Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Novak Djokovic a surtout lutté contre lui-même : "Ça m'a demandé une énorme énergie mentale"

Laurent Vergne

Mis à jour 29/01/2023 à 17:41 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – La promenade de santé de Novak Djokovic dans ce tournoi, achevée par une victoire en trois sets en finale contre Stefanos Tsitsipas (6-3, 7-6, 7-6) a masqué une traversée bien plus mouvementée pour le Serbe. Entre la gestion de son retour en Australie un an après son expulsion, sa blessure à la cuisse et l'imbroglio avec son père, il a dû se battre contre les éléments extérieurs

Le poids de l'émotion : Djokovic s'écroule en larmes une fois son 10e Open d'Australie en poche

Il y a la lecture des chiffres. Ils disent que Novak Djokovic s'est promené durant cet Open d'Australie. Sa 22e conquête en Grand Chelem fut en apparence une des plus "faciles". En réalité, le terme mériterait quelques dizaines de guillemets. Le Serbe, lui, a vécu bien différemment ce voyage de deux semaines et demie, entre le moment où il s'est blessé à la cuisse lors d'une séance d'entraînement avec Daniil Medvedev, et celui où il a soulevé le trophée Norman Brookes pour la 10e fois sur la Rod Laver Arena.
Entre cette grosse contrariété physique et le poids du souvenir des évènements de 2022, il estime avoir produit un des plus gros efforts de toute sa carrière au plan psychologique. "C'est pour ça que je me suis effondré émotionnellement à la fin du match quand j'ai rejoint mon clan dans la box, surtout en prenant ma mère et mon frère dans mes bras, explique-t-il. Jusque-là, je ne m'autorisais pas à me laisser distraire par quoi que ce soit et je voulais rester dans le contrôle."
Car avant le coup d'envoi du premier Grand Chelem de la saison, il en était simplement à se demander s'il pourrait défendre ses chances. "Si je remonte le temps, dit-il, il y a deux semaines et demie, je n'étais vraiment pas du tout confiant, vu la façon dont je me sentais avec ma jambe. Ensuite, c'était juste une question de survie dans chaque match, pour essayer de passer au tour suivant."
picture

Djokovic trop humain, Tsitsipas pas assez bon ? "Djoko avait toujours réponse à tout"

Ce type est incroyable
Comment a-t-il pu tenir et enchaîner les tours malgré cette douleur à la cuisse gauche ? Selon lui, le format du Grand Chelem l'a aidé à s'en sortir. "Ce qui est bien avec le Grand Chelem, c'est qu'il y a un jour de repos entre les matches, ce qui m'a permis d'avoir plus de temps que lors d'autres tournois pour récupérer, pour essayer de faire tous les traitements nécessaires afin de me mettre dans un bon état et en bonne condition pour jouer et éventuellement gagner", décrypte le nouveau numéro un mondial.
Le cap de la première semaine a été le plus complexe à passer, non pas en raison de l'adversité, mais de ses propres limites. "A partir des huitièmes de finale, poursuit Djokovic, j'ai senti que ma cuisse me posait de moins en moins de problèmes. Je bougeais beaucoup mieux. Je me suis vraiment bien senti sur le court jusqu'à la finale. Je pense même avoir produit mon meilleur tennis." Une fois Djokovic redevenu Djokovic, personne n'était en mesure de l'arrêter, ni même de le freiner et il a livré une deuxième semaine d'anthologie. Dimanche, face à Stefanos Tsitsipas, il a même évolué sans bandage sur sa cuisse, une première dans cette quinzaine.
picture

Djokovic : "Ne laissez personne voler vos rêves"

"Ce type est incroyable", s'est extasié son entraîneur, Goran Ivanisevic, qui arrive encore à être bluffé par la force intérieure du personnage. "97% des joueurs, au vu de l'IRM du samedi avant le début du tournoi, seraient allés directement au bureau de l'arbitre pour déclarer forfait. Mais pas lui", a commenté l'ancien champion croate au sujet de la blessure de son poulain.
Mais cette blessure n'a pas été le seul élément extérieur à gérer. Le contexte de cet Open d'Australie 2023 n'a ressemblé à aucun autre pour le Serbe, privé du tournoi et banni du pays l'an dernier dans des conditions rocambolesques et pénibles à vivre pour lui, avec en point d'orgue ce placement en rétention qu'il avait particulièrement mal vécu. Il l'avoue aujourd'hui, en retournant en Australie, il ne savait pas trop à quoi s'attendre.
picture

Djokovic le plus grand ? "S'il est devant par les chiffres, le débat ne pourra jamais être tranché"

Beaucoup de choses auraient pu me faire perdre ma concentration
"J'attendais avec impatience de revenir en Australie car, comme je l'ai déjà dit, je me sens vraiment bien ici, rappelle-t-il. Mes résultats en sont la preuve. Je crois toujours en mes chances en Australie. En plus, j'avais terminé la dernière saison de la meilleure façon possible, je m'étais bien préparé. Mais c'est vrai, j'étais un peu plus nerveux après les événements de l'an dernier, je ne savais pas comment j'allais être reçu par les gens. Mais dans l'ensemble, l'expérience a été très positive."
Le dernier grain de sable est survenu dans la dernière ligne droite avec la polémique ayant impliqué son père, Srdjan. "Les événements de ces derniers jours avec mon père, n'ont pas été faciles à gérer pour moi, surtout dans les dernières étapes d'un Grand Chelem. Mais j'ai dû garder la tête froide", avoue-t-il. D'un commun accord, ils avaient décidé que Srdjan regarderait la demi-finale contre Tommy Paul à la télévision. Ce fut encore le cas dimanche pour la finale, où la chaise paternelle dans la box est restée vide.
picture

Tsitsipas à Djokovic : "J'admire ce que tu es pour notre sport, tu es le plus grand"

"On a parlé tous les deux, raconte 'Nole'. J'espérais que les choses se calmeraient au niveau des médias et tout le reste, mais ça n'a pas été le cas. On a donc décidé tous les deux que ce serait mieux qu'il ne soit pas là. Ça me fait mal parce que ce sont des moments spéciaux et qui sait s'il y en aura d'autres. Donc c'était dur pour moi et pas simple pour moi. D'une certaine manière, c'est triste mais il a été là pendant la majorité du tournoi donc ça va. Et nous avons un happy end à la fin."
Beaucoup de choses ont trotté dans la tête ou la cuisse de Djokovic ces deux dernières semaines même si, sur le court, il n'a quasiment rien laissé transparaître. Il parle d'un "long chemin, très spécial" à propos de ce 22e titre du Grand Chelem. "J'ai tout vécu depuis deux semaines. Le pire et le meilleur.Entre ma blessure et tout ce qui se tramait en dehors du court, beaucoup de choses auraient pu me faire perdre ma concentration, résume Djoko. Ça m'a demandé une énorme énergie mentalepour rester présent, concentré, prendre les choses au jour le jour et pour voir vraiment jusqu'où je pouvais aller." Jusqu'au bout, comme souvent.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité