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Di Pasquale : "Un Major à Roland, ça peut faire entrer le padel dans une autre dimension"

Maxime Battistella

Publié 13/04/2022 à 12:57 GMT+2

Alors que l'organisation du Paris Premier Padel Major à Roland-Garros a été officialisée du 11 au 17 juillet prochains, Arnaud Di Pasquale nous en détaille les origines et les conséquences. Notre consultant, qui dirige la mission padel à la Fédération française de tennis (FFT), y voit un tournant majeur pour ce sport en plein essor qui pourrait aussi profiter au tennis.

La finale du Qatar Major Padel en 2022

Crédit: Getty Images

Comment ce tournoi sera-t-il organisé ?
Arnaud Di Pasquale : C'est un tableau de 56 paires qui se jouera sur deux semaines, avec 8 têtes de série exemptées de premier tour. Pour l'instant, c'est un tournoi uniquement masculin, mais nous avons la volonté d'organiser une exhibition parallèle réunissant les 16 meilleures paires féminines. Les filles ont créé leur association de joueuses plus tardivement, d'où ce retard. Mais on a vraiment l'intention d'avoir un tournoi féminin aussi et ce dès 2023 si possible. Il y aura six pistes dont une sur le court Philippe-Chatrier : seules les tribunes basses seront ouvertes, donc on sera sur une jauge de 7000 spectateurs. Il y a beaucoup d'inconnues, mais beaucoup d'excitation surtout.
Ce Major à Roland-Garros est-il calqué sur le système des Grands Chelems dans le tennis ?
A. D. P. : Oui, c'est ça, il y en aura quatre aussi. Ils sont associés au Premier Padel Tour, un circuit qui vient d'être créé et qui entre en concurrence avec le Word Padel Tour, le circuit référence de ces quinze dernières années. Mais ce World Padel Tour est un circuit fermé et il faisait signer des contrats d'exclusivité aux joueurs qui ne pouvaient pas disputer d'autres tournois. Avec l'internationalisation et le boom de ce sport, les joueurs ont commencé à s'en plaindre et ont créé leur association.
Nous à la FFT, nous sommes affiliés à la Fédération internationale de padel qui a choisi comme partenaire Qatar Sports Investments (QSI) qui est à l'origine de ce nouveau Premier Padel Tour. Et nous suivons le mouvement avec l'idée depuis un an et le début de cette mission d'organiser un tournoi majeur à Roland-Garros. Le timing est un peu serré puisqu'on est déjà à trois mois de l'événement, mais pour le développement du padel en France, c'est fantastique.
Mais la France a encore beaucoup de retard par rapport à l'Espagne dans ce sport. Pourquoi ?
A. D. P. : En fait, il y a déjà plusieurs générations de joueurs de padel en Espagne et en Argentine, et c'est vrai qu'on a mis plus de temps à le développer (le padel est passé sous l'égide la Fédération française de tennis en 2014, NDLR). Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment et je me le demande. Peut-être est-ce plus pratique à organiser dans les pays chauds, notamment en termes d'infrastructures moins coûteuses à ciel ouvert ?
Toujours est-il que ce sport a été importé du Mexique et il a explosé très rapidement en Espagne avec plusieurs circuits. Chaque région a même son propre classement là-bas : c'est quelque chose d'énorme où il y a 4 à 5 millions de pratiquants. En France, on en est maintenant à 130 000 pratiquants réguliers et 280 000 qui y ont joué au moins une fois, ce qui est déjà intéressant. La croissance est très importante ces trois dernières années, c'était vraiment confidentiel quand j'ai commencé à y jouer en 2017.
Benjamin Tison est le premier Français au classement mondial à la 68e place. Ce Major peut-il créer un engouement pour aller plus haut ?
A. D. P. : Oui et ce à tous les niveaux. Là, on parle du haut niveau, mais nous sommes sur tous les fronts : la structuration de la compétition, le développement de la pratique dans sa globalité, les jeunes, les féminines… Nous sommes au début de tout et avoir un événement comme ça peut faire rentrer le padel dans une autre dimension. On a de bonnes chances de gagner en notoriété et de faire connaître ce sport, même si on en entend déjà de plus en plus parler. On a vraiment cette ambition d'être un acteur incontournable à l'international.
Et au niveau professionnel, l'objectif est-il de développer des structures plus adaptées au plus haut niveau ? Benjamin Tison s'entraîne en Espagne par exemple…
A. D. P. : La concurrence et la compétence est vraiment en Espagne aujourd'hui, c'est sûr. Nous avons aussi Alix Collombon qui fait partie des 20 meilleures mondiales et elle s'entraîne aussi en Espagne. Notre volonté, c'est de faire aussi évoluer un peu tout ça : la pratique, la dimension de la concurrence. Il faut une politique de masse, mais on manque un peu de visibilité encore. Donc le fait que les diffuseurs s'y intéressent de plus en plus comme beIN Sports pour ce nouveau circuit, ça change déjà beaucoup de choses. Mais en Europe globalement, le padel est en fort essor : l'Italie et la Suède ont entre 400 000 et 500 000 pratiquants.
Où en est la France en termes d'infrastructures en ce moment ?
A. D. P. : En France, il y a 1000 pistes (courts de padel, NDLR) et on vise les 2000 d'ici deux ans. En tout, 450 clubs proposent du padel dans l'Hexagone. En Ile-de-France, pour le moment, il y en a très peu par rapport au bassin de population. Il y en a beaucoup plus en Occitanie et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et ça commence à se créer un peu partout, mais il y a encore des zones où il en manque réellement. Donc notre politique, c'est d'accompagner pour combler ces manques car la demande est de plus en plus forte.
Quel est le rapport du padel au tennis ? Le concurrence-t-il ?
A. D. P. : L'atout du padel, c'est que ce n'est pas très compliqué techniquement : tu peux renvoyer les balles sans avoir fait de sport de raquette avant. Très vite, on s'amuse. Tout le monde est capable de faire des échanges de manière quasi-instantanée et donc de s'amuser. Et quand on saisit peu à peu les subtilités du jeu avec les rebonds sur les murs, on peut faire vite des coups de remise ou de défense spectaculaire. Il y a une dimension de progrès très rapide. Ce sont deux points qui sont très importants à mon sens.
Je pense que c'est pour cela qu'il y a un tel essor aujourd'hui. Il y a des clubs de tennis qui hébergent des terrains de padel et dans ce cas, les forfaits et cotisations sont semblables. Et comme c'est convivial, ça rejaillit sur le tennis, ça redynamise les clubs, c'est un levier économique de développement intéressant. D'ailleurs, dans les clubs de tennis qui hébergent du padel, on constate une augmentation de la courbe des licenciés.
La dotation du tournoi est de 525 000 euros, un joueur professionnel peut-il bien gagner sa vie ?
A. D. P. : Les meilleurs commencent à bien gagner leur vie, surtout grâce aux sponsors. Mais on reste évidemment très loin de ce qui se pratique au tennis (un peu plus de 34 millions d'euros de dotation totale pour l'édition 2021 de Roland-Garros, NDLR). Pour la paire qui gagnera le Major, ça fera presque 100 000 euros de gains, ce qui est bien supérieur à ce qu'ils peuvent gagner sur les autres catégories de tournois.
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