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Lendl sur sa relation avec Murray : "Andy est quelqu'un de très émotif qui avait besoin de calme"

Laurent Vergne

Mis à jour 13/11/2020 à 15:04 GMT+1

Invité de Mats Wilander dans Tennis Legends sur Eurosport, Ivan Lendl est revenu sur la genèse de sa collaboration fructueuse avec Andy Murray, dont il a été l'entraîneur à deux reprises dans les années 2010. L'ancien numéro un mondial estime que la clé de leur réussite commune a tenu dans le rapport humain et la convergence de leurs visions d'un même projet.

Ivan Lendl et Andy Murray.

Crédit: Getty Images

C'était il y a bientôt neuf ans. Le 31 décembre 2011, à quelques heures de la nouvelle année, Andy Murray annonçait avoir enrôlé Ivan Lendl comme entraîneur. Une surprise, à l'époque, et même une source de railleries. Pourquoi Lendl ? Qu'est-ce qui a pris à l'Ecossais d'aller chercher ce triste sire qui fut certes un immense champion mais que l'on n'avait plus vu naviguer dans les hautes sphères du tennis depuis la fin de sa carrière de joueur en 1994. Voilà, globalement, le sentiment général à l'époque.
Près d'une décennie plus tard, difficile pourtant de ne pas saluer la réussite de cette association. En deux périodes de collaboration (2012-2014, puis 2016-2017), Murray a remporté avec Lendl trois titres du Grand Chelem, un titre olympique, le Masters et conquis la place de numéro un mondial.
Lors d'un échange avec Mats Wilander et Alex Corretja dans le cadre de l'émission Tennis Legends sur Eurosport, Ivan Lendl a expliqué comment et pourquoi il avait accepté de devenir à la surprise général le coach de celui qui occupait alors la 4e place au classement ATP mais butait toujours sur la dernière marche en Grand Chelem. Murray s'était séparé en cours de saison... d'Alex Corretja et cherchait un entraîneur à temps plein. Par l'intermédiaire de Darren Cahill, avec lequel il avait également travaillé, le Britannique a contacté Lendl, lequel a fini par dire oui, après de longues discussions.
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Ivan Lendl et Andy Murray à l'entraînement.

Crédit: Getty Images

"Il est très important de 'matcher' au plan humain"

"Je le dis toujours, quand quelqu'un me contacte parce qu'il a un intérêt pour travailler avec moi, ce n'est pas seulement lui qui m'interroge, moi aussi je pose des questions. Il faut être compatible, explique Lendl. Il est très important de 'matcher' au plan humain. Il faut aussi être en accord sur la façon dont le joueur doit jouer. Si vous pensez qu'il doit rester sur sa ligne de fond et que lui veut avancer, ça ne marchera pas parce que l'un des deux sera obligé de faire des compromis ou de renier ce qu'il croit être bon. Le compromis ne peut marcher, sinon vous ne serez pas à 100% du fond du cœur dans le projet."
De l'intérêt poli à la demande concrète en mariage, l'approche d'Andy Murray s'est effectuée en deux temps comme le raconte Lendl :
"C'est une chose d'être assis dans sa maison à Vero Beach en Floride et une autre de s'engager. Quand Alex a quitté Andy, j'ai reçu un appel de Darren Cahill qui m'a dit 'est-ce que tu serais d'accord pour nous rencontrer ? On cherche un coach pour Andy, on voudrait recueillir ton opinion, tes idées.' J'ai dit oui, bien sûr. Nous nous sommes rencontrés et on a échangé pendant trois ou quatre heures, évoqué les différents entraineurs qu'il pourrait prendre, etc. Puis je suis rentré à la maison et je n'y pensais plus trop. J'ai ensuite reçu un nouvel appel et on m'a demandé 'est-ce que tu serais intéressé d'avoir le poste ?' Je leur ai dit 'là, c'est très différent, il faut que l'on se revoie parce que j'ai une tonne de questions à poser.'"

