Kubot au culot

Si Rafael Nadal s'est fait peur face à John Isner (voir par ailleurs), Andy Murray a fait une entrée tout en douceur dans la compétition. Une fois encore, le tirage au sort avait dressé un Français sur la route du Britannique au premier tour. Battu par Monfils en 2006, il a depuis pris sa revanche sur le tennis tricolore en sortant Eysseric en 2008 et Gasquet en 2010. Cette fois, c'est Eric Prodon qui est tombe sous les coups de griffe du chat Murray, vainqueur sans ciller en trois manches (6-4, 6-1, 6-3).

Le tennis est parfois un sport cruel où l'on peut marquer beaucoup plus de points que son adversaire et pourtant perdre le match. C'est la mésaventure qui est arrivée à Nicolas Almagro face à Lukasz Kubot. Avec un différentiel de presque 20 points en sa défaveur (155 contre 174), le géant polonais est parvenu à faire chuter l'un des épouvantails du tournoi. Car si Djokovic cristallise toutes les attentions en ce début de saison avec sa boulimie de succès, c'est tout de même l'Espagnol qui détient le record de nombre de victoires sur terre battue en 2011 (24). Cet impressionnant total n'a cependant pas suffi à la tête de série n°11, vainqueur à Nice la semaine dernière, qui n'a pas su profiter de deux sets d'avance (3-6, 2-6, 7-6(3), 7-6(5), 6-4). Le natif de Murcia confirme ainsi qu'il peine à franchir le cap en Grand Chelem. Kubot, qui n'avait jamais passé un premier tour à Roland Garros lors de ses deux premières tentatives, essaiera de prolonger son séjour face à l'Argentin Carlos Berlocq. S'il joue le feu comme face à Almagro (75 coups gagnants), le Polonais a toutes les raisons d'y croire.

C'est peu dire qu'Arnaud Clément ne se présentait pas dans les meilleures conditions au moment d'affronter l'Italien Filippo Volandri. En manque de repères et surtout de confiance, le Français, retombé à la 158e place au classement ATP a pourtant sorti un grand match pour terrasser l'Italien et signer une victoire "à la Clément", à savoir au courage. Mené 4-0 dans la 3e manche, il a refait son retard avant de sauver trois balles de set dans le tie-break avant de briser la résistance et les nerfs de son adversaire en 3 h 21 min (6-3, 1-6, 7-6(9), 6-4). Du classique. "C'est incroyable, c'est mon 14e Roland-Garros mais on ne se lasse pas de vivre des moments comme ça", a commenté Clément, qui bénéficiait d'une wild card cette année.

Dans la foulée de son aîné, Jérémy Chardy a lui aussi renoué avec le succès après une période troublée. Face au Bulgare Grigor Dimitrov, espoir qui peine à confirmer toute l'étendue de son talent, le Français a remporté la bataille du clan Mouratoglou (les deux joueurs ont le même entraîneur). Moins de réussite en revanche pour Nicolas Mahut et Edouard Roger-Vasselin. Les deux hommes ont bien lutté mais se sont respectivement inclinés face au Sud-Africain Kevin Anderson (6-4, 6-4, 6-7, 6-3) et au Tchèque Lukas Rosol (3-6, 6-2, 6-4, 3-6, 7-5). En fin de soirée, Gilles Simon a pris de vitesse la nuit tombante en terminant en trombe son match contre l'Américain Michael Russell (6-3, 4-6, 6-1, 6-0).

Chez les dames, le public a déchanté avec l'élimination prématurée d'Ana Ivanovic. La Serbe, qui a chuté d'entrée face à la Suédoise Johanna Larsson (7-6, 0-6, 6-2), 64e au classement WTA, est toujours à la recherche du niveau qui lui avait permis de l'emporter à la Porte d'Auteuil en 2008. L'ex-numéro 1 mondiale a encore déjoué face à la Scandinave : 6 double-fautes et 45 erreurs directes ! Depuis son sacre parisien, la belle Ana n'a plus jamais franchi les huitièmes de finale d'un tournoi du Grand Chelem !

Maria Sharapova, elle, est sur l'autre versant de la pente. La Russe, récente vainqueur à Rome, a poursuivi son ascension en ne laissant que de miettes à Mirjana Lucic, l'ancienne espoir croate demi-finaliste à Wimbledon en 1999 (6-3, 6-0). Très sobre dans son jeu, seulement 9 fautes directes, Sharapova affrontera au prochain tour la jeune Caroline Garcia. Kim Clijsters n'a pas tremblé non plus. La Belge, qui a annoncé sa participation au tout dernier moment en raison d'une cheville douteuse, a rassuré tout le monde quant à son état de santé. Opposée à la Biélorusse Anastasiya Yakimova, Clijsters, qui a joué avec un énorme bandage à la cheville, souvenir douloureux de sa chute lors d'un mariage (!), a déroulé pour s'imposer sans histoire (6-2, 6-3).