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Federer et la terre : 6 stats entre lumière et l'ombre de Nadal

Laurent Vergne

Mis à jour 07/05/2019 à 11:52 GMT+2

MASTERS 1000 MADRID - A l'occasion du grand retour sur l'ocre de Roger Federer après trois années d'absence, coup d'œil en six statistiques sur la carrière du Suisse sur terre battue. Un bilan d'ensemble remarquable, même s'il est partiellement plombé par l'omnipotence de Rafael Nadal, qui lui a si souvent fait mal.

Roger Federer à Roland-Garros en 2009.

Crédit: Getty Images

1

C'est, de loin, la statistique la plus importante de la carrière de Roger Federer sur terre battue. Sa victoire à Roland-Garros, en 2009, a donné à sa carrière, au moins au plan historique, une dimension qui lui ferait grandement défaut sans cette couronne. On peut évidemment envisager le verre par sa moitié vide : il n'a remporté qu'une seule fois Roland-Garros. Pour celui qui peut légitimement être considéré comme le deuxième meilleur joueur du XXIe siècle sur terre battue, c'est peu. Un autre dommage collatéral de l'ouragan Rafael Nadal, qui n'a laissé que des miettes à la concurrence.
Depuis le début de l'ère Nadal à Paris, seuls trois joueurs ont soulevé la Coupe des Mousquetaires, une fois chacun. Federer a eu la bonne idée d'être un de ces trois-là, en 2009, avant Stan Wawrinka (2015) et Novak Djokovic (2016). Ces trois victoires ont un point commun : elles ont été obtenues sans battre Nadal, les deux seuls joueurs ayant déboulonné la statue de Manacor à Roland-Garros (Robin Söderling en 2009, Novak Djokovic en 2015) ayant ensuite échoué en finale. Pour se glisser au palmarès parisien ces quinze dernières années, il fallait être fort, et un peu opportuniste.
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Roger Federer après sa victoire à Paris en 2009.

Crédit: Getty Images

2

Deux petites victoires. En quinze confrontations avec Rafael Nadal sur terre battue, Roger Federer ne s'est imposé qu'à deux reprises. Deux fois en finale, à Hambourg en 2007, et à Madrid, il y a tout juste dix ans. Historiquement, il a donc beaucoup moins bien résisté à l'Espagnol qu'un Novak Djokovic, par exemple, même si le Serbe est lui aussi nettement mené (16-7 mais... 5-5 sur les dix derniers duels).
Ce 2-13 sans appel pèse lourd dans son palmarès terrien, surtout si l'on considère que la grande majorité de ses défaites (11) sont survenues en finale, mais aussi dans son bilan personnel face à Nadal, où il est mené 23-15. En dehors de Nadal, Federer peut en revanche regarder tout le monde droit dans les yeux sur terre : le Majorquin est le seul, parmi les joueurs ayant affronté au moins cinq fois Federer sur la surface, contre lequel il n'a pas un bilan équilibré ou positif. Voici son bilan personnel sur terre face à tous les joueurs ayant atteint la finale à Roland-Garros depuis 2003 :
Djokovic : 4-4
Wawrinka : 4-3
Ferrer : 5-0
Söderling : 4-1
Ferrero : 4-0
Coria : 2-0
Gaudio : 2-0
Il n'y a que contre Dominic Thiem que Federer accuse un déficit. Leur unique confrontation date de Rome en 2016, pas la meilleure période de Federer. De façon assez ironique, c'est d'ailleurs le tout dernier match joué sur terre battue par le Suisse à ce jour... Autre curiosité, il n'a jamais affronté Andy Murray une seule fois sur terre, malgré 25 affrontements entre les deux hommes.
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Finale 2011 entre Rafael Nadal et Roger Federer.