"Sur le court, moins il y a d'émotions, mieux vous jouez à mon avis"

Ce n'est donc qu'après avoir eu la certitude que les deux hommes étaient en plein accord humainement et professionnellement que Lendl a dit oui à Murray. De la théorie à la pratique, leur entente ne s'est jamais démentie et les résultats ont suivi. Peut-être parce que, grâce à la solidité des bases de leur pacte, chacun a pu rester lui-même.
Lendl a apporté du calme et de la sérénité à son poulain, au moment où il en avait le plus besoin. Et en restant lui-même. Comme dans le box de l'Ecossais, où son impassibilité, peu importe la tournure et l'enjeu des matches, a fait le bonheur des moqueurs. Quand tout le monde s'excitait autour de lui, éructant, criant, encourageant ou râlant, Lendl, lui, ne bronchait jamais.
"Pour commencer, je trouvais qu'il y avait bien assez d'émotions comme ça dans le box, sourit Lendl. Ils sautaient tous dans tous les sens en permanence. Mais je crois surtout qu'Andy est quelqu'un de très émotif qui avait besoin de calme. Ce calme l'a aidé. Ce n'était pas calculé de ma part, mais je crois que c'était bon pour Andy. Emotionnellement, il pouvait avoir des hauts et des bas et en tennis, comme en golf, on ne peut pas se le permettre. Il faut être mesuré, tout le temps. Je crois qu'avoir quelqu'un de pondéré à ses côtés, qui ne se laisse pas envahir par ses émotions, c'était bon pour lui. Sur le court, moins il y a d'émotions, mieux vous jouez à mon avis."
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Tout le monde debout dans la box d'Andy Murray... sauf Ivan Lendl, assis et imperturbable.

Crédit: Getty Images

"Je crois qu'Andy a toujours la passion de ce sport"

L'âge et les succès aidant, Andy Murray a ainsi fini par appréhender sereinement presque toutes les situations. Comme ce Masters 2016, où le titre, chez lui, à Londres, était en jeu, tout comme la place de numéro un mondial en fin de saison. Elle s'est jouée lors du tout dernier match de l'année, en finale du Masters, contre Novak Djokovic, son rival dans cette course-là. "Il n'y avait pas du tout de nervosité, assure le natif d'Ostrava. J'étais très confiant quant aux chances d'Andy contre Novak. Il jouait très bien, il n'avait perdu qu'un match depuis Roland-Garros je crois, à l'US Open. Il n'y avait pas de raisons d'être nerveux." Murray s'est imposé en deux sets et ce fut le dernier grand moment de gloire commune des deux hommes.
Depuis que leurs routes se sont séparées, sans doute pour de bon, Lendl a travaillé avec Alexander Zverev, lequel a remporté le Masters en 2018 alors que Lendl était son coach. Murray, lui, lutte pour retrouver son meilleur niveau. Lors du dernier Roland-Garros, l'Ecossais a disparu dès le premier tour en livrant un non-match, trainant sa misère sur le court. Son ancien compère veut pourtant croire qu'il aime encore le tennis : "De ce que je peux savoir, des échanges que j'ai avec ses proches, Andy a toujours la passion. Il essaie de prouver qu'il peut vraiment revenir après cette sérieuse opération à la hanche et tout le monde doit être derrière lui. Ce qu'il s'est passé à Roland-Garros n'est pas normal, il a dû se passer quelque chose, je ne sais pas quoi, mais je crois qu'Andy a toujours la passion de ce sport."
Ivan Lendl, lui, a repris une vie plus calme, chez lui, dans le Connecticut. A 60 ans, fort de ses succès avec Murray et Zverev, pourrait-il reprendre du service ? Alex Corretja lui a posé la question, mais sa réponse ne peut être conditionnée qu'à un plein accord sur le fond et la forme du travail à entreprendre, comme il l'avait expliqué dans le cas du Britannique. "Il y a beaucoup de bons jeunes joueurs, et je ne veux pas esquiver cette question, mais je ne peux vraiment pas y répondre aujourd'hui", admet-il. Avis aux amateurs. Lendl entraîneur ? L'essayer, c'est visiblement l'adopter.
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Andy Murray et Ivan Lendl après le titre à Wimbledon en 2013.

Crédit: Getty Images

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