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Open d'Australie - Iga Swiatek est-elle à l'aube d'une nouvelle saison de domination ?

Laurent Vergne

Mis à jour 11/01/2023 à 16:58 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Propulsée au pouvoir plus tôt que prévu avec la retraite anticipée de Ashleigh Barty, Iga Swiatek a assumé son nouveau rôle avec une aisance déconcertante, au point de se muer en ogresse de la WTA. Sans rivale à sa mesure pour le moment, la Polonaise va-t-elle continuer de déferler sur le circuit en 2023 ? Le défi est de taille mais c'est pourtant l'hypothèse la plus probable.

Le top 5 de Swiatek en 2022

C'est un changement de décor radical, auquel le tennis féminin n'était plus habitué. Alors que la nouvelle saison s'amorce, une joueuse s'avance avec, dans le dos, la pancarte de l'incontestable patronne. Fini le temps d'une WTA ouverte à tous vents. Sur le papier, cette campagne 2023 pourrait s'accompagner d'une "tagline" limpide : Iga Swiatek contre le reste du monde. En s'isolant sur les hauteurs de la hiérarchie mondiale dans des proportions inédites depuis les plus grandes heures de Serena Williams, la Polonaise a d'elle-même imposé ce scénario. Alors, stop ou encore en 2023 ?
La réponse tient à deux facteurs. La capacité de Swiatek à garder le cap qui est le sien et celle d'une concurrence émiettée à faire émerger ou non une ou plusieurs rivales dignes de ce nom. Pour rappel, l'an dernier, Swiatek, c'était : deux titres en Grand Chelem (Roland-Garros et US Open), huit tournois gagnés au total et une série de 37 victoires consécutives entre février et juillet. C'est aussi cette statistique délirante, comme un témoignage de sa solitude : il y a aujourd'hui plus d'écart au classement entre la reine Iga et sa dauphine, Ons Jabeur, qu'entre cette dernière et la... dernière joueuse classée à la WTA.
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Swiatek peut exulter : la balle de match qui l’a sacrée

Le titre à New York a tout changé

La numéro un mondiale a répété elle-même lors de la United Cup, où elle a lancé sa saison, à quel point elle devait faire table rase des derniers mois pour remettre les compteurs à zéro. Jusqu'ici, elle était portée par sa vague dévastatrice. Mais pour la première fois, elle entame un nouvel exercice avec ce statut de femme à battre. Ce poids-là peut-il entraver sa marche en avant ?
"Souvenez-vous quand Ashleigh Barty a pris brutalement sa retraite et qu'Iga est devenue numéro un par défaut, tout le monde a dit 'Est-ce qu'elle va être capable d'assumer ça ?'", rappelle la consultante d'Eurosport, Barbara Schett. Donc elle a déjà répondu à cette question. Oui, elle a une énorme pression sur elle, mais elle est tellement déterminée, tellement constante et tellement humble qu'elle est capable de résister à tout ça. Puis je crois qu'elle aime ce rôle de patronne. Elle est à l'aise en tant que numéro un mondiale. Elle a appris à gérer ses émotions, elle a trouvé un équilibre et le moyen de rester concentrée sur son tennis, indépendamment de son statut."
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Iga Swiatek, lauréate de l'US Open 2022, tout sourire - 10/09/2022

