PARIS 2024 | Petar Popovich, coach de Moutet : "On sait depuis longtemps que Mannarino ne veut pas faire les JO"

Corentin Moutet était un joueur en mission. Parti de la 147e mondial en février, le Français a multiplié les tournois sur terre battue pour préparer au mieux Roland-Garros, mais surtout pour essayer de décrocher sa place au Jeux Olympiques. Petar Popovich, son coach depuis début 2023, nous a expliqué d'où venait sa rage de vaincre et de réussir pour réaliser son rêve d'enfance. (avec Anne Boyer)

Popovich, coach de Moutet : "On sait depuis longtemps qu'Adrian ne veut pas faire les Jeux"

Video credit: Eurosport

Quel est votre sentiment après cette semaine où Corentin est allé jusqu'en huitième de finale de Roland-Garros face à Jannik Sinner ?
P.P. : Je suis très fier de lui. De son tournoi. Ce qu'il a fait est exceptionnel. Son début de match face à Sinner a été bon, où il a gagné le premier set 6-2, il a même failli l'emporter 6-0. Malgré le fait d'avoir eu le break en début de deuxième set, il a baissé en intensité, il n'avait plus cette puissance de frappe pour faire la différence, sa balle ne giclait plus comme au premier set et Sinner a pu ensuite imposer son jeu.
Corentin s'est réjoui d'avoir pu donner une autre image de lui au public venu le soutenir. Est-ce sa force de caractère qui a plu au public à votre avis ?
P.P. : Je suis fier aussi de lui car, en quatre matches, il n'a pas pris un avertissement. Il s'est bien comporté, il s'est bien battu. Corentin est quelqu'un de très motivé, mais il a besoin d'être soutenu pour aller loin. A Paris, je trouve qu'à chaque fois il joue très bien. Lors des trois premiers tours, le public du Lenglen a été exceptionnel, je n'avais jamais vu ça, j'ai assisté à beaucoup de matches, je n'ai jamais vu un public pareil. C'était une énergie de fou, c'était de le battre avec cet engouement autour de lui. Dimanche, sur le court Central, ce n'était pas la même chose que sur le court Suzanne-Lenglen. Si l'ambiance avait été la même, il n'aurait pas cette baisse d'intensité dans le deuxième set face à Sinner. Corentin aurait sans doute tenu un peu plus.
Vous dites que ça manquait de folie, mais le soutien était là, une ola est même partie des tribunes...
P.P. : Oui, ça manquait de folie. Le public l'a soutenu autant qu'il l'a fait avec Sinner en fait. Je retiens surtout ce match du 3e tour sur le Lenglen qui était vraiment exceptionnel.
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En a-t-on trop fait avec le public de Roland-Garros ?

Video credit: Eurosport

Est-ce que son parcours vous a étonné ? Il a réussi à grignoter des places au classement ATP petit à petit et le voici proche d'un retour dans le Top 50 mondial...
P.P. : Non pas du tout. Il était 145e mondial en début d'année (133e début janvier, puis entre la 140e et la 147e place en février, NDLR). Avant Roland-Garros il était 79e, donc il a gagné 70 places environ en quatre mois. Il a été régulier en faisant trois ou quatre matches par tournoi. Donc ce n'était pas une surprise. Quand on a vu le premier tour à Roland avec Nicolas Jarry à passer, 16e mondial et finaliste à Rome, on s'est dit que si Corentin le passait, malgré le fait que ce soit un match super dur, le tableau allait s'ouvrir. Après cela, j'espère surtout qu'il va continuer à grimper au classement pour être tête de série à l'US Open. Cela change tout au niveau tableau et tirage au sort. Cela ouvre des portes pour aller plus loin.
Vous travaillez ensemble depuis un an et demi après une période difficile pour Corentin, êtes-vous satisfait du chemin déjà parcouru ?
P.P. : Oui, c'était un chemin fou car au début, à l'Open d'Australie, il s'est rompu les ligaments du poignet, il n'a pas pu jouer pendant trois mois et demi, il a été opéré puis a repris en jouant les revers avec une seule main. Il s'en est bien sorti tout de même en finissant la saison 2023 à la 133e place mondiale en ne jouant qu'en slice. Cela lui a permis de s'améliorer sur d'autres coups comme le coup droit et le service.
Cette année, Corentin Moutet a multiplié les apparitions sur terre battue et cela a payé car, dans la lignée de ce Roland-Garros, Corentin se rapproche d'une qualification pour les Jeux Olympiques...
P.P. : Cette année, Corentin n'a joué que sur terre à cause des Jeux Olympiques... c'était son but avec Roland-Garros. C'est un rêve pour lui. Quand il s'est blessé au poignet en Australie il y a un an et demi, il pensait déjà aux JO. Il pensait qu'il allait les rater. Chez lui, c'était presque une obsession. Ces deux derniers mois, il regardait chaque semaine le classement ATP pour voir le sien, celui des autres Français et le nombre de points à marquer pour rester dans les clous. Il a joué énormément de tournois, au moins une dizaine (douze depuis le mois de janvier, NDLR) pour marquer un maximum de points. On a joué toutes les semaines pour cela. C'était son objectif... et là il est extrêmement content de jouer les Jeux à Paris, à Roland-Garros, il habite à 5 minutes d'ici, il va réaliser un rêve d'enfance.
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Corentin Moutet lors de Roland Garros 2024

Crédit: Getty Images

Tout semble réuni pour qu'il fasse un bon tournoi entre la terre battue sur laquelle il s'exprime bien et le public derrière lui...
P.P. : Oui tout est possible, d'autant plus avec des matches au meilleur des trois sets. Ce serait plus facile de battre des joueurs très forts car battre des joueurs Top 3 mondial au meilleur des cinq sets, c'est une autre histoire. Donc il est sur sa lancée : le voilà 56e mondial. Là il va prendre une semaine de repos, avant d'enchaîner deux tournois sur gazon, puis Wimbledon. Il retournera sur terre battue ensuite pour jouer les Jeux.
A-t-il échangé avec Adrian Mannarino à ce sujet ? Adrian est mieux classé que Corentin pour le moment (21e contre 56e) mais n'a pas caché sa tentation de ne pas disputer les JO... En ont-ils parlé ensemble ?
P.P. : Oui, Adrian ne les fait pas, donc officiellement, Corentin est qualifié pour les Jeux. On sait depuis longtemps qu'Adrian ne veut pas faire les JO, car la terre battue et lui, ce n'est pas une histoire d'amour...
Adrian lui avait déjà dit que c'était bon pour Corentin s'il était classé dans les 60 premiers mondiaux ?
P.P. : Oui, nous voyons Adrian presque tous les jours à l'entraînement au CNE (Centre National d'Entraînement de la FFT, NDLR) ou en tournoi. Par contre, il y a eu Giovanni Mpetshi Perricard qui est repassé devant Corentin après sa victoire à Lyon juste avant Roland-Garros. Alexandre Müller a commencé à très bien jouer récemment aussi... Il y avait aussi Arthur Rinderknecht... donc c'était vraiment une course très serrée jusqu'au bout.
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Mpetshi Perricard, un premier sacre à domicile

Video credit: Eurosport

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