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Monfils, Pouille, Paire : De coups d’éclat en déceptions, retour sur l'année 2019 des Bleus

Maxime Battistella

Mis à jour 30/11/2019 à 17:11 GMT+1

La saison 2019 des Français est faite de paradoxes. Parfois surprenants dans le bon sens, ils ont surtout fait preuve d’irrégularité. A l’exception de Gaël Monfils, le déclin de la génération dite des "nouveaux Mousquetaires" semble se confirmer et les incertitudes sur l’avenir du tennis tricolore sont nombreuses.

Benoît Paire et Gaël Monfils, opposés lors du Masters 1000 de Paris édition 2019.

Crédit: Getty Images

Monfils, un leader assumé mais frustrant

Avec lui, tout peut arriver, le meilleur comme le pire, et le mystère reste entier. Mais force est de constater que quelque chose a changé en 2019 dans son approche de la compétition. Gaël Monfils a souvent affirmé haut et fort ses ambitions cette saison, persuadé de la qualité de son travail lors de la préparation hivernale effectuée sous la supervision du rigoureux Britannique Liam Smith, son nouveau coach. Pourtant sorti dès le 2e tour à l’Open d’Australie par Taylor Fritz pour commencer, il s’était montré satisfait de son niveau de jeu. Et il ne bluffait pas. En février-mars, il a enchaîné une demi-finale à Sofia, un titre à Rotterdam (son 8e en carrière avec des victoires sur Daniil Medvedev et Stan Wawrinka), une autre demie à Dubaï et un quart en Masters 1000 à Indian Wells où il a été contraint au forfait.
Dans le désert californien, Monfils avait même impressionné avant qu’une blessure au tendon d’Achille ne coupe son élan et ne l’empêche d’affronter Dominic Thiem, futur vainqueur. Ce coup d’arrêt a rappelé à ceux qui l’avaient oublié que le Parisien, malgré ses qualités athlétiques, a souvent enchaîné les pépins physiques au cours de sa carrière. Et 2019 n’a pas fait exception. A Monte-Carlo, c’est sa cheville qui a fait des siennes, l’empêchant de s’aligner à la dernière minute. Le reste de son printemps sur terre battue en a souffert, même si son sérieux dans les trois premiers tours à Roland-Garros a contrasté avec certaines éditions précédentes. En huitième de finale, Thiem l'a ramené à ses manques et lacunes du moment. Incapable de rivaliser, Monfils a pris un grand coup sur la tête et a traversé la saison sur gazon, qu’il n’apprécie guère, comme un fantôme.
Le changement de surface et les courts en dur de l’été américain lui ont permis de rebondir. Bien dans sa tête et dans sa vie personnelle, il est allé chercher sa première demi-finale en Masters 1000 depuis trois ans à Montréal, avant de rallier les quarts à l’US Open. Une demi-finale contre Rafael Nadal se profilait alors, mais Matteo Berrettini l’a frustré au bout du suspense et du tie-break du cinquième set. Le Français n’a d’ailleurs jamais pu refaire son retard sur l’Italien dans la perspective d’un éventuel Masters. Son objectif premier était ailleurs et il a fini l’année dans le top 10, s’arrachant à Vienne (demie) et à Paris-Bercy (quart) malgré une confiance en berne. Une performance remarquable puisque c’est une première pour un Français depuis 2016 : à l’époque, Monfils était déjà l’heureux élu. A Melbourne en janvier, il aura des points à prendre et un bon coup à jouer.

