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L'œil de Roland : Mladenovic, un après-midi de chien

Laurent Vergne

Mis à jour 06/06/2017 à 21:28 GMT+2

ROLAND-GARROS 2017 – C'est donc fini pour Kristina Mladenovic. Battue en deux sets par Timea Bacsinszky (6-4, 6-4), la Française n'a pas survécu à un après-midi particulièrement frustrant. A tous points de vue. La belle aventure s'achève en queue de poisson.

Le court Philippe-Chatrier sous la menace des orages.

Crédit: Getty Images

Aux Etats-Unis, un après-midi de chien (dog day afternoon) est une expression consacrée, désignant ces infernales et étouffantes journées de canicule propres au mois d'août, notamment sur la côte Est. D'un point de vue météorologique, difficile de faire plus éloigné que ce mardi parisien, froid et humide comme un jour de Toussaint.
Mais par la force du cinéma, celle d'un film, un après-midi de chien, c'est aussi l'image d'une journée où tout va mal. Un après-midi de chien, par association, est devenue un après-midi de merde. Le chef d'œuvre de Sidney Lumet, avec Al Pacino, raconte l'histoire d'un braquage qui dégénère. Où rien ne se passe comme prévu. Ou comme espéré, en tout cas. Dès le début, on a l'impression que ça va mal finir. C'est comme ça. Et ça finit mal. Les protagonistes ont beau chercher une issue à leur sombre destin, rien n'y fait.
Il y avait un peu de ça dans la journée de Kristina Mladenovic. Elle avait quelque chose de ce malheureux Sonny Wortzik. Elle aussi a vécu un après-midi de chien, par un temps du même type. Dans l'adversité, la Nordiste aura été magnifique jusqu'à ce quart de finale mais, mardi, on n'a jamais eu le sentiment qu'elle allait réussir à s'en sortir. Cette fois, elle n'a pu être plus forte que l'inéluctable.
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Kristina Mladenovic

Crédit: Getty Images

Pas d’excuses à trouver

Ses rêves de gloire ont donc été emportés par la pluie, le vent, le froid et Timea Bacsinszky. Les légitimes espoirs nés de sa folle et miraculeuse première semaine, et plus encore de sa victoire contre la tenante du titre Garbiñe Muguruza sont partis en fumée. Et cet après-midi a donc senti mauvais d'un bout à l'autre. Une rencontre jouée en trois parties, débutée devant un court Philippe-Chatrier à moitié vide et sous des rafales de vent tellement virulentes que le match était à la limite du jouable lors des premiers jeux (et Mladenovic, avec ses lentilles, a vraiment dû vivre un enfer quand les bourrasques soulevaient la terre battue), du froid, de la pluie et un rythme que la Française n'a jamais été en mesure de trouver.
Il n'y a pas d'excuses à trouver. Pour gagner un Grand Chelem, il faut être capable de surmonter toutes les galères et tous les aléas. S'adapter à tout, tout le temps. Peu importe votre forme du jour, vos sensations, la météo, etc. Timea Bacsinszky a su davantage s'accommoder de ces conditions pourries et de ce match tronqué. Le spectacle en a souffert, en témoigne les 64 fautes directes cumulées par les deux championnes. Plus de trois par jeux, quand même. Mais peu importe. Globalement plus solide et plus réaliste, Bacsinszky va vivre jeudi sa deuxième demi-finale de Roland-Garros. Pour la Suissesse, le rêve continue. Mladenovic, elle, devra attendre pour découvrir le dernier carré.

Un dernier cadeau

Le plus triste pour "Kiki", ce n'est pas tant la défaite que le scénario terriblement frustrant de cette journée. Elle avait probablement rêvé d'autre chose. Pour tout dire, j'ai surtout eu mal pour elle de voir un match d'une telle importance disputé devant un central rempli, au mieux, à 80%. Au début de la rencontre, il était même presque à moitié vide. C'est clairement inadmissible. Pour l'image du tournoi, c'est catastrophique. Pour Kristina Mladenovic, c'est triste. Une Française en quarts de finale de Roland-Garros, ce n'est pas si commun. Pour une joueuse, ce doit être une fête. Tout l'a gâchée mardi, à commencer par cette ambiance, ou plutôt cette non-ambiance.
Sale journée pour elle, sale journée pour le public, aussi, qui a frissonné mais pas comme il l'espérait, et a pris la rincée pour trois bouts de match. D'un seul match, puisque les quarts de finale messieurs prévus dans la foulée des deux quarts dames ont été reportés à mercredi. Quand Marc Maury et sa voix de stentor sont venus annoncer la mauvaise nouvelle au public du Chatrier (enfin, ce qu'il en restait) déjà chafouin, il a été bien reçu. Dans la foulée, il a annoncé que les billets du jour seraient intégralement remboursés, provoquant la plus belle ovation du jour. En perdant en moins de deux heures, Kiki leur a au moins accordé cet involontaire cadeau d'adieu.
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Le court Philippe-Chatrier est loin d'avoir fait le plein pour le quart de finale de Kristina Mladenovic.

Crédit: Getty Images

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