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"Tsonga n'a volé personne"

Eurosport
ParEurosport

Publié 03/11/2008 à 13:45 GMT+1

Heureux pour son poulain qu'il suit depuis longtemps, Eric Winogradsky est un entraîneur comblé après la victoire de Jo-Wilfried Tsonga à Paris-Bercy. Après des années de galère, mais aussi une saison 2008 tronquée, il se réjouit de le voir enfin réussir

Eric, la finale de Bercy, avec, au bout, un titre. Du bonheur comme on n'en avait jamais vu jusqu'à présent chez Jo et vous...
E.W. : Bien sûr, c'est une joie immense, vous avez complètement raison. Là où il peut être fier de lui, c'est qu'il a vraiment été chercher chaque match, a puisé très, très loin lors de certaines rencontres. Aujourd'hui, en face de lui, il avait vraiment un joueur très à l'aise ici, le dernier vainqueur du tournoi. Ce qu'il a fait, franchement, c'est vraiment très costaud.
D'autant plus qu'il s'est montré très impressionnant tout au long de la semaine...
E.W. : Oui. Ça, on ne peut pas dire qu'il ne se soit pas montré impressionnant ! (sourire) La difficulté majeure, au-delà de la qualité des adversaires et du niveau de jeu proposé à chaque match, je crois que c'est surtout qu'il s'agit d'une victoire qu'il a remportée sur lui-même. La semaine a commencé difficilement, il avait mal un peu partout. Il a réussi à compenser en allant chercher au plus profond de lui-même, et surtout dans la tronche, tout ce qu'il n'arrivait pas encore à faire physiquement sur le terrain. Et ça, je pense que c'est vraiment la marque d'un grand champion.
En tant que coach, avez-vous eu peur lors de cette finale ?
E.W. : Je ne vais pas vous dire que j'étais serein du début jusqu'à la fin... Le plus important était de prendre un bon départ, surtout face à un joueur comme Nalbandian, qui n'aime rien d'autre que de faire la course en tête ! Il aurait peut-être même pu – mais bon, on ne va pas pinailler – l'emporter en deux sets, s'il ne s'était pas frustré de ne pas arriver à faire le break. Il sentait qu'il n'était pas loin de "tuer le match". Après, il s'est un peu crispé, a fait un mauvais jeu de service, ce qui a donné la deuxième manche a son adversaire. Par la suite, par contre, il est reparti de plus belle, a réussi à se calmer intérieurement, retrouver ses esprits, et tenir le coup jusqu'à la fin. Même si à 0/40, ce n'était pas gagné encore...
Qu'est-ce qui vous passe par la tête sur la balle de match ?
E.W. : Une fois que lui a la balle de match, là, honnêtement, je ne suis pas inquiet, parce que je sais qu'il va la faire ! Le plus dur, c'est d'arriver justement à cette balle. Les matches sont difficiles à terminer, encore plus contre un joueur comme David Nalbandian, qui a beaucoup d'expérience, qui sait très bien qu'il faut rester présent jusqu'au dernier point. C'est ce qu'il a fait. Même à 5/3, c'était chaud, sur le service de Nalbandian. Il a vraiment sorti deux points exceptionnels pour aller jusqu'à 5/4 et se donner une dernière chance sur son service... Donc franchement, Jo mérite amplement sa victoire.
Qu'est-ce que ce titre représente pour lui, après l'année qu'il a passée ?
E.W. : Beaucoup de choses, certainement. Il s'était fait de Bercy un objectif majeur et prioritaire. Il avait carrément réussi à mettre de côté la "cerise sur le gâteau" (la participation au Masters, NDLR), comme il le dit lui-même. Qui plus est, se qualifier lors du dernier match en étant obligé de l'emporter, je pense qu'il y en a pas mal qui se seraient tétanisés, qui seraient peut-être passés à côté... Lui a bien tenu le coup. Voilà : il a été chercher sa petite "cerise sur le gâteau" : c'est fabuleux je trouve ! (sourire)
C'est aussi une victoire pour vous...
E.W. : On travaille toute l'année ensemble, c'est sûr. Maintenant, quand vous êtes au milieu de l'arène... Il n'est pas tout seul, mais d'un autre côté, c'est quand même lui qui court partout, c'est quand même lui qui frappe dans la balle, c'est quand même lui qui choisit les options. C'est quand même lui qui fait le boulot ! On essaye de l'amener dans les meilleures conditions possibles. Je ne suis pas tout seul, il ne faudrait pas l'oublier : il a quelqu'un qui l'entraîne physiquement, Cyril Brechbuhl, il a son kiné, Christophe Ceccaldi, son ostéopathe, Patrick Basset, son médecin... Bref, toute une équipe qui essaye de l'amener dans les meilleures conditions possibles, de la même manière qu'au début de l'année. Je pense qu'effectivement c'est sympa quand le travail est récompensé de cette manière. Je dis toujours que je suis content, mais bien évidemment, je ne peux pas vous cacher non plus que je suis aussi content pour moi et pour tous ceux qui travaillent avec nous.
