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Pouille : "Ces matches-là, je les perdais l'an dernier"

Laurent Vergne

Mis à jour 19/01/2019 à 18:20 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Pour n'avoir pas su conclure un match presque parfait pendant trois sets, Lucas Pouille a dû s'embarquer dans un thriller dont il aurait pu faire l'économie face au jeune Australien Alexei Popyrin. Mais la victoire a tout de même été au bout. Du coup, alors qu'une défaite lui aurait fait beaucoup de mal, cette victoire peut lui faire un bien fou.

Lucas Pouille

Crédit: Getty Images

"J'aurais pu rentrer au vestiaire une heure et demie plus tôt". A notre micro, sur le plateau d'Eurosport Tennis Club, Lucas Pouille pouvait en sourire. L'histoire s'est bien terminée pour lui samedi sur la Margaret Court Arena. Mais s'il avait perdu ce match, il aurait eu de quoi en pleurer. S'incliner contre un novice de 19 ans, certes doué, mais au jeu explosif mais encore un peu foutraque, après avoir mené deux manches à rien et bénéficié d'une balle de match, voilà qui aurait pu laisser de vilaines traces dans la tête du Nordiste.
Lucas Pouille va mieux. Ça se voit. Mais sa confiance est encore très, très friable. Et ça se sent. Face à Alexei Popyrin, il s'en est fallu d'un rien pour qu'il signe une victoire très probante, sur le fond comme sur la forme. Solide sur sa mise en jeu, avec un vrai fil conducteur tactique à l'échange, le Français a superbement mené sa barque. Puis ce tie-break du troisième set, dans lequel il a bénéficié d'une balle de match mais surtout mené 4-0, a révélé les fragilités qui sont encore les siennes.
Je vous le confirme, je n'étais pas serein quand je suis allé aux vestiaires
Alors, même s'il a quitté le court sourire aux lèvres et en vainqueur, il sait pertinemment que s'il veut revenir titiller la cour des grands comme en 2016, il doit éviter ce genre de soubresauts. "A 4-0 dans le tie-break, je dois serrer un peu plus le jeu et être encore plus concentré, admet-il. Je fais quelques fautes, je le perds et je m'agace un peu, parce que j'ai l'impression que ce set était pour moi. Inconsciemment, je me projette peut-être un peu. Après, il revient, le public s'en mêle, c'est difficile de rester concentré."
Quand Alexei Popyrin a ensuite recollé à deux manches partout, cette affaire ne sentait pas bon du tout. A la fin du quatrième set, Pouille est sorti du court pour faire le point. "J'avais besoin d'évacuer un peu, souffle le dernier rescapé tricolore à Melbourne. Je vous le confirme, je n'étais pas serein quand je suis allé aux vestiaires. Beaucoup de pensées passaient dans ma tête." D'autant que, outre les ondes négatives des derniers mois, d'autres, plus anciennes, sont remontées à la surface : en 2015, sur ce même court, il s'était déjà incliné en cinq sets après avoir mené deux manches à rien. C'était face à Gaël Monfils. "Le match contre Gaël m'est revenu en pleine face, je me suis dit ça y est, ça va être la même chose...", avoue-t-il.
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Lucas Pouille après a victoire sur Alexei Popyrin à l'Open d'Australie 2019

Crédit: Getty Images

Je suis très content d'avoir réussi à trouver la solution
Mais son grand mérite est justement de ne pas avoir sombré. Il aurait pu. Dans un stade surchauffé, même à minuit (je n'avais jamais joué l'Australie en Coupe Davis, je sais ce que ça fait, maintenant", a plaisanté le protégé d'Amélie Mauresmo sur le court après la rencontre), et face à un adversaire survolté d'être encore en vie après avoir eu un pied et quelques orteils au-dessus du précipice, il y avait tout pour couler. "Finalement, reprend Pouille, j'ai réussi à passer outre et à repartir comme si c'était un nouveau match. Je suis très content d'avoir réussi à trouver la solution."
On ne sait ce qui est le mieux pour lui, au fond. Avoir gagné en trois sets avec une prestation pleine à tous points de vue, ou sortir vivant d'une bataille qui a failli lui glisser entre les doigts. "Ces matches-là, je les perdais l'an dernier", rappelle-t-il. Ce qui n'est pas faux. "Je le gagne au mental en réussissant à retrouver du positif alors que pendant un set, c'est compliqué", ajoute le Français. Tennistiquement, il y avait du mieux chez lui. "Même à la Hopman Cup, je l'avais trouvé très bon, juge Patrick Mouratoglou. Il avait perdu tous ses matches parce que, sur quelques points importants, on sentait qu'il manquait de confiance. Mais tennistiquement, c'était déjà très bon."

Rassuré sur le physique, aussi

Avec ce premier huitième de finale en Grand Chelem depuis l'US Open 2017, il renoue un peu avec le fil des standards qui l'avaient solidement installé dans le Top 20. Etre en seconde semaine à Melbourne, ce n'est pas l'exploit du siècle, mais dans le contexte qui était le sien, c'est très bon à prendre. "Je suis en deuxième semaine et c'est plutôt vraiment pas mal en termes de niveau de jeu, note-t-il. On a beaucoup bossé (avec Amélie Mauresmo, NDLR), le travail paie un peu à court terme, mais on va essayer d'aller encore plus loin."
La suite, évidemment, s'annonce plus complexe. Borna Coric, son prochain adversaire, est devenu un client pendant que lui descendait dans la hiérarchie. Lucas Pouille devra afficher le même visage que lors de ses deux premiers sets face à Popyrin dans la conduite du jeu. Et gagner la poignée de points qui font basculer du bon ou du mauvais côté.
Physiquement, en tout cas, son match à rallonge ne l'inquiète pas. Au contraire : "Ça me rassure encore sur ma forme physique, je ne me sentais pas fatigué du tout, je n'avais aucun signe de fatigue dans les jambes, c'est très positif." Positif, l'Open d'Australie de Lucas Pouille l'est d'ores et déjà. Quoi qu'il arrive face à Coric. Maintenant, si tout se goupille bien lundi, il peut même devenir très intéressant...
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