Tsonga et les ferrailleurs

OPEN D'AUSTRALIE 2010 : LES FRANÇAIS

JO-WILFRIEDTSONGA est le leader emblématique du tennis français : parce qu'il est capable de tout, et parce que son organisme  peut le lâcher à n'importe quel moment. Avant le premier tournoi du Grand Chelem de l'année, Tsonga n'a toujours pas joué le moindre match officiel. Rassurez-vous, c'était prévu. Usé par une saison 2009 qui s'est prolongé à Londres (remplaçant du Masters), des douleurs aux poignets et au dos, il a pris la décision de ne participer ni à l'exhibition d'Abu Dhabi le 31 décembre, ni au tournoi de Doha. Il est parti d'Europe le 9 janvier, et a pris une petite dizaine de jours pour se préparer. Seul tournoi : l'exhibition de Kooyoong. C'est un programme allégé qui n'est pas incohérent - Roger Federer a souvent pris cette option avant lui - mais c'est une façon de se lancer sans filet, qui n'est pas facile à assumer. Tsonga en a les capacités, c'est certain. C'est plutôt sa voix rassurante à force d'ambitions, ses "J'y vais pour gagner" qui manquaient à quelques jours du début du tournoi où il se révéla au grand public. Depuis samedi, on est rassurés.

Fin 2009, Tsonga restait sur la frustration d'une saison sans titre majeur, sur un jeu qui penchait un peu trop côté coup droit et pourtant sur une confirmation puisqu'il a réussi l'exploit - pour un joueur français, de rester dans le top 10 deux années consécutives. En ce début 2010, il lui a fallu faire un effort pour se remettre dans le bon sens : "A un moment je me suis demandé si ça allait le faire. J'étais assez négatif dans ma tête. Puis je me suis dit que le fait de positiver allait m'aider et c'est ce qui s'est passé." Et les trois matches à Kooyong l'ont "rassuré". Et nous avec. Avec un tableau à sa portée, où il peut légitimement viser un huitième de finale contre Robin Soderling. Un joueur qu'il n'avait jamais battu avant... cette semaine à Kooyoong !

QUELS OBJECTIFS POUR LES BLEUS ?
Aucun en particulier, sauf pour Tsonga qui vise toujours le plus haut. Monfils diminué, Gasquet et Benneteau prudents, Clément en posture délicate au premier tour, et les autres trop discrets jusqu'ici, on retiendra que la plupart peuvent prendre "du plaisir" comme dit Gasquet. Prendre des points et faire des perfs, c'est autre chose.

Cet Open d'Australie se déroulera malheureusement sans GILLES SIMON. Le numéro 2 tricolore, qui était arrivé en Australie en plein doute sur sa condition physique, a finalement renoncé. Son genou droit, qui grince depuis une dizaine de mois, ne le laisse pas en paix : "Sur les quinze jours de préparation, je n’ai pas réussi à me mettre sufisamment au niveau et en confiance pour aller sur le terrain et défendre pleinement mes chances, a-t-il expliqué au micro de RMC. Ça me semblait plus raisonnable de ne finalement pas jouer, en me disant qu’il y avait plus de chances que ça finisse mal que bien."

Gilles a dû s'arrêter sept semaines pour résorber le problème. Il faut digérer cette longue absence :  "S’arrêter sept semaines avant la préparation d’un Grand Chelem, c’est long Et c’est dur de se remettre au niveau, déplore-t-il. J’ai un problème de confiance sur mes appuis et je ne peux pas jouer à un tel niveau en essayant de compenser dès le début. Je me suis donc dit que j’allais rentrer à la maison et travailler sur ma jambe pour la renforcer au maximum. "

Dans le même registre, GAËLMONFILS, diminué par une épaule douloureuse, a décidé lui de serrer les dents. Comme l'année dernière, il a réalisé une très grosse préparation foncière en Australie, avec son coach australien Roger Rasheed. Comme l'année dernière, il a l'air en forme mais il est blessé. La saison passée, c'était le poignet, cette fois, c'est l'épaule. Et Gaël a déjà joué sous anti-inflammatoires ! Difficile d'attendre quoi que ce soit du joueur français le plus en vue fin 2009, et finaliste du Masters 1000 de Paris-Bercy.

RICHARD GASQUET n'a aucun problème physique pour l'instant, mais il est peu court au niveau de l'endurance, de la densité et émotionnellement. Après deux bons premiers tournois, il vient enfin de tourner la maudite page 2009 de sa carrière et de sa vie, mais il est encore fragile. Son premier tour face à Mikhail Youzhny, toujours à l'aise sur ce genre de surface, est un quitte ou double. En cas de victoire, son tableau s'ouvre pour une petite aventure possible. Sinon, il se repasssera la cassette de son match en cinq sets perdus l'an passé au 3e tour face à Fernando Gonzalez, ou celle de son premier tour à l'US Open contre Tommy Haas en 2008 et Rafael Nadal en 2009.

Ils sont au total 14 représentants français présents au premier tour : JULIEN BENNETEAU, qui veut confirmer son bon tournoi de Bercy en novembre dernier et sa demi-finale à Sydney, affrontera un compatriote DAVID GUEZ, sorti des qualifications tout comme GUILLAUME RUFIN, que l'on avait découvert à Roland-Garros, et qui se frottera au talent impétueux du plus grand espoir australien Bernard Tomic. ARNAUD CLEMENT, à peine remis de ses belles émotions néo-zélandaises (battu par Isner en finale), devra se concentrer sur James Blake, pour un exploit qui le rajeunirait, lui le finaliste de l'édition 2001. JEREMYCHARDY, discret en ce début d'année, doit assumer un statut de tête de série, la dernière, soit le N.32, face à l'Ouzbek Denis Istomin, 106e mondial. Sous pression ?

Quant à MICHAELLLODRA, face à Martin Vassallo-Arguello, MARC GICQUEL face à Simone Bolelli et FLORENT SERRA contre Jurgen Melzer, tout est possible. A noter que Gicquel pourrait défier Murray au tour suivant. STEPHANE ROBERT, qui dispute son deuxième Grand Chelem, est face à Potito Starace et doit rêver de passer deux tours pour faire face à Roger Federer. Enfin, SEBASTIENGROSJEAN, de retour, et FABRICE SANTORO, qui s'en va, ont deux matches très différents : le premier doit surclasser un qualifié pour ne pas sortir morose, et le second doit faire mieux que sauver son honneur face à MARIN CILIC pour ne pas rater sa deuxième sortie définitive...