Comment avez-vous, vous, vécu cette semaine ? Avez-vous été ultra-présent, ou l'avez-vous laissé tranquille ?...
E.W. : Comme d'habitude. Vous savez, nous, on ne lâche rien. On est présent, du matin au soir. Mais c'est normal, comme pour tous les joueurs à ce niveau-là. On essaye de lui présenter ce qu'il y a de mieux. Voilà. C'est un investissement important, mais pour lequel nous sommes largement récompensés ! (sourire)
Jo-Wilfried a un gros c&oeligur, non seulement sur le terrain mais également en dehors... Il y avait beaucoup d'émotion lors de sa conférence de presse...
E.W. : Oui. Bon, vous le connaissez. A partir du moment où il a un gros coeur, il aime bien donner sur le terrain. Mais à un moment donné, forcément, ça doit sortir un petit peu. Gagner « en costaud », cela veut dire aussi que l'on emmagasine plein d'émotions : il faut arriver à les contrôler, les gérer, pour rester performant dans les moments importants. Surtout, je pense, à 0/40 sur le dernier jeu… Donc je préfère qu'il ressorte ce surplus d'émotion après le match. A la rigueur, c'est sa manière à lui de continuer à partager avec vous.
Comment avez-vous abordé ce tournoi avec tous les enjeux qu'il comportait ? Et comment avez-vous vécu ces quatre mois de galère ?
E.W. : Honnêtement, quand il est blessé, c'est toujours un coup de massue. Cette année, il a loupé pas mal d'événements importants, les Jeux, deux Grands Chelems. Ça n'a pas été facile digérer, mais bon... Il ne faut pas dire "on a l'habitude", parce que, franchement, ce ne sont pas de bonnes habitudes à prendre. J'espère que ces habitudes-là, on va vite les perdre, cela voudra dire qu'il sera de moins en moins blessé, je l'espère pour lui. Mais on est organisé, on sait gérer ces moments difficiles, ce qui l'aide à revenir à chaque fois
Jo disait en début de semaine que s'il n'avait aucun problème de santé, il monterait en puissance au fur et à mesure du tournoi. Vous a-t-il fait part d'une quelconque appréhension quant à une éventuelle blessure lors de Bercy?
E.W. : Non. Je crois qu'il a très bien géré l'avant-Bercy. Il n'était pas en très grande forme les deux semaines précédentes, mais il s'est bien géré, il savait exactement ce qu'il voulait. Et je crois que le physique est une chose, mais les capacités mentales, ça, c'en est une autre. Et parfois, il faut savoir compenser, quand on est un tout petit peu moins bien physiquement, en étant justement très, très fort dans la tête. C'est une chose qu'il a particulièrement bien faite cette semaine.
Donc à Shanghai, tout est possible ?
E.W. : Tout est toujours possible. Je le dis toujours : avec lui, je ne mets absolument aucune limite quand il est en pleine possession de ses moyens. Et en général, quand il commence à avoir deux, trois semaines de compétition dans les jambes, c'est toujours là que le meilleur arrive. Encore une fois, cela s'est vérifié ici, ça s'était vérifié également à Melbourne et par le passé, même s'il s'agissait de tournois de catégories inférieures. Mais c'est toujours comme cela qu'il fonctionne.
Comment allez-vous aborder ce tournoi très particulier ?
E.W. : Vous savez, pour commencer, il faut dire qu'ici, il a déjà fait un mini- Masters ! Dans la mesure où les quatre derniers matches étaient face à des membres largement confirmés du top 10 car je pense que l'on peut inclure James Blake dans le lot... Quelque part, je pense que ça va lui donner un peu d'expérience, une bonne idée du niveau de jeu qui va se présenter à lui. C'est toujours mieux d'arriver sur ce type d'événement en pleine confiance. Là il sort d'une belle victoire. C'est tout de même plus agréable d'arriver dans un tournoi de cette importance dans ses conditions-là.
Un premier titre en Masters Series, à Paris qui plus est, une qualification pour la Masters Cup, une 7e place mondiale... Les choses vont très, très vite. Trop vite ?
E.W. : A chaque fois on me dit ça, mais… Je n'ose même penser, s'il n'avait pas été opéré du genou ! Honnêtement, le retrouver aujourd'hui 7e mondial, en jouant la moitié de la saison... Il n'a volé personne.
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