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Benneteau, cœur gros et gros coeur

Laurent Vergne

Mis à jour 18/01/2018 à 14:01 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Julien Benneteau a signé à 36 ans un des plus beaux exploits de sa carrière jeudi en éliminant David Goffin en quatre sets à Melbourne. Meurtri lors de la finale de la Coupe Davis à Lille, où il n'avait pas été retenu pour le double, il a su rebondir, avec une envie de se battre décuplée.

Julien Benneteau

Crédit: Getty Images

Pour un pré-retraité, ce que vit Julien Benneteau depuis trois mois n'est vraiment pas commun. De sa demi-finale fin octobre au Masters 1000 de Bercy, où il avait déjà battu David Goffin, à son exploit contre ce même Goffin jeudi à l'Open d'Australie en passant par sa fausse joie du double et sa vraie peine lors de la finale de la Coupe Davis, le Bressan a traversé un flot d'émotions presque continu. Tout ça à 36 ans, donc. L'âge qu'il aura attendu pour signer une des plus belles victoires de sa carrière. La plus belle, en Grand Chelem, assurément.
Car David Goffin est un client. Il l'est depuis quelque temps déjà mais la métamorphose du Liégeois l'avait installé dans une catégorie supérieure depuis la fin de l'automne dernier. Pour tout dire, personne n'imaginait vraiment que Julien Benneteau puisse le bouter hors de Melbourne Park. Pas même lui, peut-être. "Oui, c'était inimaginable, a-t-il avoué au micro d'Eurosport. J'avais dit à ma femme, si je passe un tour en Australie, mon tournoi sera déjà réussi. J'en passe deux, je bats un Top 10 mondial, c'est génial, vraiment, car ça ne m'est pas arrivé souvent dans ma carrière."
Aujourd'hui, ce n'était pas du tennis
La température extrême (39 degrés) semble avoir servi ses intérêts. Pas tant par la chaleur en elle-même que par son impact sur le jeu. "C'était l'enfer, mais je pense que ça m'a un peu avantagé entre guillemets, a-t-il expliqué. Aujourd'hui, ce n'était pas du tennis. Le court était une vraie patinoire, et la balle, dans l'air, on la touche à peine et elle part direct dans le parking." Il n'en reste pas moins que physiquement, Benneteau a tenu le choc. Peut-être plus que son adversaire, de dix ans son cadet : "J'ai vite vu qu'il n'aimait pas trop la chaleur. Les rares fois où il y a eu un rallye, il suffoquait, il cannait."
Julien Benneteau a donc d'ores et déjà réussi à rendre mémorable sa dernière saison sur le circuit. Parce qu'il revient de loin après la sévère pubalgie qui l'avait éloigné des courts pendant presque une année en 2015, il affiche une tranquillité à toute épreuve. Ou presque. "Je n'ai rien à perdre. C'est très facile pour moi d'aller sur le court. Je suis ici avec ma femme et mon fils. J'ai un certain détachement et ça m'aide, explique-t-il, même si au moment de servir pour le match à 5-4, on a bien vu que je n'étais pas si détaché que ça. Mais je me suis promis que, tant que je jouerai, ce serait pour être compétitif. J'ai la hargne, je me bagarre. Ça a été dur après ma blessure, mais ça paie aujourd'hui et ça fait plaisir."
Il avoue se foutre du classement et des points. "Je l'ai juste regardé après Bercy, parce que ça me permettait d'établir mon calendrier comme je le voulais", reprend le Bressan. Un luxe donc, mais plus un objectif en soi. "J'ai juste envie de bien jouer au tennis et d'être performant. Je veux savourer, profiter, me mettre moins de pression tout en étant ambitieux." Visiblement, ça marche. En sept tournois du Grand Chelem depuis son retour à la compétition, il n'avait gagné qu'un seul match. A Melbourne, il a déjà fait deux fois mieux que sur les deux dernières années réunies.
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Impuissant puis intenable, Benneteau a magnifiquement renversé Goffin

La Coupe Davis ? "Une autre histoire"

Mais ce bonheur-là n'est pas une revanche par rapport à l'épisode lillois. Pressenti pour jouer le double en finale de la Coupe Davis contre la Belgique, il avait finalement été écarté au profit de Pierre-Hugues Herbert et Richard Gasquet. Il en a eu gros sur la patate, mais son mérite est d'avoir su passer à autre chose.
"C'est une autre histoire, nous dit-il. Je ne suis pas le premier à avoir été sorti d'une équipe en finale. Je n'ai aucun problème avec Yannick, Cédric ou Loïc. On s'est parlé en temps et en heure." La Coupe Davis, il est d'ailleurs prêt à y retourner demain si on l'appelle. "Tant que je joue, je suis à disposition de l'équipe et du capitaine, assure le vétéran. Chaque licencié est susceptible d'être sélectionné, je ne m'écarte pas de la Coupe Davis."
En attendant une éventuelle sélection début février, il y a cet Open d'Australie où il est toujours bien vivant. Samedi, il remettra le couvert contre Fabio Fognini pour une place en huitièmes. "Il est imprévisible, mais il a des armes tennistiques et physiques impressionnantes, prévient-il. Il faut rester concentré sur soi, essayer de faire un match plein." Bennet' a 48 heures pour se remettre de ses émotions et se préparer au mieux. Il sait déjà ce qu'il fera vendredi, avec une journée où la chaleur devrait être plus écrasante encore. "Ils ne me verront pas sur le court de tennis pour m'entrainer. Ce sera bain froid, direct, la tête la première dedans."
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Pour Benneteau, la suite, c'est Fognini

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