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Iga Swiatek, nouvelle numéro un mondiale : "Pendant trois jours, mon téléphone était en mode anniversaire"

Laurent Vergne

Mis à jour 20/04/2022 à 09:42 GMT+2

WTA - Auréolée de ses trois titres consécutifs en WTA1000 à Doha, Indian Wells et Miami, et surtout de son nouveau statut de numéro un mondiale, Iga Swiatek lance sa campagne sur terre battue mercredi à Stuttgart. La Polonaise prend sereinement ce nouveau rôle de patronne du circuit, qu'elle espère justifier, notamment à Roland-Garros.

Iga Swiatek, nouvelle numéro un mondiale du tennis féminin.

Crédit: Getty Images

C'est un peu l'acte II de la carrière d'Iga Swiatek qui s'amorce en ce printemps 2022. Révélée au grand public par son titre-surprise à Roland-Garros à l'automne 2020, la jeune Polonaise (22 ans au mois de mai) a encore grandi depuis, jusqu'à atteindra la place de numéro un mondiale. Cette semaine, à Stuttgart, elle va rentrer pour la première fois dans un tournoi avec ce statut de patronne du classement WTA.
Avant d'amorcer sa saison sur terre battue en Allemagne, avec déjà Roland-Garros dans un coin de la tête, nous avons pu échanger avec la reine Iga lors d'un entretien organisé depuis Stuttgart par son équipementier français Tecnifibre, son fournisseur de raquettes depuis le début de la saison 2021. Numéro un mondiale ou pas, elle tente de garder la tête froide, comme toujours.
Début mars, vous étiez N°4 mondiale. Un mois plus tard, vous voilà au pouvoir. Tout est allé très vite pour vous ces dernières semaines, entre votre triplé en WTA 1000 et la retraite d'Ashleigh Barty. Est-ce que vous devez encore vous pincer pour réaliser que vous êtes la nouvelle N°1 ?
Iga SWIATEK : Au début, oui, je ressentais un peu ça. Il y avait un côté surréaliste qui me dépassait un peu. Mais l'avantage, c'est que c'est arrivé au début du tournoi de Miami. Je devais rester concentrée sur mon tennis et le prochain match, alors ça m'a aidé à rester la même joueuse qu'avant de devenir numéro un mondiale. Il y a eu beaucoup d'émotions bien sûr, mais j'ai dû faire l'effort de les repousser à la fin du tournoi pour rester focus et continuer à bien jouer.
Avez-vous reçu beaucoup de messages de félicitations ? Votre idole Rafael Nadal s'est-il manifesté ?
I.S. : J'ai reçu énormément de messages, oui. Pendant trois jours, mon téléphone était en mode anniversaire (sourire) avec des messages de partout. Beaucoup de gens m'ont félicité. Ash (Ashleigh Barty, NDLR), par exemple. Elle a été une des premières à m'envoyer un texto. Rafa aussi m'a envoyé un message. Puis beaucoup de joueurs et joueuses sur place à Miami, plus tout le monde sur Instagram et Twitter. Je ne peux même pas me souvenir de tout le monde !
Vous avez en tout cas confirmé votre amour des finales. Vous aviez perdu votre toute première sur le circuit, avant de remporter les six suivantes. Comment expliquez-vous ce taux de réussite ?
I.S. : J'essaie juste d'aborder une finale comme n'importe quel autre match. J'ai souvent noté que, chez la plupart des joueuses, le niveau en finale est un peu moins élevé justement à cause de la nervosité. Alors je travaille beaucoup sur le côté mental pour pouvoir jouer le même tennis que tout au long du tournoi. Mais vous savez, à Indian Wells, j'étais très nerveuse. Je ne saurais même pas vous dire pourquoi. Peut-être parce que c'est le plus grand tournoi du monde après les Grands Chelems. A Miami, je n'ai pas fait la même erreur. J'étais beaucoup plus relax. Éviter le stress, c'est la clé en finale.
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Iga Swiatek et Naomi Osaka après la finale du tournoi de Miami.

Crédit: AFP

Vous avez de fortes chances d'aborder Roland-Garros en tant que numéro un mondial. Le voyez-vous comme une chance ou une forme de poids ?
I.S. : Je suis toujours heureuse de jouer à Roland-Garros. Ça a toujours été mon tournoi préféré. Venir en tant que numéro un, c'est sympa. Mais je serais heureuse d'arriver là-bas même sans être numéro un. Ce n'est pas une pression supplémentaire. L'an dernier, c'était différent parce que j'étais tenante du titre, c'était un gros défi pour moi. Je ne savais pas vraiment comment j'allais réagir et gérer la pression.
L'avez-vous beaucoup ressentie dans cette quinzaine ?
I.S. : C'était un peu bizarre. Je n'avais gagné qu'un seul Grand Chelem mais j'étais déjà la fille à battre. Je dirais que c'était surtout stressant en dehors du court. C'était le plus difficile, le plus épuisant. Ce n'est pas facile de se concentrer seulement sur le travail et ne pas perdre d'énergie à côté. Une fois sur le court, pendant les matches, ça allait, c'était comme d'habitude. En dehors, non. Mais c'était une bonne expérience.
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La question qui fâche : le règne de Swiatek est-il vraiment lancé ?

