Monfils, retour prématuré

Lui-même n"y croyait pas. Et pourtant Gaël Monfils a essayé de réaliser un exploit : jouer dix jours après une entorse de la cheville droite. On l"avait laissé en pleurs dans une chaise roulante à Madrid, nous l"avons retrouvé bondissant à Bercy, avec la même attitude qui le caractérise, écouteurs dans les oreilles, habits amples et chaussures brillantes "pour fêter Halloween". Agressif et volontaire, Monfils, aidée d"une chevillière, a tenté tant bien que mal de faire comme d"habitude : le show. Mais sans grande conviction.

Dans les premières minutes du match, la partie penche indéniablement de son côté. Les coups portés font mal à son adversaire, Igor Andreev, lui-même revenant après plus de six mois d'absence après une opération du genou gauche. Et pourtant, l'issue de ce match tourne avant la fin du premier set, alors que Monfils mène 5-2. "Je me suis tendu, explique le Français, j'ai commencé à plus réfléchir sur mes zones, et à manquer de confiance, puis j'ai explosé physiquement." Gaël perd les cinq jeux qui suivent, le premier set, et ne parviendra pas à redresser la barre dans la seconde manche, malgré deux balles crânement sauvées.

La faute à une préparation physique très limitée. Et pour cause. "Il faut être réaliste, je ne vais pas bien." Et de préciser : "J'ai deux jours et demi d'entraînement dans les jambes, ce qui est un peu mince pour jouer un Masters. J'ai essayé de faire ce que j'ai pu dix jours avant, mais je n'ai pas réussi à faire grand-chose." En remontant un peu le temps, le Français ne se voyait pas jouer à Bercy. "Je croyais que c'était fini, que j'allais prendre mon billet pour voir mon père en Guadeloupe."

"J'étais content de jouer à Madrid, Lyon et Bercy, et là, avec ma cheville tordue, on m'annonce une demi-heure après le match que tout est fini. J'étais en pleurs." Pourtant un médecin traitant lui redonne espoir et le remet sur pied avec des soins quotidiens. Poussé par Pier Gauthier, son entraîneur pour la fin de saison, avant de s'envoler s'entraîner en Floride, Monfils s'élance alors vers le grand bain... pour rater le plongeoir. "C'était un challenge, j'ai tenté, je n'ai pas réussi, voilà tout. Mais je ne regrette pas, je suis fier d'avoir essayé et d'avoir tout donné."

Pour le coup, sa saison est vraiment terminée. En plus des plaies physiques, il va falloir panser les plaies "psychologiques" que cette dernière aventure a creusées dans le moral du n°2 français. Auteur d'une saison moyenne à son goût, en dépit du fait qu'il ait été n°1 pendant quelques semaines, Gaël devra reprendre le travail cet hiver et oublier ses blessures aux pieds pour repartir du bon (en plus d'une entorse à la cheville droite, il a été victime aussi d'un oedème osseux au pied gauche à Wimbledon, ndlr). Et recommencer à y croire.