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Open d'Australie - Battu mais fier, Kyrgios s'est régalé : "En jouant comme ça, je gagne contre 95 % des joueurs"

Maxime Battistella

Mis à jour 20/01/2022 à 17:00 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE - Nick Kyrgios a vu son tournoi se terminer dès le 2e tour jeudi, non sans un certain panache face au numéro 2 mondial Daniil Medvedev (7-6, 6-4, 4-6, 6-2). L'Australien, qui a encore donné des frissons au public de la Rod Laver Arena, est revenu sur le plaisir qu'il avait pris lors de cette soirée, tout en restant mystérieux sur la suite de sa carrière.

Le show pour Kyrgios, la victoire pour Medvedev : le résumé vidéo d'un match pop-corn

De plus en plus rare, mais toujours aussi précieux. Comme l'an passé face à Dominic Thiem qui l'avait battu en cinq sets au terme d'un match riche en suspense et en émotions, Nick Kyrgios a fait vibrer le public australien. Et si comme l'an passé encore, il a fini par baisser pavillon, cette fois un tour plus tôt face à Daniil Medvedev, tête de série 2 de cet Open d'Australie, le jeu en aura valu la chandelle. Car à lui seul, l'Aussie est un spectacle ambulant, surtout quand ses facéties s'accompagnent d'une implication de tous les instants, ou presque.
Ce Kyrgios-là donne du relief à un circuit qui en manque parfois cruellement. Autant par son style de jeu, que par sa capacité sans égale à se mettre le public dans la poche, à enflammer une Rod Laver Arena pourtant réputée plus froide que la John Cain Arena qu'il affectionne tant. "C'est vrai que cette année, c'était beaucoup plus bruyant que d'habitude sur la Rod Laver, et je pense, comme je l'ai beaucoup dit auparavant, que c'est ce dont le peuple australien a besoin", a reconnu l'intéressé, très au fait des frustrations de ses compatriotes qui ont subi leur lot de confinements stricts ces derniers mois à cause du coronavirus.
Il est plus que temps que les gens profitent d'un énergie différente dans ce sport, sinon il mourra
"L'ambiance était énorme. C'est ça le sport. Quand vous avez le joueur le plus divertissant qui joue un Grand Chelem à domicile sur la Rod Laver Arena, vous devriez vous attendre à avoir un public comme ça. Je peux comprendre que c'est un jeu de gentlemen, mais il est plus que temps que les gens profitent d'une énergie différente dans ce sport, sinon il mourra. C'est aussi simple que ça", a ajouté Kyrgios, aussi conscient d'incarner quelque chose de particulier dans le monde feutré de la petite balle jaune.
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Une petite danse pour communier avec le public : Kyrgios a enflammé la Rod Laver Arena

Quoi qu'on en dise, Nick Kyrgios est spécial, oui. N'était-il pas au fond du trou en septembre dernier, le genou meurtri après son dernier match de la saison dans le cadre de la Laver Cup dont il chante pourtant les louanges ? Démotivé, presque usé alors qu'il n'avait joué que 15 matches en 2021, il évoquait alors ouvertement la retraite, ne voyant pas plus loin que cet Open d'Australie 2022. N'était-il pas alité il y a une semaine à peine après avoir contracté le Covid-19 avec la crainte de devoir renoncer au premier Grand Chelem de l'année ?
Dans ces conditions, malgré son assurance naturelle, même lui était surpris de ce qu'il avait produit jeudi. "Honnêtement, j'ai tout tenté. J'ai constamment servi aux alentours de 220 km/h pendant presque trois heures et demie, j'ai plutôt bien joué en fond de court, et je me suis créé un paquet d'opportunités au retour. Je suis super fier de ma performance, surtout au regard de ce que j'ai traversé ces quatre, cinq derniers mois. J'ai apporté une belle réponse sur le court, et je n'aurais pas pu le faire sans le soutien de mon équipe."
Peu importe comment je m'entraîne, je hisserai toujours mon niveau pour des matches comme celui-ci
Face au champion de l'US Open et finaliste sortant de l'Open d'Australie, tous les efforts déployés par Kyrgios n'ont certes pas suffi. Daniil Medvedev, par sa capacité à amortir la puissance adverse, avait beaucoup trop de réponses à l'échange, d'expérience et de certitudes sur son jeu pour se laisser emporter par la folie aussi. Mais la diversité de l'arsenal du fantasque Nick l'a quand même fait quelque peu chavirer dans une fin de troisième set ahurissante où réflexe au filet, tweener et autre kyrielle d'aces ont permis aux spectateurs d'assister à une manche de rab, avant que le numéro 2 mondial ne retrouve vite ses esprits pour calmer tout le monde.
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Kyrgios, le break le plus fou : comment l'Aussie a retourné la situation contre Medvedev

Une autorité qui a impressionné Kyrgios lui-même, pas connu pour son hypocrisie de ce point de vue. "Je pense que si vous posiez la question aux joueurs sur le circuit, Daniil serait probablement considéré comme le meilleur joueur du monde en ce moment. Sa régularité… Il ne baisse pas de niveau, ne lâche rien sur chaque jeu. Peu importe le score ou la pression qu'il subit, il ne panique jamais. Il croit tellement en son jeu et a tellement de confiance en ce moment… Je vais garder la tête haute, j'ai tout donné. Je pense qu'il va être le favori pour gagner l'Open d'Australie, je ne peux pas être trop affecté par cette défaite", a-t-il estimé.
Le voir à ce niveau de performance laisse immanquablement quelques regrets quant au maigre palmarès d'un joueur aux si grandes qualités. Pour les observateurs du jeu, c'est une indéniable frustration. Mais l'est-ce vraiment pour lui ? "Peu importe combien de temps je m'entraîne ou combien de matches je joue, je hisserai toujours mon niveau pour des matches comme celui-ci. Je ne vais pas me défiler. Bien sûr que je ne suis pas heureux de devoir affronter Daniil Medvedev dès le 2e tour à cause de mon classement. Contre 95 % des joueurs ce soir sur ce court, je pense que je gagne, honnêtement."

La suite ? Carpe diem et advienne que pourra

Mais serait-il aussi impliqué face à ces 95 % que face à Medvedev ? C'est un peu le serpent qui se mord la queue, même si Kyrgios est indéniablement plus motivé devant son public. Au moins, lors de ses rares apparitions pour de telles affiches, il ne déçoit quasiment jamais. Nick le facétieux a perdu certes, mais il a fait le spectacle et donné du plaisir à ceux qui y ont assisté sur place ou devant leur écran. Dans une époque où seul le résultat compte, il parvient à redonner au tennis une partie de son essence originelle, celle d'un jeu avant d'être un métier.
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Nick Kyrgios est inarrêtable !

"A ce stade de ma carrière, je sais à quel point les choses vont vite, les hauts et les bas de la vie en général. Je ne considère rien comme acquis. La Rod Laver Arena est spéciale. Chaque petite lumière de ce court est spéciale, donc j'ai regardé autour de moi et profité de chaque instant. Quand j'étais gosse, je me souviens avoir regardé beaucoup de matches de tennis sur ce court, et un jour, j'ai pensé que j'allais y être et divertir des millions de gens. C'est devenu une réalité", a-t-il confié philosophe.
Et la suite ? "Je ne me projette pas du tout. Je vais profiter de ce soir. Je ne fais pas de plans, ce qui va arriver dans un mois n'a pas vraiment d'importance pour moi. J'ai juste hâte de dîner avec mon équipe, de profiter de moments comme celui-là. Demain, je joue le double." Carpe diem. On ne le changera pas.
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