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Gilles Simon décrypte l'insoluble équation Novak Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 05/11/2015 à 21:46 GMT+1

MASTERS 1000 PARIS BERCY - Devant les médias, il y a les pros de la langue de bois. Les princes de la petite phrase. Les empereurs du discours lénifiant. Et il y a Gilles Simon, dont la faculté d'analyse à chaud le place dans une catégorie à part. Comme pour décrypter ce qui rend Novak Djokovic si fort. Battu en deux sets par le numéro 1 mondial jeudi, le Niçois décortique le jeu du Serbe.

Gilles Simon et Novak Djokovic

Crédit: Panoramic

Vous connaissez bien Novak Djokovic. Y a-t-il quelque chose qu'il fait mieux cette saison que les saisons précédentes, pour expliquer la domination de cette année ?
G.S. : Sur ce match, je n'ai pas trouvé. Il le fait juste avec encore plus de constance, de précision. Il n'y a rien de nouveau. Il retournait déjà extrêmement bien avant. Il essaie de te faire bouger à droite, à gauche, de rester sur la ligne. Il ne recule pas quand tu joues long ou quand tu en mets plus. Quasiment aucun déchet. À un moment, tu te dis : "après 50 retours parfaits à 50 centimètres de la ligne, il va en rater un. On ne sait jamais "... Et puis non. C'est ça qui crée le stress, plus que son jeu en lui-même.
A l'échange, en quoi fait-il particulièrement mal ?
G.S. : Souvent, dans le point, je ne me sens pas mal. Pas super bien non plus, mais je n'ai pas le même sentiment que quand je joue Roger par exemple, où je sais que je peux me retrouver hors de portée en une frappe. Avec Novak, je sais qu'il a besoin de trois, quatre ou cinq frappes pour faire la différence. Je ne me sens pas trop mal parce que je peux le subir un moment. Je fais partie des joueurs qui peuvent courir. Mais la différence se fait tranquillement. Je le sens arriver doucement. C'est là tout le temps. C'est ce qui est stressant.
C'est un travail de sape en somme...
G.S. : Oui. Ça peut faire rire au vu de la rencontre, mais, tout le match, j'essaie d'avancer. Tout le match, je suis dans la bâche, j’essaye d'avancer mais je ne peux pas. Je me sentais mieux au filet ces derniers temps. Là, j'ai dû y aller 3 fois...
Vous ne pouvez donc jamais l'agresser comme vous le souhaiteriez ?
G.S. : Le seul moment où je peux vraiment lui rentrer dedans, c'est sur sa deuxième. Sinon je n'ai que des balles longues, profondes. Même quand je joue long, la première défense est toujours longue. Je fais un bon coup, je suis loin, j'essaie de m'avancer et je me retrouve encore avec une balle longue à jouer. Je n'arrive pas à contrôler le point. Je le subis.
Par rapport à la qualité de son retour, Djokovic garde tout le temps sa ligne et ne cède rien. Quelle est la principale difficulté ? C'est une question de technique ou c'est le coup d'œil ?
G.S. : Les deux, c'est la combinaison de tout ça. Mais je trouve que c’est avant tout technique.
picture

Novak Djokovic

Crédit: Panoramic

Malgré tout, sur un match comme celui-ci, où il y a beaucoup d'échanges de breaks, peut-il se sentir en danger ou est-il constamment en maîtrise ?
G.S. : Parfois, il est énervé parce que j'arrive à insister sur ce qu'il ne fait pas toujours très bien. Ça lui prend du temps de faire ces points gagnants. S'il commence à vouloir finir en 2 frappes, c'est là qu'il peut commettre des fautes, notamment côté coup droit. C'est comme ça que j'ai pu le breaker.
Mais ça ne suffit pas sur la durée...
G.S. : Non, parce qu'il reste en contrôle. Il est trop serein sur mes jeux de service. Il sait qu'il va breaker. En gros, il se dit : c'est un combat du fond du court et je vais le gagner. On va jouer tous les points du fond et je vais va finir par gagner : c'est son sentiment principal sur le court.
Avez-vous été surpris quand même de le breaker aussi souvent ?
G.S. : C'est rarement le service de Novak qui m’a le plus gêné (sourire). C'est plus son retour et ses qualités de joueur de fond de court. C'est souvent des gros échanges et de gros combats. Au service, il y a souvent des débreaks quand on s’affronte. Je l'ai breaké à chaque set à Wimbledon. J'ai perdu en 3 sets. C'est la même configuration.
Même quand il cède un jeu, un break, il donne l'impression de pouvoir faire payer l'addition tout de suite. Comme si les efforts demandés étaient trop importants...
G.S. : A chaque fois que je l'ai breaké, j'ai dû faire un gros effort. Je courais beaucoup et quand je servais, et pourtant j'ai essayé de changer de zone, de vitesse, je me retrouvais à chaque fois à un mètre de la ligne de fond. Je n’arrive pas assez à prendre le terrain. Un joue sur sa ligne et n’en bouge jamais, l'autre joue plus loin. Tranquillement, la différence se fait. L'air de rien, en fin de changement de côté, je suis beaucoup plus essoufflé que lui. Après, j'ai le temps de récupérer. Mais quand je viens de breaker et que je dois servir, j'ai le cœur là-haut.
On est en fin de saison, il a quasiment tout gagné, mais on ne sent chez lui ni fatigue, ni frustration, ni baisse de motivation...
G.S. : Il a fait 16 tournois. Il ne joue pas beaucoup. Ça fait partie de ce qu'il est en train de créer. Il ne veut pas donner une victoire facile et ne s'aligne que quand il sent qu'il sera à 100 % et que ce sera quasiment impossible de le battre, en tout cas très dur. Il ne veut pas donner de victoires faciles à qui que ce soit, ni mettre personne en confiance. Il fait la saison parfaite en termes de programmation. Au maximum, il a fait une fois deux tournois de suite dans l'année. Ça explique aussi cette fraîcheur de fin de saison.
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