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Laurent Lokoli : 8 choses à savoir sur le jeune Français qui veut embraser Roland-Garros

Cédric Rouquette

Mis à jour 27/05/2014 à 18:14 GMT+2

Il est le joueur le moins bien classé du tableau (406e). Il n’a pas frappé une seule balle dans le grand tableau. Mais son parcours en qualification et ses pas de danse sur le central font déjà de Laurent Lokoli la curiosité de ce début de Roland-Garros.

Laurent Lokoli à Roland-Garros

Crédit: AFP

1. Il est Corse

"C’est mon île, ma fierté." Façonné par les entraîneurs de la Ligue de Corse, comblés de ne pas l’avoir vu choisir le football, Laurent Lokoli, dix-neuf ans, a connu le parcours classique des jeunes potentiels nationaux. D’abord exilé vers le pôle Espoirs de Boulouris à 14 ans (d’où il a beaucoup pleuré au téléphone, déraciné) puis vers l’INSEP à 17, il connaît bien Roland-Garros puisqu’il s’y entraîne à l’année. Reste que Lokoli vient de l’Ile de Beauté. Il y tient et il retire beaucoup de fierté personnelle de représenter la Corse à Roland-Garros. Son clan espère le voir programmé sur le court numéro 7. "Notre court fétiche, dit le patron de la Ligue de Corse, Bernard Giudicelli. Celui où nous avions posé avec Marion Bartoli et le drapeau à la tête de Maure un jour où elle y avait battu Petkovic."

2. Pour lui, c’est le printemps des qualifs

Dans l’une de ses nombreuses interview organisées lundi, Lokoli a prétendu ne jamais rien avoir gagné. "Ah si, champion de France des 15-16 ans", a-t-il fini par se corriger. C’était en 2011 ( NDLR : Il a aussi remporté l'Orange Bowl, tournoi de référence chez les jeunes, en 2010). Les données de l’ATP trouvent trace d’une victoire dans un Future en Autriche en 2013, et le président de la Ligue de Corse ajoute un titre de champion de Corse "qui l’a forgé, parce notre système fait que notre championnat est en quelque sorte un Masters, c’est très important pour nos gamins." Mais en ce mois de mai 2014, Laurent Lokoli fait son trou au coeur du classement ATP grâce à des campagne de qualifications sans bavure : avant Roland, il y avait eu les challengers d’Aix et de Bordeaux, soit au total neuf victoires en qualifs dans les tournois les plus importants de sa jeune carrière. Pas mal pour un garçon qui avait gagné dix matches en treize Futures en début de saison.

3. Sur un court, il agresse l’autre

Lokoli a un côté tout ou rien, lié à personnalité, qui transpire aussi dans son jeu. "J’aime provoquer les choses. Je n’aime pas trop attendre, même si je peux avoir des qualités de défenseur, assure-t-il. Mon truc, c’est de lâcher des gros coups, frapper fort avec mon coup droit, monter au filet. Je peux intégrer des services-volées. En fait, j’attaque dès que c’est possible." La "corsitude" de son jeu se situe dans le service. "Ce coup est un axe fort de la politique de formation de la Ligue de Corse, affirme Bernard Giudicelli. On revendique de former de bons serveurs."

4. Fou et fier de l’être…

L’image a pu faire grincer quelques dents, mais Lokoli est désormais plus célèbre pour avoir défié Gaël Monfils pour une battle de danse sur le central, samedi, lors du Kids day, que pour avoir sorti Grigelis, Donskoy (95e mondial) et Krajinovic en qualifications. Autrement dit : le joueur le moins bien classé du tableau (406e), qui n’a encore jamais tapé une balle en Grand Chelem, croit assez en lui pour parader au milieu des stars avant le rendez-vous le plus important de sa jeune carrière. Ne soyez pas étonnés : c’est normal. C’est le personnage. "Je n'ai fait qu'allumer une mèche, sourit-il. Il faut qu'elle continue à brûler et que le pétard explose. Tout est naturel, j’assume mon statut de showman. On m'a donné un surnom sur les réseaux, ai-je vu : El loco. Le fou. J’apprécie, ça m’a fait sourire, j’apprécie cette image."

