Goffin : "Mentalement, ça vide un match comme ça…"

David Goffin est un survivant de la première semaine. Mené deux sets à rien par Robin Haase au premier tour, le Belge est passé encore plus près de la sortie face à Gaël Monfils. S'il n'a pas eu à surmonter un handicap de deux sets, il a eu plus que chaud, en étant mené deux manches à une et break contre lui dans la quatrième, avant de sauver un peu plus tard quatre balles de match sur sa mise en jeu. Le tout dans une ambiance, sinon hostile, en tout cas bruyante et défavorable. Mais il s'en est tiré "en champion" comme l'a souligné Monfils lui-même.

Sa faculté à gérer ce contexte particulier n'est toutefois pas une surprise. Lors de la finale de Coupe Davis, à Lille, il s'en était très bien accommodé. Mais le spécimen Monfils ajoute une difficulté supplémentaire. "C'est sûr que ce n'était pas simple. J'essayais de rester dans ma bulle, concentré sur ce que j'avais à faire, a expliqué le Liégeois. Gaël demandait l'aide du public très souvent, ce n'était pas simple. Quand on sert et qu'il y a des cris, ce n'est pas gai, mais il y avait une grosse ambiance, c'était plein, ça reste quand même chouette de jouer dans des endroits comme ça, dans des stades qui sont remplis."

Ce qui est moins chouette, quand on a des ambitions, c'est de se retrouver à sauver quatre balles de match en l'espace de cinq minutes. Mais là encore, Goffin a trouvé le trou de souris pour passer. "J'étais axé sur ce que je devais faire, dit le numéro 9 mondial. Il fallait que je contrôle la balle et que je sois agressif. Si je lui donnais une occasion, je savais qu'il la prendrait. Heureusement, j'ai passé beaucoup de premières et puis je l'ai fait courir, à gauche, à droite. Il a manqué une seule réelle occasion." Sur un coup droit resté dans la bande. Reste que Goffin a fait preuve d'un sacré sang-froid dans ce moment décisif.

Il l'a dit après son match, c'est sans doute une de ses plus belles victoires en Grand Chelem. Cinq sets, quatre heures, deux jours, quatre balles de match, du stress, un zeste de tension entre les deux hommes (que l'un comme l'autre ont d'ailleurs minimisé après coup), il y a effectivement de quoi nourrir quelques souvenirs. "C'est une victoire qui signifie vraiment pas mal de choses, confirme le Belge. Jouer Gaël à domicile face à un public à 100 % contre soi, dans une ambiance comme cela, où il y a tout, nerveusement c'est dur, physiquement c'est dur, une interruption... Il y a tout eu dans ce match, et gagner un match comme ça signifie vraiment beaucoup de choses."

Mais David Goffin sait qu'il va devoir rapidement mettre toutes ces choses de côté pour passer… à autre chose, à savoir la suite de son tournoi. Et elle va venir très vite. Après avoir joué plus d'une heure et demie vendredi soir et près de deux heures et demie samedi, il sera de retour sur le court dès dimanche pour affronter Marco Cecchinato, à nouveau sur le Lenglen. "J'espère vraiment arriver frais mentalement demain, à 110 %, pas trop fatigué, poursuit-il. Je sais que physiquement tout va bien, c'est sûr, je suis confiant à ce niveau-là, il faudra que la tête ait bien récupéré. Mentalement, ça vide un match comme ça."

Evidemment, on pourrait se dire que son tableau peut lui filer un coup de main. Cecchinato, 25 ans, n'avait encore jamais gagné un match en Grand Chelem avant ce Roland-Garros 2018 et il ne s'était d'ailleurs aligné que quatre fois dans un grand tableau ! Mais c'est un joueur en pleine progression et en pleine confiance. Son titre surprise à Budapest l'a lancé et, au cours de ce printemps terrien, il a battu des joueurs comme Dzumhur, Cuevas, Garcia-Lopez ou Fognini, avant de dominer Pablo Carreno-Busta ici à Roland-Garros. Et il aura l'avantage d'une fraicheur supérieure.

"Je sais que j'ai les armes pour l'ennuyer mais je sais qu'il n'aura rien à perdre et qu'il va lâcher tous ses coups", prévient David Goffin, qui a dominé le Sicilien pas plus tard qu'à Rome. Il s'était imposé, mais avait tout de même eu besoin de trois sets. "J'avais eu un problème au premier set mais j'avais trouvé la solution", dit-il. Il sait aussi qu'il a sans doute les clés de ce huitième de finale. "Je récupère assez vite, le plus important pour moi est de bien dormir. Si j'arrive à faire ça et que je peux être à 100%, j'ai de bonnes chances de gagner dimanche." Le parcours du combattant-survivant continue...