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Fed Cup - Kristina Mladenovic ? Appelez-la "Scud Kiki !"

Laurent Vergne

Mis à jour 10/11/2019 à 15:50 GMT+1

FED CUP - Deux points en simple et un autre dans le double décisif. Kristina Mladenovic a été monumentale ce week-end à Perth, portant les Bleues vers la victoire face à l'Australie. Comme un certain Nicolas Escudé il y a 18 ans, déjà en Australie, la Nordiste était sur son nuage. Son match contre la numéro un mondiale Ashleigh Barty vient rappeler le potentiel qui est le sien.

Kristina Mladenovic en finale de la Fed Cup 2019 à Perth

Crédit: Getty Images

La scène se passe à Roland-Garros, en mai dernier. Pour la première fois depuis 33 ans, aucune Française n'a réussi à franchir le cap du 2e tour. Un naufrage collectif, symbole d'un tennis féminin tricolore en friche, plombé par les errements et les doutes des deux leaders qui tenaient la baraque, Caroline Garcia et Kristina Mladenovic. En conférence de presse, cette dernière, avec une pointe d'arrogance mal venue au vu du contexte, lâche un : "vous êtes au courant qu'on est en finale de la Fed Cup ?" Non, cela ne nous avait pas échappé, mais, dans la débâcle, la tirade semblait hors sujet.
Presque six mois plus tard, l'équipe de France a donc joué, et gagné cette finale de Fed Cup qui, comme la Coupe Davis l'an passé, vivait sa dernière édition sous cette forme. Une épreuve en bois, dont tout le monde se fout, souffleront les mesquins. Sauf que l'Australie était portée par la meilleure joueuse du monde, Ashleigh Barty, tout juste auréolée de sa victoire au Masters. Une Barty que Mladenovic a fini par battre 7-6 au troisième set. Sans doute sa plus belle victoire. A voir la numéro un mondiale inconsolable, en larmes pendant de longues minutes avant et après la cérémonie protocolaire, elle ne s'en foutait visiblement pas, elle.
Kristina Mladenovic en finale de la Fed Cup 2019 à Perth

Cette Fed Cup qui transcende

Ce week-end à Perth marquera durablement la carrière de ses protagonistes. Celle de Kristina Mladenovic, surtout. Il ne change rien aux carences globales des derniers mois surligné par le fiasco de Roland, mais il nous convainc d'une chose : si les Bleues ne sont pas les meilleures joueuses du monde parce qu'elles ont remporté la Fed Cup, elles valent mieux, beaucoup mieux, que la catastrophe collective de la Porte d'Auteuil. A commencer par Mladenovic, donc. Vu ce qu'elle a dans la raquette, et dans la tronche, quand elle est aussi déterminée que ces 48 dernières heures, une question s'impose : que fait-elle à la 39e place mondiale, le rang auquel elle va boucler cette saison 2019 ?
En tennis, les épreuves collectives comme la Coupe Davis et la Fed Cup ont de tout temps révélé les championnes et les champions à eux-mêmes. C'est leur charme. Il est d'ailleurs très tentant de rapprocher ce que vient de vivre Kristina Mladenovic de ce qu'avait accompli Nicolas Escudé en 2001. Une finale de Coupe Davis, aussi. En Australie, déjà. Le Palois avait porté les Bleus vers le Saladier d'argent en remportant ses deux simples, dont un contre Lleyton Hewitt, alors numéro un mondial et vainqueur du Masters juste avant cette finale. Cela ne vous rappelle rien ? Comme Barty samedi, Hewitt n'avait rien vu venir.
Mladenovic a même fait encore plus fort que le "Scud" en étant impliquée dans les trois points de son équipe, ajoutant à ses deux victoires en simple le double décisif en compagnie de Caroline Garcia. Mais dans l'absence de doute, la détermination, la faculté à gérer les moments les plus chauds, il était difficile de ne pas avoir des flashes d'Escudé dans le week-end de la Nordiste. C'est aussi ça, la magie de ces épreuves. Des joueurs, des joueuses qui, souvent tiraillés par mille questions, semblent soudain posséder toutes les réponses.
Caroline Garcia, Alize Cornet, Kristina Mladenovic, Pauline Parmentier et Fiona Ferro avec le trophée de la Fed Cup 2019 à Perth

De quoi faire du grabuge sur le circuit en 2020

Elles ont bien mérité de savourer, Kiki la première, et le long retour au pays s'annonce festif et joyeux. Ensuite, il sera temps de voir si Kristina Mladenovic parvient à capitaliser sur sa perf' de Perth. C'est tout sauf une garantie. Sa saison aura été curieuse, avec quelques hauts, beaucoup de bas, mais aussi des signes qui témoignent une fois de plus du potentiel.
Depuis le mois d'août, elle a battu trois joueuses du Top 10 en passant par une manche décisive. En 2019, elle aura quand même aussi claqué deux victoires face à la numéro un mondiale. Et si on peut arguer que Naomi Osaka à Dubaï au mois de février n'était pas toute seule dans sa tête, l'exploit face à Barty dimanche, sur le fond comme sur la forme, n'appelle aucun "oui, mais". C'est une vraie, grande et belle performance.
La Mladenovic de Perth peut et doit faire du grabuge sur le circuit WTA l'an prochain. Elle n'a encore que 26 ans et le temps de s'accomplir. Si ce ne devait pas être le cas, resteront les émotions de ce week-end au bout du monde, et une pointe de regrets. Là, dans l'instant de ce succès collectif et de ce triomphe personnel, les premières, bien concrètes, écrasent gentiment les seconds, virtuels.
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