponde à davantage de questions de l'entourage que des enfants eux-mêmes. Au début, en tout cas.
picture

Les six premiers enfants retenus dans le programme des Petits Crocos. - Crédit photo : Sindy Thomas

Crédit: From Official Website

Ressentez-vous déjà de l'ambition chez ces jeunes ? Et osent-ils l'affirmer ?
A.D.P. : C'est très différent selon les personnalités. Quand je les ai rencontrés, il y en a un qui m'a dit "j'ai envie de marquer l'histoire." Entre le timide qui ne va pas oser s'exprimer ou celui qui les pose déjà sur la table, je dois m'adapter à leurs personnalités. Mais il faut les encourager à rêver.
Mais le risque, en rêvant trop grand, n'est-il pas de devoir gérer des désillusions derrière ?
A.D.P. : Quand j'étais DTN, je me suis battu auprès de certains entraîneurs sur ces sujets. J'avais peur qu'on freine les jeunes sur leur discours. Un moment, il faut être ambitieux. Si à 13 ans tu ne rêves pas, tu n'y arriveras jamais. Ce n'est pas possible. C'est trop dur, il y a trop de concurrence et de travail à fournir. Ensuite, il faut faire les choses étape par étape bien sûr, et le rêve doit se transformer en désir, puis en objectif.
Allez-vous puiser dans vos souvenirs de joueur et même d'apprenti joueur de haut niveau que vous avez été ? Des erreurs à ne pas commettre, des questions qu'on se pose... vous avez vécu tout ça.
A.D.P : Exactement. Et une fois encore, c'est aussi vrai pour l'entourage. Moi, quand j'étais en sports-études à Poitiers ou à l'INSEP, je pense que mon père, qui était un peu isolé, aurait aimé avoir les conseils de quelqu'un d'un peu avisé. Les parents, aujourd'hui, peuvent être paumés en entendant quinze discours différents. On doit les rassurer.
Cette notion de transmission vers les plus jeunes, c'est important pour vous ?
A.D.P. : C'est essentiel. Et ça peut se faire de plein de façons. Par exemple, pendant Roland-Garros, je veux leur permettre de rencontrer des champions. Vous savez, j'ai un souvenir fort de mon enfance. J'ai grandi à Casablanca. Il y avait un tournoi Challenger là-bas à l'époque. Un jour, j'ai eu la chance de jouer un peu avec Eduardo Masso. Il devait être 90e à l'ATP, ce n'était pas le N°1 mondial, mais ça me faisait rêver. J'avais discuté avec lui, il avait été sympa et ça m'avait donné des ailes. Ça reste un moment un peu fondateur pour moi, qui m'a donné envie de tout faire pour devenir pro. C'est pour ça que je veux transmettre ça à mon tour.
Quitte à transmettre, pourquoi ne pas devenir coach d'un joueur de haut niveau. Après avoir été joueur, responsable du haut niveau à la FFT puis DTN, vous n'avez jamais été tenté ?
A.D.P. : Non, je n'ai pas envie d'être entraîneur en tant que tel. Il y a trop de contraintes. En revanche, échanger, écouter, aider, j'ai toujours aimé ça. J'ai des discussions, aujourd'hui encore, très intéressantes avec certains joueurs français, comme Corentin Moutet. Avec les Petits Crocos, c'est pareil. Je veux être un facilitateur, servir de tremplin, d'accélérateur, pour qu'il y ait le moins d'écueils possibles. Mon passage à la DTN m'a conforté dans cette envie.
picture

Les petits Crocos, un jour en haut de l'affiche ? - Crédit photo : Sindy Thomas

Crédit: From Official Website

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité