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OPEN D'AUSTRALIE 2023 - Pour Novak Djokovic, enjeux multiples et massifs

Laurent Vergne

Mis à jour 28/01/2023 à 21:28 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Si le Grand Chelem n'est pas sur la table comme lors de l'US Open 2021, ce qui avait d'ailleurs fini par l'écraser, Novak Djokovic jouera à nouveau gros dimanche en finale de l'Open d'Australie. Une victoire contre Stefanos Tsitsipas lui permettrait de redevenir numéro un mondial, mais aussi et surtout de décrocher son 22e Majeur et son 10e Open d'Australie. N'en jetez plus.

Ils y sont, nous y sommes : Tsitsipas ⚔ Djokovic à suivre ce dimanche sur Eurosport

Novak Djokovic dit jouer au tennis pour deux choses : en apprendre davantage sur lui-même et marquer l'Histoire. La grande. Lui seul sait ce qu'il aura retenu de ce long et prolifique voyage pour ce qui est de la première donnée de l'équation. Sur la seconde, pas de doute en revanche, le contrat est pleinement rempli. Il est et restera un des plus grands champions de l'histoire de son sport, si ce n'est le plus grand et cette quête-là est loin d'être achevée.
Dimanche, lors de la finale de l'Open d'Australie, il aura une nouvelle occasion d'avancer dans le gotha. L'enjeu ne sera pas tout à fait aussi fort qu'avant son dernier duel contre Daniil Medvedev à l'US Open en 2021, lorsque le Serbe avait joué simultanément pour devenir le premier homme à réussir le Grand Chelem depuis Rod Laver en 1969 tout en s'emparant, seul, du record de titres dans les tournois majeurs.
Il n'empêche, dimanche, la balance des enjeux sera à nouveau bien chargée. Un possible 22e Majeur pour rejoindre Rafael Nadal et se mettre en position de devenir à court ou moyen terme l'unique détenteur du record le plus important à ses yeux, tout en ajoutant une 10e couronne australienne à son CV et, cerise sur le gâteau, redevenir numéro un mondial. "Les tournois du Grand Chelem et la place de numéro un mondial sont les deux sommets du tennis professionnel et ont toujours été des objectifs pour moi, a-t-il concédé vendredi. Alors oui, je veux continuer d'écrire l'histoire de mon sport". Voilà une belle occasion devant lui.
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Le 22e titre du Grand Chelem

Il vit pour ça. Cette année peut-être plus encore que les précédentes. Parce qu'il y a eu le psychodrame de janvier 2022 en Australie. Parce qu'au fond de lui, il doit avoir le sentiment d'avoir été dépossédé de ce qui lui appartenait. En son absence, Rafael Nadal avait remporté, et de quelle manière, l'Open d'Australie. Son 21e titre du Grand Chelem. Puis, à Roland-Garros, l'Espagnol avait même refait le break, battant au passage Djokovic en quarts de finale. Pendant ce temps, le Serbe, lui, était cantonné à 20 titres. Il avait réduit l'écart à Wimbledon et le voilà donc à nouveau avec la possibilité d'égaler le record de victoires en Grand Chelem.
Ce ne serait pas une première. Un an plus tôt, c'était déjà un sacre à Londres qui lui avait permis de devenir pour la première fois de sa carrière co-recordman. Les trois membres du Big 3 étaient alors sur la même ligne : 20-20-20. Roger Federer étant pour l'éternité bloqué à ce niveau, la course au record en Grand Chelem se résume donc désormais à un duel entre "Rafa" et "Nole".
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"Depuis plusieurs années maintenant, je crois que toute sa carrière tourne autour de ce record, avance Tim Henman, le consultant anglais d'Eurosport. Ce 22e titre, c'est ce qu'il y a de plus important à ses yeux et on a le sentiment qu'il est en mission pour y parvenir dès cet Open d'Australie." Le timing serait d'autant plus idéal que Roland-Garros se profile. Or, à ce stade de la carrière de Rafael Nadal, c'est peut-être le seul Grand Chelem où ses chances de l'emporter sont élevées.
Cette fois, compte tenu de la retraite de Federer et des difficultés physiques multiples et durables de Nadal, Novak Djokovic semble irrésistiblement lancé vers la première place de cette folle course. A condition de ne pas se rater dimanche sur la Rod Laver Arena. Lui qui a passé sa vie à courir derrière ses deux légendaires aînés n'a jamais été dans une configuration aussi idéale pour aller chercher ce record ultime. Il est le plus jeune, le mieux conservé physiquement et d'une détermination inégalable. "On ne peut pas faire la tronche parce que le voisin a une maison plus grande que la vôtre", a souvent dit Nadal en guise de métaphore à propos du comparatif entre les trois ténors. Djoko, lui, veut la maison la plus grande, la plus belle, la plus tout.

