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Henin : "Il va falloir donner du temps à Raducanu, parce qu'elle va avoir beaucoup à gérer"

Maxime Battistella

Mis à jour 10/11/2021 à 15:59 GMT+1

Éliminée dès son entrée en lice à Linz mardi par la 106e joueuse mondiale, Emma Raducanu a connu une fin de saison moins idyllique que son parcours à l'US Open. Désormais sacrée en Grand Chelem, la jeune Britannique, qui vient d'engager son nouveau coach Torben Beltz, sera attendue au tournant en 2022, peut-être trop. Elle devra trouver un équilibre entre le tennis pur et ses à-côtés.

Emma Raducanu à Linz en 2021

Crédit: Getty Images

C'est la fin d'une saison folle pour elle. En quelques mois, Emma Raducanu sera passée du statut d'anonyme - 338e joueuse mondiale avant Wimbledon - à celui de nouvelle coqueluche du tennis britannique et mondial. Un huitième de finale sur le gazon du All England Club l'a fait d'abord connaître du grand public, avant le conte de fées absolu de l'US Open : à Flushing, elle est devenue la première joueuse de l'histoire à conquérir le titre en sortant des qualifications, qui plus est sans perdre le moindre set en 10 matches. La trajectoire météoritique de l'intéressée impressionne évidemment, mais un danger peut désormais pointer le bout de son nez : qu'elle prenne des allures d'étoile filante.
Si elle a conservé son naturel souriant, comme si rien ne pouvait l'atteindre dans ce rêve éveillé, Raducanu l'a appris à ses dépens lors de ce dernier mois de compétition. Deux victoires - ses premières sur le circuit au Transylvania Open, WTA 250 en Roumanie avant de tomber sèchement face à Marta Kostyuk (6-2, 6-1) - en trois tournois et surtout deux éliminations d'entrée à Indian Wells et Linz mardi contre la Chinoise Wang Xinyu, 106e mondiale (défaite en trois sets 6-1, 6-7, 7-5), l'ont ramenée à la réalité de l'extrême homogénéité du tennis féminin.
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L'ancien coach de Kerber pour l'aider à retrouver de la stabilité sportivement

Pour ne pas se brûler les ailes, la Britannique, qui fêtera samedi prochain ses 19 ans, a besoin de stabilité et d'une concentration totale sur sa progression sportive. Or, de ce point de vue, ces dernières semaines ont apporté leur lot de défis à celle qui a décidé de se séparer du coach qui l'a menée à son premier sacre en Majeur. "Ça paraît toujours surprenant quand on gagne un grand titre derrière d'apporter des changements. Tout va très, très vite pour elle. Il va y avoir du travail de digestion probablement derrière. Bien sûr qu'elle est dans la lumière, et c’est quelque chose qu'elle va devoir négocier. Quand on gagne un Grand Chelem, surtout quand on vient un peu de nulle part, derrière forcément, ça pose beaucoup de questions", considère notre consultante Justine Henin.
Du point de vue de l'encadrement sportif, les choses avancent néanmoins. Raducanu a ainsi officialisé mardi sa future collaboration avec l'Allemand Torben Beltz, 44 ans, notamment connu pour avoir entraîné longtemps Angelique Kerber qu'il a menée à deux titres du Grand Chelem en 2016 (Open d'Australie et US Open) ainsi qu'à la place de numéro 1 mondiale. La Britannique, qui voulait bénéficier des conseils d'un coach expérimenté de dimension mondiale, est donc servie. Elle effectuera avec lui sa préparation hivernale, probablement un bloc d'entraînement de quatre semaines, avant de se lancer dans la saison 2022.
Mais la progression tennistique et la mise en place d'axes de travail efficaces peuvent être polluées par d'autres exigences. Ces dernières semaines, Raducanu a multiplié les apparitions médiatiques et a signé de nombreux contrats avec de prestigieuses marques (Tiffany par exemple) qui jouent aussi sur le charme de la jeune femme. Des sirènes auxquelles il est difficile de résister, surtout à cet âge, et qui pourraient lui faire oublier l'essentiel, à savoir le développement de sa carrière de joueuse professionnelle alors qu'elle vient tout juste d'entrer dans le Top 20.
La gestion de l'image est un peu un frein à la performance
Arrivée en jet privé à Linz, Raducanu peut-elle déjà perdre le sens des réalités ? "Si je prends cette information complètement brute, évidemment, oui, ça peut faire un peu peur. Mais de manière générale, on est de toute façon dans une société où il faut gérer son image de plus en plus. Et c'est vrai que finalement, la gestion de cette image, c'est un peu un frein à la performance sportive, parce que ça prend beaucoup d'énergie, parce qu'il y a les gains des sponsors, parce qu'il faut évidemment jouer le jeu de la presse et c'est tout à fait normal. Les jeunes joueuses découvrent ça et on ne cesse de répéter que l'entourage est déterminant. Ce ne sera certainement pas évident à gérer pour elle dans les prochaines semaines et les prochains mois", observe encore Justine Henin.
Le principal danger qui guette Raducanu réside donc dans la digestion mentale de son changement brutal de statut. Être capable d'honorer la kyrielle d'engagements hors tennis qui lui sont associés tout en restant performante sur le court, ce n'est pas donné à tout le monde. Certaines de ses prestigieuses devancières, comme Maria Sharapova, y sont parvenues, d'autres n'ont pas tenu la distance. La championne de l'US Open a toutefois l'avantage d'avoir une tête bien faite, comme sa gestion récente des conférences de presse l'atteste.
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Emma Raducanu lors de sa défaite d'entrée à Linz en 2021

Crédit: Getty Images

Un défi de taille : garder la tête sur les épaules pour retrouver la fraîcheur de Flushing

Sans être alarmiste, Raducanu a déjà tiré un bilan de ses dernières prestations plus décevantes. "J'ai appris ces dernières semaines à quel point il fallait que je me développe encore sur le plan physique pour être performante de semaine en semaine sur le circuit. Mon corps est encore en train de s'adapter à cette vitesse. Beaucoup de gens vont avoir des opinions sur moi, sur ce que je fais, mais je sais seulement que je reste concentrée avec un petit cercle autour de moi. Mes parents me diraient si j'étais sous l'emprise de qui que ce soit. Honnêtement, je pense être bien entourée", a-t-elle indiqué après sa défaite à Linz lors de laquelle elle a souffert de la hanche.
Une manière de rester humble, tout en renvoyant poliment dans ses 22 le sélectionneur du XV de la Rose Eddie Jones qui avait récemment affirmé que les marques et ses apparitions lors de galas l'avaient distraite. Dans les prochains jours, Raducanu va s'octroyer ses premières vacances depuis sept ans, de quoi se ressourcer et refaire le plein d'énergie physique et mentale avant de se lancer dans la préparation de la saison 2022 qui sera sa première complète sur le circuit WTA.
Le défi sera de taille, car désormais toutes ses rivales la connaissent, auront étudié son jeu et l'attendront au tournant. Les obstacles seront donc plus nombreux et il ne sera vraisemblablement pas évident de retrouver dès l'Open d'Australie son niveau de Flushing, avertit Justine Henin. "Elle nous a illuminés par son tennis, par son audace, par son attitude sur le court, et moi, j'ai vraiment été impressionnée par cette fraîcheur à l'US Open. Nous verrons ce qu'elle va être capable de proposer dans les mois à venir. Il faudra vraiment lui donner du temps parce qu'elle va avoir beaucoup à gérer."
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