Crédit: Getty Images

4

Un seul titre à Roland-Garros, donc. Mais la régularité affichée par Federer du côté de la porte d'Auteuil, où il a atteint à onze reprises les quarts de finale, a quelque chose d'assez remarquable. Il est d'ailleurs celui qui, en dehors de Nadal, a remporté le plus de matches à Paris (65) dans l'histoire du tournoi, et ce en dépit de son absence ces trois dernières années. Et avec plus de 80% de victoires, il se place là aussi dans le peloton de tête historique.
Mais le plus remarquable, ce sont probablement ces quatre finales consécutives, entre 2006 et 2009. S'il ne s'était pas retrouvé dans la même moitié de tableau que Nadal en 2005 (ils s'étaient affrontés en demi-finale), sa série serait même probablement plus impressionnante encore. Mais cette tétralogie le place quoi qu’il arrive dans le gotha terrien. Depuis la création des Internationaux de France en 1925, seuls cinq joueurs ont disputé au moins quatre finales de rang à Roland-Garros : René Lacoste (5, 1925-29), Rafael Nadal (5, 2010-14 et 4, 2005-08), Björn Borg (4, 1978-81), Ivan Lendl (4, 1984-87) et Federer (2006-09).

5

Pour mesurer à quel point Roger Federer a été un joueur dominant sur terre battue, il faut se pencher sur les années 2005-2009. Pendant ces cinq saisons, il a joué pile 100 matches sur la surface, pour 86 victoires. Un taux de réussite exceptionnel. Nadal était alors son unique problème. Rafa est en effet responsable de 9 des 14 défaites du Suisse sur cette période.
Si l'on met Nadal de côté, le bilan du Bâlois sur la même période devient même franchement exceptionnel : 84 victoires, 5 défaites. Soit plus de 94% de succès en cinq ans sur terre battue. Battre Federer sur ocre sans s'appeler Nadal relevait alors de l'exploit. Mention spéciale, donc, à Richard Gasquet (Monte-Carlo 2005), Filippo Volandri (Rome 2007), Radek Stepanek (Rome 2008), Stan Wawrinka (Monte-Carlo 2009) et Novak Djokovic (Rome 2009).

11

Sur les 101 titres qui composent son palmarès, Roger Federer n'en a glané que 11 sur terre battue. Un ratio plutôt faiblard (10,9% de ses trophées alors qu'il a joué quasiment 20% de ses matches sur cette surface). Alors qu'il a beaucoup moins joué sur gazon (il a par exemple disputé 75 tournois sur terre contre 44 sur gazon) dans sa carrière, il a remporté 18 tournois sur herbe. Deux raisons principales à cela.
La première se nomme Rafael Nadal, évidemment. Le Majorquin lui a souvent barré la route. Y compris en finale, où Federer a buté à onze reprises sur son grand rival. Sans Nadal, son palmarès sur terre battue serait autrement plus impressionnant. Avec ses 11 titres, parmi les joueurs en activité, Federer arrive d'ailleurs derrière Nadal (57), mais aussi Novak Djokovic (13) ou encore David Ferrer (13). Même Tommy Robredo est à sa hauteur.
L'autre explication à la relative maigreur de son palmarès terrien, c'est que Federer s'est largement concentré sur les gros tournois, Roland-Garros et les trois Masters 1000. Or la gloutonnerie de Rafael Nadal dans ces quatre rendez-vous a limité les perspectives d'enrichissement du champion suisse. En dehors des premières années de sa carrière, Federer a peu joué de tournois 250 (ou équivalents) puis, au fil des années, de 500 (il ne s'est aligné qu'une seule fois à Barcelone dans sa carrière, en 2001). Seule exception récente, Istanbul, dont il avait remporté l'édition inaugurale, en 2015. A ce jour, il s'agit d'ailleurs du dernier de ses 11 sacres terriens.

75,9

Soit le pourcentage de victoires de Roger Federer dans sa carrière sur terre battue. Il a gagné 214 des 282 matches joués sur la brique pilée. C'est nettement moins que sur gazon (87,1% de victoires) ou sur dur (83,7%). Reste que, sur le circuit actuel, seuls Rafael Nadal et Novak Djokovic font mieux que lui, avec respectivement 92 et 79% de réussite.
Un pourcentage qui a décliné au cours des dernières années. De 2013 à 2016, soit lors des quatre dernières saisons où on a vu Federer évoluer sur terre, il a à peine dépassé les 70% de matches gagnés : 36 victoires, pour 15 défaites. Après trois années d'absence, et avec a priori deux tournois à son menu printanier (Madrid et Roland-Garros) reste à voir dans quelle fourchette ce Federer-là peut se situer.
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Roger Federer en 2016

Crédit: AFP

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