Davydenko : "Je fais peur"

OPEN D'AUSTRALIE - 1er tour messieurs

Nikolay Davydenko (RUS, 6) bat Dieter Kindlmann (ALL, Q) 6-1, 6-0, 6-3. Prochain adversaire : Marchenko.

"Tout à coup tout le monde a peur de moi", constate le Russe, N.6 mondial, vainqueur de quatre tournois dont le Masters depuis octobre et qui n'a fait qu'une bouchée mardi de l'Allemand Dieter Kindlmann. Après une victoire sur un joueur issu modestement des qualifications, c'est un peu facile. Mais il y a du vrai dans les propos du Russe. Ses deux victoires sur Roger Federer à Londres et Doha, celle sur Nadal, toujours au Qatar il y a deux semaines, ont fait de lui le joueur le plus en vue de ces derniers mois (voir notre article L'énigme Davydenko).

"C'est intéressant et bon pour moi. Cela me donne beaucoup de confiance. Je sais aujourd'hui que je peux battre tout le monde, ce qui n'était pas forcément le cas auparavant", a-t-il souligné. Selon le Russe, la fin de la domination Federer-Nadal est proche. "Ils ne sont plus toujours en finale. On a vu Soderling à Roland-Garros, Roddick à Wimbledon, Del Potro a gagné l'US Open. Cela commence à bouger."

DAVYDENKO, LE JOUEUR QUI MONTE

Ce qui a bougé, c'est ce que Davydenko veut exprimer et l'image qu'il veut donner de lui-même. Autrefois retranché dans un cynisme discret, qui passait pour un manque de personnalité, ou qui paraissait même suspect à l'époque de l'affaire des paris à laquelle il a été mêlé, le voilà dans le rôle de grand animateur du circuit. Son franc-parler et son humour font autant de ravages que ses prises de balles précoces.

Ce qui a bougé, c'est aussi son jeu, insiste-t-il pour mieux répondre aux joueurs qui doute de la qualité intrinsèque de son jeu. A Novak Djokovic, qui estime qu'il a surtout amélioré son service, et surtout à Roger Federer, qui a récemment ironisé sur sa capacité à défier les meilleurs en cinq sets. Oui, c'est vrai, Nikolay n'a convaincu personne sur les tournois du Grand Chelem. Il n'a souvent tenu qu'un seul set l'intensité imposée par les deux meilleurs joueurs de la planète. Mais, c'est vrai aussi, sa façon d'aller chercher les points à la volée depuis six mois n'est pas anodine.

"Je ne joue plus seulement du fond du court. Je cherche plus à monter, j'ai progressé au service, je veux devenir encore plus rapide. Del Potro m'a dit que j'étais comme la PlayStation 3. Moi je veux devenir la PlayStation 4", lance celui qui a longtemps vécu dans l'ombre médiatique de Safin. Est-ce un hasard s'il libére enfin son tennis une fois ce dernier parti à la retraite ? Davydenko, c'est l'anti-Safin par excellence, et cela bien que les relations soient cordiales entre les deux joueurs. La célébrité, cela ne l'intéresse pas. Rivaliser avec Federer et Nadal, il sait qu'il peut, mais il sait aussi qu'il a encore de la marge avant de devenir une star planétaire : "Ils ne peuvent plus descendre au petit-déjeuner à l'hôtel et sont obligés de faire room-service tellement ils sont connus. Je ne suis pas Paris Hilton, moi".

SON TABLEAU : Entre Roger Federer et Nikolay Davydenko, le rendez-vous est pris en quart de finale. Federer a lancé les hostilités à sa manière, tout en douceur, en s'interrogeant à peu près de la sorte : Davydenko a de bons résultats certes, il vient de me battre deux fois de suite, mais reste à voir ce qu'il peut faire en cinq sets. Entre les deux joueurs il y a des Espagnols (David Ferrer et surtout Fernando Verdasco, d'autres comme Juan Carlos Ferrero sont déjà éliminés, et d'autres encore ne sont pas des outsiders crédibles comme Albert Montanes), un Letton (Ernsts Gulbis), et un Chypriote (Marcos Baghdatis).