L’énigme Pouille

Difficile de trouver un fil conducteur à la saison de Lucas Pouille. Pourtant, le Nordiste de 25 ans semblait avoir repris sa marche en avant après un exercice 2018 particulièrement décevant. Pour se relancer, il avait décidé à l’hiver dernier d’entamer une collaboration avec Amélie Mauresmo qui avait pour elle une expérience plutôt réussie au côté d’Andy Murray. Et le travail a rapidement payé puisqu’il s’est qualifié pour la première fois de sa carrière pour le dernier carré d’un Grand Chelem à Melbourne. S’il n’a rien pu faire face à un Novak Djokovic sur sa planète en fin de tournoi, Pouille pouvait espérer construire sur cette belle aventure.
Il n’en a rien été. Affaibli par un virus en février, il a enchaîné cinq défaites, ne renouant avec la victoire sur le circuit qu’au 1er tour du Masters 1000 de Madrid après un passage en Challenger pour se relancer (titre à Bordeaux). Décevant à Roland-Garros où il s'est incliné en cinq sets au 2e tour contre le Slovaque Martin Klizan, Pouille a repris du poil de la bête sur gazon où son jeu percutant a davantage fonctionné. Après un quart de finale à Stuttgart, il a cédé d’un rien en huitième au Queen’s contre Daniil Medvedev. Puis, après deux premiers tours très sérieux et solides, il a dû s’incliner face à un Roger Federer en grande forme sur le Centre Court de Wimbledon qu’il foulait pour la première fois.
Malgré un quart de finale à Cincinnati en Masters 1000, la suite n’a pas vraiment souri à Pouille, sorti dès le 2e tour de l’US Open. Sa défaite au même stade à Shanghaï face à John Isner a conclu prématurément sa saison en raison d’une blessure au coude. Tout près du top 20 (22e), il n’a pas raté son année, mais son classement repose en grande partie sur son aventure australienne (720 points sur 1600, soit 45 % de son capital). Gare à la contre-performance à Melbourne en janvier prochain car la chute pourrait être spectaculaire. S’il pointe deux rangs derrière lui, Benoît Paire (24e) lui a d’ailleurs globalement été supérieur sur l’ensemble de l’année et mérite peut-être davantage cette place de numéro 2 tricolore.

Les "nouveaux Mousquetaires" en fin de parcours

L’Avignonnais boucle la deuxième meilleure année de sa carrière en termes de classement ; il estime même avoir joué à un niveau supérieur de celui de 2015 (il avait fini 19e joueur mondial). Et pour cause, il est allé chercher les deuxième et troisième trophées de sa carrière, sur terre battue à Marrakech puis Lyon. Dans la foulée, il a frôlé un premier quart de finale en Grand Chelem à Roland-Garros, coiffé au poteau par Kei Nishikori après cinq sets de bataille et de rebondissements en pagaille. A Wimbledon, il a encore atteint la deuxième semaine mais n’a rien pu faire face à Roberto Bautista Agut en huitième.
Même s’il est passé à côté de sa fin de saison, notamment lors de la tournée asiatique, Paire semble en mesure, à 30 ans, de se maintenir à ce niveau. Mais ses aînés, un temps surnommés les "nouveaux Mousquetaires", accusent, eux, clairement le coup. A l’exception du cas Monfils détaillé plus haut, ils sont loin du niveau top 10 qu’ils ont tous connu. Mis sur la touche jusqu’en mai après une opération d’une hernie inguinale, Richard Gasquet a logiquement accusé le coup physiquement et a eu du mal à retrouver le rythme. La distance des cinq sets semble un obstacle de plus en plus difficile à franchir pour le Biterrois qui n’a gagné qu’un match en Grand Chelem face à Mischa Zverev au 1er tour de Roland-Garros.
A 33 ans, Gasquet, lui-même, sait qu’il lui reste peu de temps sur le circuit et il a confié espérer jouer encore "une ou deux" saisons. Mais quand le physique va, il est encore capable de quelques coups d’éclat, à l’image de son beau parcours à Cincinnati où il s'est frayé un chemin jusqu'au dernier carré d'un Masters 1000 pour la première fois depuis 2013 à Miami. Cette performance lui a permis d’assurer largement sa place dans le top 100 (61e), au terme d’une saison pourtant tronquée par son passage par la case chirurgie. Pour Gilles Simon (55e), le constat est sensiblement identique, même s’il a pu jouer une saison pleine. Le natif de Nice s’est arrêté au 2e tour dans chacun des quatre Majeurs, mais il s'est fait remarquer sur le gazon du Queen’s où il a failli triompher pour la première fois de sa carrière, après des succès sur Kevin Anderson, Nicolas Mahut et Daniil Medvedev.
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Gasquet : "J'aurais signé pour être dans les 100 premiers"

