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Nadal et Djokovic : Seuls au monde

Laurent Vergne

Mis à jour 25/01/2019 à 18:04 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Jeudi, Rafael Nadal avait évolué à un niveau stratosphérique face à Stefanos Tsitsipas. Vendredi, Novak Djokovic a répliqué à distance sur le même ton et le même mode en pulvérisant Lucas Pouille. A 32 et 31 ans, l'Espagnol et le Serbe continuent de produire un tennis dantesque. Et les autres, tous les autres, sont bien en peine de suivre.

Novak Djokovic vs Rafael Nadal

Crédit: Eurosport

"C'est un des meilleurs matches que j'ai jamais joués sur ce court, aucun doute là-dessus." Pour un sextuple vainqueur de l'Open d'Australie, qui a déposé quelques chefs-d'œuvre sur la Rod Laver Arena depuis plus d'une décennie, ça en dit long. Malheureusement pour Lucas Pouille, Novak Djokovic a raison. Cette rencontre ne fera pas date, mais du strict point de vue qualitatif, le Djoker ne pouvait faire beaucoup mieux. Comme on pouvait le redouter, le numéro un mondial a très sérieusement haussé le ton vendredi en demi-finales, épurant sa copie des scories multiples de ce début d'année.
Quand il s'exprime de cette manière, Djokovic ne laisse jamais apparaitre le même sentiment d'extrême facilité qu'un Roger Federer, ou l'impression destructrice d'un Rafael Nadal. Mais dans son registre, il n'en est pas moins injouable que ses deux compères historiques. Dans sa façon de réduire l'adversaire à une totale impuissance, il n'a même peut-être pas d'égal. Aucune faille, aucune ouverture.

48 heures à attendre, et à saliver

Dans son "match" face à Pouille, il a relâché la pression sur un seul jeu : à 6-0, 6-2, 4-1. Un jeu blanc pour le Français, deux fautes directes de Nole, soit presque autant que sur tout le reste du match (trois). On ne lui en voudra pas. Cinq fautes directes sur une demie de Grand Chelem, c'est ahurissant. C'est l'unique moment où Pouille a pu respirer et ne plus sentir les mains du Djoker le serrer à la gorge. Affronter ce Djokovic-là, c'est avoir le sentiment d'étouffer en permanence.
En même temps que la gifle administrée à l'élève Pouille, ce match fut aussi une réponse indirecte à celui avec qui il débattra frontalement dimanche. Rafael Nadal, à 12000% sur chaque frappe depuis le début de la quinzaine, avait encore haussé la cadence jeudi face à Stefanos Tsitsipas, tutoyant la perfection. Djokovic, lui, n’avait pas délivrer la même impression.
Au point que certains voyaient déjà ce tournoi plié. Lors d'une discussion sur Twitter, à ce point soufflés par la prestation du Majorquin, certains jugeaient la cause entendue : face à ce Nadal-là, même Djokovic ne pourrait rien faire. C'est quand même faire peu de cas de lui. La réplique à distance a en tout cas valu le détour et atténué les prophétiques certitudes de la veille, et elle nous offre 48 heures à attendre, mais aussi à saliver.

Ecart gigantesque

Cette finale, c'est celle d'une implacable logique. Ce sera la toute première en Grand Chelem entre les deux hommes depuis près de cinq ans. De l'US Open 2010 à Roland-Garros 2014, il y en avait eu sept en quatre ans et demie. Puis plus rien, au gré des bleus au corps de l'un et de l'autre. Mais ces retrouvailles avaient quelque chose d'inévitable. Seuls les hasards du tableau nous en avaient privés ces derniers mois. A Wimbledon, leur demie avait plus qu'une tête de finale et à Flushing, sans la blessure de Rafa, elle aurait tout à fait pu avoir lieu.
Maintenant qu'ils sont à nouveau installés aux deux premières places du classement mondial, plus rien ne peut entraver leur marche en avant jusqu'au dernier dimanche. Plus rien, et surtout plus personne. Andy Murray hors circuit, Roger Federer en retrait depuis plusieurs mois (deux éliminations consécutives avant les quarts en Grand Chelem, le Suisse n'avait plus connu ça depuis son année noire en 2013), la distance mise par le tandem hispano-serbe et le reste du monde a rarement atteint une telle ampleur. Et si la jeunesse avance, elle n'est pas encore de taille à évoluer sur les hauteurs imposées par ces deux monstres ces deux derniers jours. C'est trop haut, trop tôt.
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Un grand Nadal a submergé Tsitsipas : le best of d'une démonstration

Vous reprendrez bien une grande finale ?

A tel point que si le physique tient chez l'un comme chez l'autre, il n'est pas impossible que cette saison 2019 se résume à une razzia à deux. Sauf à penser que Federer puisse retrouver sa maestria de 2017, ce qui n'est quand même pas gagné, ou que certains membres de la Next Gen franchissent encore un cap dans les mois à venir (possible, mais pas garanti), on voit mal pourquoi Djokovic et Nadal ne poursuivraient pas sur leur lancée australienne, en tout cas pour ce qui est des Grands Chelems.
Mais l'avenir, c'est toujours loin. Revenons à maintenant. L'absence d'intérêt de ces deux demi-finales porte-t-elle en elle les germes d'une finale monumentale ? C'est souhaitable et envisageable. Souhaitable, car les grandes finales de Grand Chelem se sont rares ces temps-ci. Six des sept dernières finales majeures se sont achevées en trois sets. Seule exception : Melbourne 2018. Mais si ce Federer-Cilic s'était joué en cinq manches, les débats avaient manqué d'envergure.
La dernière vraie grande finale de Grand Chelem en date reste le Federer-Nadal de 2017, toujours en Australie. Une histoire de retrouvailles, déjà. Une attente démesurée, déjà. Cet espoir-là n'avait pas été déçu. La même en couleurs dimanche ? Pourquoi pas. Nadal et Djokovic ont toujours eu cet art commun d'extraire la meilleure sève de l'autre. Il n’y a donc aucune raison de penser que ce 53e acte (!) de leur rivalité n'approche pas, au moins en intensité, certains de leurs monuments du passé.
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Rafael Nadal et Novak Djokovic

Crédit: AFP

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