Jo-Wilfried Tsonga : "Tout ce qu'on pourra raconter, c'est du vent"

N'allez pas dire à Jo-Wilfried Tsonga qu'il a été écrasé par le poids de cette demi-finale. Celui de l'attente que son formidable tournoi avait généré. Celui de son propre rêve, aussi, peut-être. Après sa déconvenue, étonnante par son ampleur, face à David Ferrer vendredi en demi-finales, c'est l'idée qui est venue à la tête de tout un chacun: il n'a pas tenu. Il a coincé mentalement. Voilà l'idée largement répandue dans les travées de Roland-Garros. Idée reçue? Oui, assure Tsonga. Son bourreau, vendredi, était espagnol. Pas français. Il a été battu par un joueur de tennis, pas par la combinaison d'un public et de médias trop avides de revivre le bonheur inoubliable mais lointain du sacre de Yannick Noah, dont le 30e anniversaire a renforcé encore l'attente et l'espoir autour de Tsonga.

Non, rien de tout ça pour Tsonga. "C'est juste tennistique, a-t-il martelé. Voilà, clairement il a été meilleur que moi. Il n'y a pas grand-chose à dire là-dessus. On peut toujours refaire en disant 'j'aurais dû faire ceci ou cela, j'aurais pu faire ceci', mais il y avait un match aujourd'hui, un qui devait passer et malheureusement, ce n'est pas moi." On a beau lui dire qu'il est apparu tendu, frustré et jamais vraiment libéré, rien n'y fait. "Si ce match je l'avais gagné, insiste-t-il, on aurait dit 'vous étiez super détendu, super bien.' C'est super difficile aujourd'hui de tirer des conclusions de ce genre de match. C'était une demi-finale et j'aurais aimé jouer un meilleur tennis. Cela n'a pas été le cas. Face à moi, j'avais un super joueur qui, lui, a été bon. Voilà, c'est le tennis tout simplement."

Jo a raison. S'il avait plié Ferrer en trois sets, tout le monde aurait souligné à quel point il avait maitrisé la situation de bout en bout. Sauf que, précisément, ce match, non seulement il ne l'a pas gagné, mais il donne presque le sentiment de ne pas l'avoir joué. Que Ferrer y soit pour beaucoup, c'est indéniable. Que ce soit la seule raison, ça peut se discuter. "Honnêtement, j'étais bien, renchérit le Sarthois. Je me sentais bien, je n'étais pas stressé, pas trop stressé. Évidemment, il y avait un peu de stress, mais comme à chaque fois, comme sur mon quart de finale et sur les premiers tours. Je dirais même que j'en avais beaucoup plus au premier tour que là.  Non, honnêtement, avant d'aborder ce match, j'étais très bien." Il apparait déçu, mais sans regrets, si ce n'est celui-ci: "pendant ce match, je n'ai pas pris autant de plaisir que j'aurais voulu sur une demi-finale".

En revanche, sur le scénario de la rencontre en lui-même, rien qui ne le raccroche à ce qui aurait, peut-être, pu inverser le cours de l'histoire. Pas même ce deuxième set, si important, où il ne lui a manqué qu'un point. "On peut toujours refaire le match, mais voilà, ça ne veut rien dire du tout, j'aurais très bien pu gagner le deuxième set et perdre les deux suivants ou effectivement changer la physionomie du match et revenir, relativise-t-il. Je crois qu'on peut toujours dire 'et si, et si et si'." Jo-Wilfried Tsonga n'en était pas à l'heure des explications vendredi soir. Sans doute trop frustré pour ça, il renvoie chacun à ses hypothèses. Et dans les cordes. "Aujourd'hui, il n'y a pas 100 000 trucs à dire, hormis que lui a été bien meilleur que moi. Tout ce qu'on pourra raconter après c‘est du vent." Celui qui a emporté ses rêves et ses illusions.