5. …mais bien conscient des réalités de la vie

Belle gueule, sourire charmeur, showman assumé et discours pétillant : Lokoli n’a pourtant rien à voir avec un joueur tombé du ciel par la seule grâce de son talent. Il en a bavé et il est prêt à en découdre avec la douleur pour accentuer sa progression. "J’ai eu des drames dans ma famille et cela a forgé mon caractère, dit-il avec pudeur. Je suis passé dans le monde des adultes plus tôt qu’un ado normal. J’avance avec, dans mon coeur, le souvenir des personnes que j’ai perdues. J’ai appris à être très fort dans ma tête. Mes parents m’ont enseigné très tôt qu’il fallait travailler pour mériter les choses. Je sais que la vie est très difficile. Je veux en profiter et travailler pour exploiter mon potentiel. Je pense être quelqu’un d’intelligent et de simple"

6. Il adore Federer mais est parrainé par Djokovic

Son idole, son modèle, c’est Roger Federer. Il aurait donné cher pour l’affronter au premier tour à Roland-Garros. Mais le sort l’a orienté vers Steve Johnson, potentiellement Almagro (tête de série N.21) au deuxième tour et un parcours qui se poursuivrait comme dans un rêve l’enverrait vers Nadal en huitième de finale. Pas de Federer donc. Mais le champion qui a posé son empreinte sur l’apprentissage de Lokoli, c’est Novak Djokovic, avec qui il avait partagé quatre jours d’entraînement à Calvi quelques jours après Wimbledon en juillet dernier. "Il m’a donné des conseils que je garde pour moi et que j’applique." Bernard Giudicelli se souvient de la scène : "Il était à la plage avec ses copains quand je lui ai dit que Djoko cherchait un sparring et que je lui proposais d’être celui-ci. Il m’a dit : ‘Tu déconnes?’, j’ai répondu : ‘Non, et si tu veux y aller, c’est tout de suite : ça commence demain.’ Il venait d’avoir son permis. Il a fait la route et il est arrivé le soir même." Quatre soirs, entre 17h30 et 19h00, Lokoli a frappé la balle avec celui qui était encore numéro un mondial, devant 600 paires d’yeux à peine moins médusées que les siens sur les courts en greenset où se rassemblent chaque année les meilleurs joueurs corses. Dans la baie de Calvi, face à la Citadelle, au pied de la dune, une certaine idée du paradis.
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Novak Djokovic et Laurent Lokoli 2013

Crédit: Twitter

7. Il se reconnaît en Monfils

Les deux joueurs ne se connaissaient pas. "On avait dû se parler une ou deux fois à la salle de muscu." Mais Monfils fera pour toujours partie du décor quand on se souviendra des circonstances dans lesquelles Lokoli s’est révélé. "Quand il y a des danseurs qui se croisent dans le vestiaire, un petit feeling se crée, et il est vite question de savoir qui est le meilleur, s’amuse Lokoli pour retracer l’historique du Kids day de samedi. J’aime beaucoup la personnalité de Gaël, il est super attachant. Sur le terrain, c’est un monstre. Il a physique de titans et tous les coups du tennis. Quand j’étais petit, il faisait déjà le show et j’étais devant la télé. J’avais envie d’être à sa place et de faire le show moi aussi." C’est pour bientôt.

8. Il est très ambitieux

"Laurent veut devenir un champion de tennis, comment on fait?" C’est par cette question que les parents du petit Laurent se sont adressés au président de la Ligue corse, il y a une demi-douzaine d’années. "Champion" et pas "joueur pro" : notez la nuance, qui figure aussi dans le discours de l’intéressé.
"Quand il a fallu choisir entre foot et tennis, j’ai pris tennis parce que je voyais Nadal, Federer, Agassi à la télé et je me suis dit qu’un jour, je voulais être comme eux." Trente-huit titres en Grand Chelem vous contemplent en une citation. "J’ai des objectifs très élevés, mais je les garde pour moi." Plus tôt, il avait affirmé vouloir être "l’un des meilleurs joueurs du monde". L’aventure va se poursuivre aux yeux de tous, mardi.
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