Roland-Garros 2014 : Monfils-Fognini, le match où tout peut arriver

Ceux qui avaient assisté à cette rencontre il y a quatre ans n’ont pas pu l’oublier. Au 2e tour de Roland-Garros 2010, l’affiche Monfils-Fognini s’annonçait à sens unique : le Français, alors 15e mondial, restait sur une demi-finale à Paris en 2008 et un quart l’année d’après : l’Italien, 92e à l'ATP, n’avait remporté que six matches sur vingt depuis le début de l'année. Mais alors qu’il menait tranquillement deux sets à rien, puis d’un et deux breaks dans les deux manches suivantes, Monfils a finalement perdu cette partie. Une partie au scénario incroyable, jouée sur deux jours, interrompue en fin de cinquième set alors que l’Italien menait 4-0, et ponctuée 9-7 le lendemain.

Porté par un public en ébullition, et malgré quelques crampes, Gaël Monfils est parvenu à recoller à cinq jeux partout dans l’ultime manche avant la nuit. L’Italien avait déjà une réputation de joueur nonchalant, voire de comédien sur le court, et cela ne s’est pas arrangé après ce match. Sentant la fatigue et le match lui échapper, Fognini a tout fait pour que l’arbitre stoppe la partie à 4-4 dans le cinquième set, après s’être pourtant mis d’accord avec le Français pour jouer encore deux jeux de service. Il manquera trois occasions de tuer la rencontre avant l’interruption, mais sera le plus costaud le lendemain pour achever le Français, incapable de convertir ses balles de break.

Depuis ce match rocambolesque, les deux joueurs se sont croisés de nouveau à trois reprises. Leurs retrouvailles ont eu lieu à Nice, trois ans plus tard, dans un match remporté cette fois par le Français, mais qui a marqué les esprits en raison d’un accrochage entre les deux joueurs. L’objet du litige : une balle mise dans le couloir par Fognini assez nettement, mais pas suffisamment pour l’Italien, qui a demandé à l’arbitre de chaise de vérifier la marque. Cela n’a pas plu à un Monfils énervé qui le lui a fait savoir, de manière assez virulente, du genre "Elle est faute ta balle, c’est quoi ton problème ? ".

Depuis, l’incident est clos et le Tricolore assure ne pas avoir son adversaire dans le collimateur, même si ce dernier l’a battu lors de leurs deux dernières confrontations à Umag l’an passé et Indian Wells cette saison. "Moi, il ne m’énerve pas forcément, explique Monfils. Je trouve son côté râleur assez marrant. Bon, un peu énervant quand même… On va dire que c’est un énervement marrant. Avec Fabio, on se connaît depuis tout petit, il est comme ça depuis toujours. Il a bon caractère, mais c’est un guerrier. Il a beau parler, faire semblant de nous entuber, de s’énerver, c’est un bon ratasse." Comprendre : un joueur qui donne peu de points…

Le Français n’a pas tort : depuis leur rencontre en 2010, l’Italien a bien évolué. Depuis un an et demi, il fait partie intégrante du Top 40 mondial et s’est hissé à la treizième place mondiale au mois d’avril cette saison, son meilleur classement pour l’instant. Ses faits d’armes ? Une demi-finale à Monte-Carlo, l’an passé, et deux victoires coup sur coup sur terre battue quelques mois plus tard, à Stuttgart et à Hambourg. Cette saison, il a confirmé son goût prononcé pour la surface ocre en remportant le tournoi de Vina del Mar, puis en jouant deux finales à Bueno Aires et à Munich. Et en Grand Chelem, mis à part un quart de finale à Paris il y a trois ans, il a signé un huitième de finale à Melbourne début 2014.

Pour Monfils, c’est différent. Encore quinzième mondial il y a tout juste deux ans, le Français a plongé à la 119e place du classement ATP au printemps 2013 à cause de blessures diverses. Il a tout de même réussi à revenir dans le Top 30 depuis le début de l’année pour signer le meilleur parcours français sur le circuit, avec un titre à Montpellier et une finale à Doha. Avant que sa cheville ne lui rappelle qu’il est toujours un joueur fragile. Mais pas le dernier pour assurer le spectacle… quitte à tenter des choses impossibles sur le court.

"Jouer contre Gaël est toujours difficile, surtout ici à Paris, parce qu'il joue toujours bien, assure un Fognini loin d’être polémique sur ce coup-là. Entre nous, ce sont toujours de gros combats. J'essaierai évidemment de gagner, c'est pour ça que je suis venu." Faut-il s’attendre alors à un match aussi équilibré que fou ? Réponse : "Moi, je suis normal, en tout cas ! Je ne suis pas fou même si parfois, sur le terrain, je perds un peu la tête. Mais ce qui est sûr, c'est que ce ne sera pas ennuyeux !" Vraiment ?