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L'improbable Soderling

Eurosport
ParEurosport

Publié 02/06/2009 à 09:15 GMT+2

Invraisemblable tombeur de Rafael Nadal, Robin Soderling est entré dans une autre dimension dimanche. Trop beau pour être vrai? Le Suédois a-t-il réussi un coup d'éclat historique sans lendemain, ou peut-il se maintenir sur ces hauteurs irréelles? Il semble lui-même l'ignorer...

Voilà deux jours que la terre a tremblé à Paris. Comme si de rien n'était, la deuxième semaine de Roland-Garros a débuté sans le maitre des lieux, Rafael Nadal. Comme toujours après pareil choc, il faut se persuader que l'impossible est bien arrivé. Mais il est plus difficile encore de se convaincre que c'est bien Robin Soderling qui a éjecté le Majorquin de son trône. Soderling, celui qui n'avait encore jamais franchi le cap du troisième tour dans un tournoi du Grand Chelem. Soderling, sorti trois fois au premier tour à Roland-Garros en cinq participations. Soderling, qui avait pris 1 et 0 face à Nadal à Rome, pas plus tard que le mois dernier. C'est donc lui qui a écrit une page d'histoire des Internationaux de France.
Face à Nadal, on le voyait prendre trois petits sets, en deux heures s'il s'accrochait bien. Quand il a remporté la première manche, mettant un terme à la série de 32 sets consécutifs gagnés par Nadal, on s'est dit que ça ne durerait pas. A deux sets à un en sa faveur, c'était le match de sa vie, certes, mais Nadal allait finir par s'en tirer. Forcément. Nadal ne pouvait pas perdre. Mais c'était oublier que le rapport de forces sur le terrain était à l'avantage du Suédois, constamment installé dans le court, qui n'a cessé de faire reculer et courir son adversaire. "Je ne voulais pas qu'il me fasse courir, explique Soderling. Je voulais que ce soit moi qui dicte l'échange avec mon coup droit et mon revers à plat. J'ai joué exactement comme je le voulais."
Wilander: "C'est un bon mec"
Le plus sidérant dans la performance du Scandinave, ce fut sa faculté à tenir ce plan de bataille en permanence, y compris durant les moments les plus chauds du match. Mentalement, il n'a jamais voulu céder. Hermétique à la page d'histoire qu'il était en train d'écrire, Soderling a poursuivi son petit surhomme de chemin. Jusqu'au bout. "Je me suis répété sans arrêt que c'était un match comme un autre, poursuit-il. J'ai joué comme si j'étais à l'entraînement. Quand j'ai mené 4-1 au tie-break du quatrième set, j'ai commencé à y croire. Mon expérience m'a servi. J'ai déjà vécu tellement de situations, je deviens vieux!" Jamais, jusqu'ici, cette expérience ne lui avait permis de se hisser à un tel niveau. Du coup, de la même manière que personne ne le voyait capable de battre Nadal, ils ne sont pas beaucoup plus nombreux aujourd'hui à l'imaginer dans la peau d'nu vainqueur dimanche sur le court Philippe-Chatrier.
Certains sont pourtant convaincus qu'il est capable de tenir ce niveau de jeu dans les prochains jours. Bjorn Borg est de ceux-là. Le sextuple vainqueur de Roland-Garros l'a écrit lundi dans un quotidien suédois. "Si tu peux battre Nadal sur terre battue à Paris, alors tu es capable de battre n'importe qui. Je pense qu'il peut maintenant gagner le tournoi, j'espère vraiment qu'il y parviendra", estime Borg, qui peut d'ailleurs remercier son compatriote. Ce dernier lui a évité de perdre le record de victoires consécutives Porte d'Auteuil en sortant Nadal. "J'attends au moins un SMS de sa part pour me remercier", a plaisanté Soderling, beaucoup plus prudent que son illustre ainé quant à son avenir parisien. "Le tournoi continue. Ca va être difficile. Dans un mauvais jour, je peux perdre contre beaucoup de joueurs."
Quoi qu'il arrive, personne ne pourra lui enlever son exploit dominical. "C'est la plus grande victoire de ma carrière, un moment inoubliable. Je vais m'en souvenir jusqu'à la fin de ma vie. C'est un rêve devenu réalité. C'était le plus grand défi que j'ai jamais eu à relever, battre le plus grand joueur de terre battue de l'histoire à Roland-Garros, c'est énorme. Je suis aux anges." Au passage, pas sûr que dans le microcosme tennistique, tout le monde le soit, tant Soderling traine une sale réputation derrière lui. Nadal lui-même a déjà eu des problèmes avec le Suédois. Il y a deux ans, à Wimbledon, le Majorquin l'avait gentiment taclé: "Il est bizarre, j'en ai parlé avec d'autres joueurs et personne ne dit du bien de lui. J'ai dû le saluer six ou sept fois et il ne m'a jamais répondu." "J'en ai marre de cette histoire, ça fait deux ans qu'on me cuisine avec ça. Nadal est seulement un joueur parmi d'autres", a répondu Soderling dimanche après sa victoire Aussi chaleureux qu'un Lars Von Trier des grands jours, le grand nordique se fout de toute façon du qu'en dira-t-on. "C'est un bon mec, il a juste une personnalité un peu à part", jure Mats Wilander, son capitaine en Coupe Davis Dimanche, Soderling était surtout un grand joueur. Peut-il le rester?
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