Finalement, il a cédé au tie-break décisif en finale contre Feliciano Lopez et ses 38 printemps, dans un duel acharné. Son abandon après quatre jeux contre Denis Shapovalov à Bercy a tristement conclu une saison, sans autre relief. Enfin, le cas Jo-Wilfried Tsonga est plus nuancé. Revenu dans le top 30 alors qu’il avait commencé la saison au-delà de la 200e place mondiale, il a assurément réussi son come-back . A 34 ans comme Simon, le Manceau a ajouté deux nouveaux titres, à chaque fois en dur indoor et en France (Montpellier et Metz), à son palmarès. Son niveau de jeu à Bercy, où il a éliminé Matteo Berrettini et rivalisé l’espace d’un set avec Rafael Nadal en quart de finale, prouve qu’il est toujours capable du meilleur. Mais son état drépanocytaire et sa forme physique trop fluctuante semblent le limiter en Grand Chelem.

Une relève bien timide

Si les "nouveaux Mousquetaires" sont encore capables de rendre quelques fiers services au tennis français, la suite s’annonce bien plus incertaine. Quand ils seront partis, Pouille devrait assurer le leadership pendant un temps, mais la génération qui suit semble encore bien tendre. A 21 ans, Ugo Humbert en est le représentant le plus solide pour le moment. Il poursuit son petit bonhomme de chemin et a confirmé en 2019 sa percée de 2018. Le gaucher messin est désormais bien installé dans le top 100 à la 57e place mondiale (avec une incursion dans le top 50 en juillet) grâce à une gestion intelligente de son calendrier.
Humbert ne s’est pas laissé griser par sa progression au classement, loin s’en faut. Il a ainsi continué à s’aligner en Challenger avec trois titres à la clé (Cherbourg, Istanbul et Brest), tout en poursuivant son apprentissage sur le circuit ATP. Il a ainsi atteint trois fois le dernier carré d’un ATP 250 : à Marseille et Anvers sur dur indoor, ainsi qu'à Newport sur gazon dans la foulée d’un premier huitième de finale en Grand Chelem à Wimbledon, où il a été sorti par Novak Djokovic, futur champion. L’herbe convient d’ailleurs particulièrement bien à son tennis tourné vers l’avant et son slice de gaucher au service y fait des ravages.
Le Messin a été récompensé de cette belle saison par une participation au Masters Next Gen où il a été éliminé en poules. Mais en fond de court, il manque encore de constance, d’où ses difficultés sur terre battue. L’ocre, Corentin Moutet en raffole, lui. A 20 ans, le Francilien a passé un cap cette saison, notamment grâce à l’ancien coach de Lucas Pouille, Emmanuel Planque, qui l’a pris sous son aile pendant quelques mois. Plus posé et concentré, comme apaisé, il a réalisé un prometteur printemps sur terre battue, avec en point d’orgue un 3e tour à Roland-Garros où il a buté en cinq sets sur l’Argentin Juan Ignacio Londero aux portes de la deuxième semaine. Sur sa lancée, il s’est offert l’Open Sopra Steria de Lyon, l’un de ses deux trophées en Challenger avec Chennai.
Alors en pleine confiance, il a franchi la barre symbolique du top 100 (il finit l’année 82e) et a montré qu’il pouvait aussi être performant sur gazon. Il est ainsi sorti des qualifications à Wimbledon où il a renversé Grigor Dimitrov au 1er tour, après avoir été mené deux sets à rien. Sa fin de saison a été plus mouvementée et il a mis fin à sa collaboration avec Planque. Après une période de flottement, il a finalement réengagé son ancien coach Laurent Raymond. Ce revirement est difficile à comprendre et le plan de carrière de Moutet difficile à suivre, d’autant qu’une structure stable semble essentielle pour lui permettre de confirmer en 2020. Mais sa dernière sortie au 2e tour du Masters 1000 de Paris-Bercy contre Novak Djokovic a montré qu’il ne faisait pas de complexes face aux meilleurs, un atout assurément pour la suite.
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