Nadal : "Je ne pensais pas qu'il serait agressif à ce point..."

Rafael Nadal a passé le premier tour en trois sets. Voilà pour la banalité d'usage. Pour le reste, ce fut tout sauf une partie de plaisir. A cheval sur deux jours, il aura fallu trois heures (moins trois minutes) au numéro un mondial pour se défaite d'un épatant Simone Bolelli. La dernière manche, à elle seule, s'est étalée sur près d'une heure demie. Un set magnifique, probablement le premier moment fort de cette quinzaine.

Pour être franc, on ne s'attendait pas à une telle opposition. Nadal non plus, sans doute. "Est-ce que j'ai été surpris par son niveau de jeu ? Hier (lundi), un petit peu, mais aujourd'hui, plus du tout...", a souri l'homme à la decima. "Il a perdu 6-2, 6-0 en qualifications, je ne sais pas trop comment c'est possible", s'est-il interrogé, avant de recevoir le pourquoi du comment : Bolelli était malade lors de son dernier tour en qualifs contre Santiago Giraldo. "Ah, O.K., parce que c'était difficile à comprendre vu comment il a joué contre moi", a répliqué le Majorquin, presque rassuré.

En réalité, Simone Bolelli a fait tout le jeu dans ce match. Il en a payé le prix, avec ses 58 fautes directes, mais a tout de même distribué 44 coups gagnants. "C'était vraiment un match très difficile, concède le tenant du titre. Simone a très bien joué, il a été très agressif. Je ne pensais pas qu'il serait agressif à ce point. Il a pris beaucoup de risques mais il a eu du succès dans ses prises de risques."

L'Italien possède ce grand revers à hauteur d'épaule presque indispensable pour contrer le coup droit de Nadal sur terre. Et il l'a formidablement utilisé. Du coup, Nadal a subi la plupart du temps. Il le sait, il le savait sur le court, mais il a eu un mal de chien à prendre la main sur l'échange. "Il aurait fallu que je sois plus agressif, a-t-il admis, mais c'est toujours difficile de jouer contre quelqu'un qui frappe chaque balle très fort. Surtout au premier tour, où on manque un peu de rythme. Là, j'ai eu du mal à trouver le mien à 100%."

Ce troisième set, Rafael Nadal l'a chapardé on ne sait trop comment. Mené 3-0 lors de l'interruption lundi soir, il a surgi de sa boîte pour recoller dès la reprise mardi après-midi. Mais il n'était pas au bout de ses peines, à l'image de ces quatre balles de set qu'il a dû sauver dans le jeu décisif. "Là, il faut juste essayer de gagner le point qui arrive, il n'y a rien d'autre à faire", souffle-t-il. C'est peut-être là, à partir du moment où il a été mené 6-3 dans le tie-break, que Nadal a produit son meilleur tennis du jour, à l'image de ce passing de coup droit long de ligne hors normes. Le signe, quand même, d'une certaine sérénité.

Par ailleurs, si Bolelli a offert une opposition plus féroce qu'attendue, le Bolognais a quand même perdu en trois sets, même en jouant le tennis de sa vie. Et même s'il avait perdu ce troisième set, il n'y aurait pas eu le feu au lac espagnol. "Dans le tie-break, je me disais que même si je le perdais, il faudrait encore que mon adversaire joue très bien pendant très longtemps pour gagner ce match, a-t-il relativisé. Je n'aurais pas été éliminé ! J'aurais encore mené deux sets à un, le match aurait continué, voilà tout..."

S'il se dit "content que ce match soit derrière lui (moi)", Nadal est peut-être au fond satisfait d'avoir dû combattre d'entrée de jeu. Au moins a-t-il été mis directement au parfum. Son prochain adversaire, l'Argentin Guido Pella, pourrait payer l'addition des "quelques petites choses" que Rafa veut "régler". "Il va falloir que je sois agressif tout le temps, et pas seulement sur les points importants", a-t-il prévenu.