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Open d'Australie Messieurs | Karen Khachanov, le leader russe qu'on avait fini par oublier

Laurent Vergne

Mis à jour 07/02/2023 à 11:45 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Comme à l'US Open à la fin de l'été dernier, Karen Khachanov s'est invité dans le dernier carré à Melbourne. Deux demi-finales de Grand Chelem consécutives, ce n'est pas une performance anodine pour l'ancien N.1 russe qui, depuis trois-quatre ans, n'avait jamais confirmé le potentiel dévoilé à ses débuts. Est-il lancé pour de bon ?

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Karen Khachanov deviendrait-il un homme de Grand Chelem ? Voire uniquement de Grand Chelem. Le Russe fait partie des stakhanovistes des courts. Il aime enchaîner, semaine après semaine. Mais ces derniers mois, il sait surtout choisir ses moments pour briller. Au cours de ses 18 derniers tournois, soit depuis le mois d'avril 2022, il n'a atteint que deux fois les demi-finales. Rien d'extraordinaire, donc. Mais il privilégie la qualité à la quantité. Les deux demies en question ? L'US Open et l'Open d'Australie.
C'est d'autant plus paradoxal qu'il n'avait encore jamais figuré dans un dernier carré majeur jusqu'à cet enchaînement. D'où lui vient cette subite appétence pour les scènes majuscules ? "La constance, répond l'intéressé. C'est une question de petits détails, toutes ces petites choses, ces petits pas qui font la différence et permettent d'atteindre ses objectifs."
Le voir en demi-finale à Melbourne surprend moins après le précédent new-yorkais. "Faire ce résultat à l'US Open m'a donné un énorme supplément de confiance, avoue Karen Kachanov. Ça m'a montré ce que je pouvais faire et qui je pouvais être quand je suis vraiment à mon meilleur niveau. Tout s'est mis en place, ces petits détails dont je parlais, et cela m'a amené là où je suis aujourd'hui."
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Une période difficile, appelons-la comme ça
Qu'il soit là n'est pas forcément une gigantesque surprise. Que cela arrive maintenant, un peu plus. Le Moscovite a émergé assez jeune au plus haut niveau. De son entrée dans le Top 100 en 2016 au Top 10 deux ans plus tard, il semblait à 22 ans destiné à jouer les premiers rôles sur le circuit dans les années à venir. Quand, fin 2018, il remporte le Masters 1000 de Bercy en battant en finale Novak Djokovic, son avenir s'annonce plutôt rayonnant. Mais après cela, il a plafonné. Et si ce sacre parisien reste son plus grand trophée, c'est aussi le dernier à ce jour. Depuis, plus rien, pas même un petit 250.
De leader du tennis russe, porteur des espoirs de son pays pour prendre pourquoi pas la succession de Yevgeny Kafelnikov et Marat Safin, il est devenu non pas le deuxième mais le troisième homme. L'émergence d'Andrey Rublev et plus encore celle de Daniil Medvedev, dont l'explosion au top niveau s'est effectuée à partir de 2019, au moment où lui-même rentrait dans le rang, a fait tomber peu à peu Karen Khachanov dans une forme d'indifférence polie.
"Ces dernières années, Daniil était passé devant, valide-t-il. Mais j'étais toujours Top 15, Top 20. A un moment donné, j'ai dû descendre, 25 ou 28 (il était 31e au plus bas, juste avant l'US Open 2022, NDLR), au moment où j'ai eu quelques problèmes personnels. Une période difficile, appelons-la comme ça." Khachanov a raison, il n'a jamais sombré dans les profondeurs de la hiérarchie. Mais on attendait sans doute plus que lui après les promesses du début de sa vingtaine. "Je n'ai jamais perdu confiance en mes possibilités et même si ça n'a pas toujours été simple, avec mon équipe, on y a toujours cru et aujourd'hui, je suis à nouveau dans la bonne direction", estime-t-il.
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Karen Khachanov à l'Open d'Australie 2023

Crédit: Getty Images

Là encore, difficile de lui donner tort. On n'enchaîne pas deux demi-finales de Grand Chelem par pur hasard. A 26 ans, Karen Khachanov a déjà derrière lui une première moitié de carrière qui serait enviable aux yeux de l'immense majorité des joueurs. Il a été Top 10, a gagné un Masters 1000, il a également décroché une médaille olympique (en argent) aux derniers Jeux de Tokyo, et il y a désormais ses deux demi-finales en Grand Chelem. Le parcours est très respectable mais compte tenu de ses armes et de sa polyvalence (il fait partie du club fermé des joueurs ayant atteint au moins les quarts de finale dans les quatre tournois majeurs du circuit), il y a encore un mais.

En bien meilleur état qu'à Flushing

L'enjeu est donc tout sauf neutre en cette fin de semaine à Melbourne pour le Russe. Une victoire, ou même une finale lui permettrait de prendre une nouvelle épaisseur. En cas de victoire contre Stefanos Tsitsipas vendredi, il retrouvera le Top 10 et, surtout, intègrerait le cercle des finalistes en Grand Chelem, en attendant peut-être mieux. A Flushing Meadows, il y a quatre mois, sans être ridicule, il était un peu passé à côté de sa demi-finale contre Casper Ruud.
Cette fois, il veut croire qu'il est autrement mieux préparé. "C'est un autre tournoi, un adversaire, c'est très différent, selon lui. A New York, dès le début, j'avais eu des matches difficiles. Deux matches en quatre sets aux deux premiers tours. Après, Draper avait abandonné mais on avait quand même joué presque trois heures. En huitièmes, contre Carreno, cinq sets. Puis le quart de finale contre Nick (Kyrgios) m'avait achevé parce qu'on avait fini à 1h30 du matin. Je me souviens m'être couché à 5 heures cette nuit-là. Même avec deux jours de récupération, j'étais trop juste physiquement. Cette fois, je me sens très bien. C'est le début de saison et je n'ai pas eu de matches trop longs. Je prendrai peut-être trois sets mais je suis en bien meilleure forme."
Stefanos Tsitsipas est donc prévenu. Le Grec demeure le favori logique de la première demi-finale qui se tiendra la nuit prochaine, mais il aura face à lui un joueur confiant, en forme, doté de l'expérience d'une demi-finale de Grand Chelem et relativement frais physiquement. Cela fait beaucoup de raisons de se méfier de ce Khachanov peut-être plus très loin d'éloigner définitivement le spectre d'un relatif oubli. Il vaut mieux que ça.
Karen Khachanov à l'Open d'Australie 2023
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