Depuis votre titre à Roland-Garros, vous avez fait preuve de constance en Grand Chelem, mais sans parvenir à aller au bout ni même en finale. Qu'est-ce qui prédomine ? Satisfaction ou frustration ?
I.S. : Honnêtement, je suis satisfaite. Je savais que j'avais besoin de faire évoluer mon jeu pour être compétitive sur dur. Cette année, atteindre les demi-finales à l'Open d'Australie, en gagnant quelques matches très compliqués, c'était un pas en avant. C'était un bon résultat, même si on veut toujours aller plus loin. Donc je n'ai aucune frustration par rapport à mes résultats en Grand Chelem. Même l'an passé à Paris, le fait d'arriver à bien jouer en étant tenante du titre, c'était une satisfaction. Globalement, j'essaie de ne pas me fixer d'objectifs trop précis en termes de résultats, de tours à atteindre. Je veux faire du mieux possible, mais aussi continuer à prendre du plaisir.
On parle beaucoup de santé mentale dans le tennis en ce moment. Vous qui travaillez depuis l'âge de 18 ans avec Daria Abramowicz, spécialiste de la psychologie du sport et de la performance, quel est votre rapport à cette problématique ?
I.S. : Quand j'ai commencé à travailler avec Daria en 2019, mon objectif principal était d'améliorer les choses sur le court. Être plus concentrée, maîtriser mes émotions. Puis ça a basculé vers autre chose. On parle davantage de ma vie personnelle, comment gagner en confiance en tant que personne, grandir, composer avec la notoriété, ou le côté plus business du sport. J'ai l'impression qu'on a travaillé sur tout (rires). Sérieusement, c'est important d'avoir quelqu'un à qui parler librement. Partager des expériences, parler de trucs très différents.
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Iga Swiatek. (Crédit Photo : Tecnifibre)

Crédit: From Official Website

Elle tient une place importante dans votre équipe ?
I.S. : Daria m'aide énormément, oui. C'est très important pour moi de pouvoir compter sur mon équipe. Mon coach s'occupe de mon tennis. Mon préparateur physique s'occupe de mon corps. Mais j'ai aussi besoin de quelqu'un qui soit là quand j'ai besoin et envie de parler. J'ai envie de réussir du mieux possible mais je ne veux pas me perdre. J'ai envie de prendre du plaisir et j'ai besoin d'aimer la vie sur le circuit. Alors j'essaie de rester cool.
Vous parliez de composer avec la notoriété. Vous êtes en train de devenir une vraie star en Pologne... On dit que, chez vous, il y a Robert Lewandowski et Iga Swiatek...
I.S. : C'est plutôt chouette d'être dans cette position avec Robert. Bien sûr, je ressens les attentes, et ma popularité croissante. Les gens me reconnaissent partout. Pour être franche, j'aime ça. Je veux rendre le tennis de plus en plus important en Pologne, amener les enfants à le pratiquer davantage et aujourd'hui, j'ai vraiment la possibilité de le faire.
Ce statut ne vous pèse jamais ?
I.S. : Après ma victoire à Roland-Garros, ça a été un peu compliqué à gérer. Maintenant, ça va mieux. Puis je voyage beaucoup, je suis tout le temps en vadrouille sur le circuit. J'ai dû passer quatre jours à la maison cette saison. Mais quand je rentre en Pologne, comme pour jouer la Fed Cup la semaine dernière, je sens l'enthousiasme des gens et ça fait plaisir à voir.
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Iga Swiatek avec le trophée de Roland-Garros 2020

Crédit: Getty Images

Comment voyez-vous votre carrière à long terme ? Plus Barty, en mode retraite précoce, ou plutôt Federer ou Serena Williams ?
I.S. : Je pense que si vous demandez à n'importe quel jeune de 20 ans, il vous répondra qu'il n'en a aucune idée. Je peux très bien m'imaginer jouer au tennis à 30 ans. J'espère avoir une longue carrière. Mais est-ce que mon corps sera encore en état ? Est-ce que je serai toujours satisfaite de mes résultats ? Est-ce que le plaisir sera toujours là ? Je pense que j'aurais toujours besoin de défis en tout cas. Mais pour l'instant, j'ai une énorme envie de tennis.
Qu'est-ce qui vous fait et vous fera avancer ? Les titres ? Les records ?
I.S. : Non, je préfère me focaliser sur le travail au quotidien. C'est la meilleure façon d'y voir clair pour moi. Si je commence à penser aux records, à vouloir être la première dans ceci, la meilleure dans cela, ce ne sera pas bon pour moi. Je ne veux pas être en train de toujours courir après quelque chose. Donc, jour après jour, match après match. Ça m'aide à rester tranquille. Rien que si je me projette sur l'ensemble de la saison, ce sera déjà trop pour moi.
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