Le 10e Open d'Australie

Il n'aura pas l'un sans l'autre, bien sûr. Ce sera 22 et 10 ou rien du tout. Si le record de titres majeurs phagocytera l'attention dimanche en cas de victoire du champion serbe, cette 10e couronne aux antipodes n'en resterait pas moins un accomplissement monumental à elle seule. Novak Djokovic a gagné partout et souvent (rappelons qu'il est le seul à avoir gagné tous les Masters 1000 et au moins deux fois chaque tournoi du Grand Chelem dans l'ère Open, sans parler de son record de victoires au Masters), mais Melbourne, c'est son bébé, son jardin.
Tout dans son histoire le ramène ici. Il y a remporté son tout premier titre majeur, en 2008, qui avait marqué à 20 ans le début d'une grande histoire d'amour, en dépit de la brouille passagère de l'an dernier dans lequel la dimension sportive n'était pas impliquée. Atteindre le chiffre 10 en Australie aurait de la gueule, ce serait sa decima à lui. Un exploit renforcé par le fait qu'il aurait remporté ses dix finales. En réalité, il n'a encore jamais été battu à Melbourne une fois franchi le cap des quarts de finale.
"Neuf, c'est déjà incroyable, mais dix... On pourrait presque comparer ça aux 14 titres de Rafa à Roland-Garros, car la concurrence me semble plus forte sur dur dans le tennis masculin moderne, analyse Mats Wilander. Tout le monde joue bien sur dur aujourd'hui, c'est la surface qui équilibre le plus les forces en présence. Pour gagner l'Open d'Australie, il faut pouvoir battre un nombre de candidats supérieur à Roland-Garros ou Wimbledon. Pour schématiser, on pourrait dire que sur dur, tout le monde a une chance. Ce n'est pas tout à fait le cas sur herbe ou sur terre battue."
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Le retour au pouvoir

C'est sans doute l'élément le moins important, qui ne serait par ailleurs "que" la conséquence d'une finale victorieuse dimanche. Néanmoins, on peine à croire que cela relève de l'anecdote pour "Nole". Déchu de la première place mondiale en février 2022, il tient là l'occasion de remettre les pendules mathématiques à l'heure. Djokovic a perdu sa place sur le trône non parce que quelqu'un est devenu plus fort que lui, mais pour deux raisons :
1. Son absence lors de deux des quatre tournois du Grand Chelem l'an dernier, sans oublier son incapacité à se présenter dans environ la moitié des Masters 1000, ceux disputés sur le territoire nord-américain.
2. L'absence de points à Wimbledon. Vainqueur pour la septième fois sur le Centre Court en juillet dernier, il n'a pu bénéficier du gain habituel de 2000 points, les organisateurs ayant décidé, en réponse à l'expulsion des joueurs russes et biélorusses décidée conjointement par l'ATP et la WTA.
Ce double handicap l'a fait chuter jusqu'au 8e rang et a freiné son retour vers les sommets. Mais chacun gardait bien à l'esprit qu'il restait le meilleur joueur du monde. Quand il a pu s'aligner, il est resté la référence absolue. Une fois requinqué physiquement et psychologiquement, il est (re)devenu le patron. Depuis sa défaite en quarts de finale de Roland-Garros contre Rafael Nadal, il a joué 37 matches (hors Laver Cup). Il en a gagné 36, pour un seul échec, sur le fil, en finale du Rolex Paris Masters contre le jeune Holger Rune.
Quoi qu'en disent les ordinateurs de l'ATP, les décisions et les choix des uns et des autres ces derniers mois, y compris ceux de Djokovic lui-même, quand il s'agit de tennis, il reste le plus fort, jusqu'à preuve du contraire. Avec déjà 373 semaines au pouvoir sous le coude, il n'a plus grand-chose à gagner ni à prouver en la matière. Mais tout ce qu'il peut conquérir ou reconquérir est bon à prendre pour lui, dans sa soif légitimes d'honneurs et de titres. Parce qu'il est Novak Djokovic.
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Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

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