Crédit: Getty Images

Sa victoire à l'US Open, en septembre dernier, lui a aussi fait un bien fou. Non seulement ce titre a assis son autorité, mais il lui a aussi permis de passer de la reine de la terre à meilleure joueuse du monde de façon incontestable désormais. "Cela change tout pour elle car elle sait désormais qu'elle contrôle son propre destin non seulement sur sa surface préférée mais aussi sur dur, estime de son côté Mats Wilander. On savait qu'elle pouvait être très forte sur dur, mais entre le savoir et gagner un Grand Chelem pour le prouver, il y a une différence".
Sa plus grande force, c'est qu'elle n'a pas de vraie faiblesse
Iga Swiatek n'est pas imbattable. Elle avait fini l'année sur la jante et, au Masters, avait presque accueilli son élimination en demi-finale comme un soulagement. Mais si l'on prend la palette globale des joueuses de l'élite aujourd'hui, elle semble au-dessus du lot. "Elle est la meilleure joueuse, et je dirais, de loin, selon John McEnroe. Et c'est une athlète absolument fantastique. La façon dont elle se déplace, sa manière de glisser sur le court aussi... Elle me rappelle un peu Novak (Djokovic) sur ce plan. Je crois même qu'elle a encore une marge de progression dans son jeu."
"Sa plus grande force, c'est qu'elle n'a pas de vraie faiblesse, relance Barbara Schett. Allez, peut-être un petit peu côté coup droit, mais elle a une telle intensité dans son jeu que c'est dur de rivaliser. Son niveau moyen est tellement élevé que même quand elle est un peu moins bien, elle sait qu'elle va trouver un moyen de s'en sortir. C'est pour cela qu'elle ne perd presque jamais d'entrée dans les tournois, ce qui arrive beaucoup plus fréquemment aux autres, même dans le Top 5 ou 10."
Il serait intéressant de voir comment Iga Swiatek réagirait si une fille parvenait à la bousculer réellement sur l'ensemble de la saison. Mais qui ? Jabeur ? Garcia ? Sabalenka ? Une Gauff qui franchirait un cap significatif cette année ? D'ici là, la Polonaise a clairement les clés de son propre destin. "La seule chose qui peut l'empêcher de gagner deux ou trois Majeurs cette année, c'est Iga elle-même", tranche Mats Wilander, pas convaincu de voir une de ses rivales se hisser à son niveau si tant est qu'elle se maintienne sur les mêmes cimes.
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C'est épuisant d'être archi-favorite à chaque tournoi
"Il y a un moment où sa domination devient un avantage énorme contre une grande partie du circuit, poursuit le Suédois. Je pense qu'environ 50% des filles se disent inconsciemment qu'elles ont perdu dès le vestiaire quand elles l'affrontent. Le bon côté, évidemment, c'est de se dire qu'on n'a rien à perdre, elles peuvent jouer libérées. Le problème, c'est qu'en général, quand on se dit qu'on n'a rien à perdre, c'est surtout qu'on n'a très peu de chances de gagner... Iga, elle, sait qu'elle est la meilleure joueuse du monde et qu'elle contrôle son propre destin presque à chaque match."
Parce qu'elle est à la fois ambitieuse et déterminée, Iga Swiatek semble, au moins à court terme, à l'abri du syndrome de la lassitude. En revanche, un autre écueil la guette cette année, celui d'une trop grande dureté vis-à-vis d'elle-même. Elle a posé des standards tellement élevés en 2022 que le risque de la voir faire moins bien cette saison n'est pas négligeable. Swiatek ne doit pas chercher à égaler Swiatek à tout prix. "Je ne suis pas sûre qu'elle pourra faire encore une série de trente ou quarante victoires et elle devra faire attention à son calendrier parce que c'est épuisant d'être archi-favorite à chaque tournoi", relève John McEnroe.
La scène de la semaine passée lors de la United Cup, où elle a fondu en larmes lors de sa lourde défaite contre Jessica Pegula, doit-il à ce titre inquiéter ? Pas plus que de raison, sans doute. D'abord, elle avait déjà pleuré sur le court, y compris l'an dernier, comme elle l'a elle-même rappelé. "Nous sommes en début de saison, donc je pense qu'il ne faut pas vouloir analyser les choses trop vite, plaide Justine Hénin. C'est une perfectionniste, elle veut être à son meilleur niveau tout de suite. Le contrôle de ses émotions est encore quelque chose de compliqué à accomplir pour elle. Dans ce domaine, elle a encore une grosse marge de progression."
Tout semble possible avec elle. Mais si Swiatek ne gagne "qu'un seul" tournoi du Grand Chelem tout en se maintenant au pouvoir, il ne faudra pas y voir un échec. L'important, pour elle, est de s'inscrire sur la durée et s'imposer comme la championne dont le tennis féminin avait besoin sur le long terme. "Là-dessus, je ne suis pas inquiet, conclut McEnroe. Elle va durer et je serais surpris qu'elle ne reste pas numéro un mondiale pendant un moment..."
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Iga Swiatek en pleurs lors de l'United Cup à Sydney en 2023

Crédit: Getty Images

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